Mardi 23 novembre, vers 1 h du matin, à Chartres-de-Bretagne. Un témoin appelle le 17. Il vient d’entendre une déflagration et constate un début d’incendie. Les faits se déroulent non loin d’une grande ferme abandonnée, à 300 mètres environ des premières habitations, sur un terrain coincé entre la route de Nantes, un bassin de décantation, la nouvelle piscine et un transformateur ERDF. On y accède par un petit chemin à sens unique.
Surveillé par le Renseignement intérieur
Quelques minutes après l’appel, une patrouille de gendarmerie se présente sur place. Elle tombe nez à nez avec un véhicule utilitaire. A l’intérieur, quatre personnes : deux hommes et deux femmes, tous âgés d'une trentaine d'années. L’un des hommes présente des traces de brûlure. Notamment aux cheveux. Selon le récit fait au Mensuel, le contrôle "ne se déroule pas très bien". Les gendarmes n'arrivent à récolter que des identités orales. L'un des hommes dit qu'il vient de Paris, un autre du Canada. Sur ces déclarations, les gendarmes laissent repartir le quator, après avoir relevé l’immatriculation de l’utilitaire.
Surprise, quelques heures plus tard. Selon nos informations, il apparaît que le propriétaire du fourgon fait l'objet d'une surveillance de la Direction centrale du renseignement-intérieur (DCRI), le contre-terrorisme français. L’individu est soupçonné d'appartenir à la mouvance, dite « autonome violente », dénommée aussi « ultra-gauche » dans les milieux judiciaires. Il serait susceptible "d'être dangereux".
Tentative d'attentat ? Entraînement ? Accident ?
A l’heure où nous écrivons ces lignes, ces informations n’ont pas été confirmées de source officielle. L’histoire semble cependant faire les choux gras du monde judiciaire depuis la semaine dernière. Elle a également été racontée dans un article du Télégramme publié ce samedi.
Que s’est-il passé ? Une tentative d’attentat ? Un entraînement au maniement d’explosif qui aurait dérapé ? Un simple accident ? Difficile d’y voir clair pour l’instant. Lundi dernier en tout cas, selon les constations faites par Le Mensuel, il ne restait aucune trace d’explosion sur le site, éloigné de toute cible potentielle. Juste quelques preuves d'un squat (bière, feu, allumettes, tags). Et encore, impossible de savoir si elles sont récentes.
Voiture piégée devant les Douanes en 2007
« L’ultra-gauche » a été pointée du doigt par le ministère de l’Intérieur lors de l’affaire de Tarnac en 2008 (sabotage de voies ferrées). Depuis, l’affaire très médiatisée a tourné au fiasco judiciaire. Il n’empêche. Les services de sécurité français semblent garder un œil sur ce milieu diffus. En particulier à Rennes, où la direction régionale des Douanes a fait l’objet d’une tentative d’attentat, attribuée à cette mouvance, le 8 novembre 2007.
Deux hommes de 20 et 23 ans et une femme de 21 ans, fréquentant les milieux d'extrême gauche, à Rennes, et jouant les agitateurs à la fac de Toulouse-Mirail durant les grèves contre le LRU, ont, depuis, été interpellés à Toulouse et mis en examen pour « fabrication et détention d'engins explosifs » par un juge rennais.