jeudi 14 mai 2009

Nous sommes tous-tes des fers à béton



paru le mercredi 13 mai 2009 (19h21) sur Bellaciao





Lundi 11 mai, 6 mois après les arrestations du 11 novembre, une manifestation a eu lieu à Limoges.
Le défilé nocturne s’est terminé par un feu d’artifice lancé devant la maison d’arrêt de Limoges.


Le texte qui suit est un communiqué du comité de soutien de Limoges.

« Nous sommes tous des fers à béton » annonçait la banderole de tête. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. De ce mot d’ordre insupportable : le train train quotidien ne doit pas dérailler. Circulez, y’a rien à voir ! Et bien, si ! Il y en a des choses à voir. D’abord ce sont neuf personnes qui depuis le 11 novembre dernier, subisse le courroux d’un État dépassé, impuissant, incapable. Répression en trompe-l’oeil, leurs inculpations ressemble à une farce, une mauvaise farce, une farce tragique.

Alors quoi ? À l’heure où les militaires peuplent les gares, les flics interviennent dans les écoles, on regarde indifférent la militarisation de l’espace public qui s’opère ? On laisse impunément ce gouvernement employer des dispositions antiterroristes pour museler des militants ? On se laisse berner par leurs discours tapageurs et populistes ? On écoute le décompte des étrangers qu’on arrête sans cesse, qu’on enferme et qu’on baluchonne hors des frontières ?

Et si, dans ce monde qui tourne à l’envers, où l’on donne aux riches ce que l’on prend aux pauvres, et si, quelque part, en aidant un sans papier, un gréviste, nous suspendions l’ordre des choses ? En devenant le fer à béton qui sabote l’ambiance infecte qui règne, ce grain de sable qui peut enrayer la machine à broyer les hommes, ce bug qui rendrait tant de choses possibles. Et aussi, en manifestant bruyamment notre dégoût de ce pouvoir infâme. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Quand nous voulons créer des façons de vivre plus acceptable, eux prennent peur et nous accablent. Et pour l’exemple, c’est une jeunesse, non pas comme génération, mais comme élan, comme dynamique, qu’on enferme. Circulez, y’a rien à voir !

C’est donc de saboter le train-train quotidien qu’il s’agit. Ainsi le défilé de lundi soir a pris les allures d’un carnaval enthousiaste et joyeux, qui n’aurait pas oublié sa tradition de contestation. Un carnaval c’est fait pour vomir ceux qui nous gouvernent, ceux qui nous méprisent, ce qui noue tue. Un carnaval masqué aussi. Parce que rien ne justifie que la cagoule ne soit réservée qu’aux agents de la SDAT ou aux matons des ERIS dont la tâche consiste à tabasser des prisonniers. Un carnaval bruyant, parce que la colère qui monte, la rage qui nous habite aurait peine à se suffire d’indignations feutrées tant les injustices sont nombreuses.

Et tellement enthousiaste, et tellement joyeux qu’on s’époumone à chanter la solidarité ! Et il faut les voir ces visages souriants qui savent que c’est là une arme bien plus puissante et vivable que le chacun pour soi d’un monde dégénéré. Et ce lundi soir, sous l’orage d’un monde qui pue la matraque et la misère, c’était tout un cortège qui faisait face à la prison. Ultime défiance à l’égard d’un pouvoir libidineux, face à quelques estafettes de CRS, et dans la grande tradition révolutionnaire, un feu d’artifice fut lancé devant la prison. Une pyrotechnie populaire pour rappeler notre soutien à Julien, et à tous les prisonniers. Pour que cette fête soit aussi un peu la leur, et aussi parce que, mur par mur, pierre par pierre, il faudra bien détruire toutes leurs prisons.

Pas de trêve, pas de repos ! En refusant de déqualifier l’instruction en cours, en maintenant la détention de Julien, les juges s’entêtent à n’obéir qu’à des fantasmes nés d’esprits malades et putrides. Ce délire antiterroriste et sécuritaire doit cesser. Immédiatement.




Pour prolonger cette fête, le comité de Limoges organise un concert de soutien :
samedi 16 mai, Blanqui 3 à 21h.



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