vendredi 26 février 2010

Tarnac: vers une annulation de toute la procédure






Interview de Benjamin Rosoux sur France3-Limousin (janvier 2010)

Par Christian BELINGARD

Les avocats dénoncent les procédés de la sous-direction antiterroriste dans la surveilance du groupe.

Le Canard Enchaîné, dans son édition de mercredi 20 janvier, a révélé que les policiers de la Sdat avaient filmé à partir du 15 août 2008 la cour intérieure et la porte d'entrée d'un immeuble dans lequel vivait Julien Coupat.






Tarnac : des oreilles traînaient illégalement







Un mois après le papier du Canard Enchaîné, un article de Karl Laske dans
Libération le jeudi 25 février 2010


Dans l’enquête sur les sabotages des lignes TGV, c’est une nouvelle zone d’ombre. L’ombre d’une manipulation, encore. Plusieurs écoutes téléphoniques visant les jeunes de Tarnac, en mars 2008, ont été dissimulées à la justice jusqu’à aujourd’hui. Les services de police n’ont pas tout dit, et cette opacité, nullement admise dans un dossier judiciaire, pourrait devenir l’un des arguments massue de la défense qui a adressé au juge une nouvelle demande d’actes, lundi (lire page suivante).

Comme le Canard enchaîné l’a signalé, un de ces dispositifs d’écoute a été involontairement dévoilé par un agent de France Télécom à un cogérant de l’épicerie de Tarnac (Corrèze) en avril 2008. L’agent avait été à l’époque sanctionné. Depuis, la direction de France Télécom se mure dans le silence. Et pour cause. Ces écoutes ont été effectuées en dehors du périmètre de l’information judiciaire ouverte après les sabotages des lignes TGV, en novembre 2008, et avant même l’ouverture de l’enquête préliminaire, le 11 avril 2008. «Outre le fait qu’elle conforte les présomptions sur le caractère orchestré, prémédité donc politique du dossier, l’existence d’écoutes clandestines antérieures à la procédure est sanctionnée de manière constante par la jurisprudence», analyse Me William Bourdon, avocat de la défense. Dans les années 90, des écoutes illicites avaient, par exemple, provoqué l’annulation intégrale du dossier «Schuller-Maréchal», visant le beau-père du juge Halphen.

«Branchement». Pour l’heure, seuls des témoignages confirment l’existence et la levée des écoutes de Tarnac. Retrouvé par Libération, Francis M., technicien, a suivi le dossier en qualité de délégué du personnel à France Télécom. «La ligne fonctionnait, mais l’écoute provoquait un affaiblissement des signaux et un problème de terminal de carte bancaire, explique-t-il. L’agent a coupé la dérivation et rétabli la ligne. Puis il a appelé le chef de département qui, lui-même, a averti le service national qui s’occupe des écoutes. Il l’a fait parce qu’il était entré avec le client dans le central. C’est ce qui lui a été reproché par la suite. On avait envoyé quelqu’un au carton sans qu’il sache de quoi il s’agissait.»

La machine de carte bancaire de l’épicerie était tombée en panne à la mi-mars 2008. Les télédéclarations de recettes à la banque ne passent plus. L’un des cogérants du magasin change d’appareil, en vain. Le 4 avril 2008 au matin, il teste la nouvelle machine avec l’agent France Télécom, puis il l’accompagne au local technique. «Dès qu’il s’est trouvé devant le tableau, il a dit : "Ah là, il y a un branchement, et c’est pas nous"», se rappelle l’épicier, questionné par Libération.Alors que sur chaque ligne des fils blancs et rouges sont connectés, les deux hommes constatent la présence «d’un fil bleu et d’un fil jaune» reliés en parallèle à un boîtier plastique. «C’est la police, alors ?» fait l’épicier. «Ça se pourrait bien», répond le technicien, qui appelle son supérieur. «Il parlait, en répétant certaines réponses de son chef, et il a dit : "Ah bon, il y a trois numéros sur écoute à Tarnac ?" Il a demandé s’il pouvait débrancher et il a dit à haute voix : "Je débranche, donc !"» L’appareil CB refonctionne.

«Des écoutes, on en pose tous les jours, poursuit le syndicaliste. Le pourquoi du comment, on ne le connaît pas. C’est un de mes collègues qui avait posé l’écoute. Il l’avait fait régulièrement via un ordre de travaux. Mais l’agent qui est intervenu n’avait pas l’historique. Plusieurs lignes étaient concernées. Et celle du magasin n’a pas été la seule à avoir été levée.» Pour l’agent, les ennuis sont rapides. «Dans l’heure qui a suivi, les consignes sont redescendues. Le directeur territorial a convoqué celui qui avait posé l’écoute, celui qui l’avait levée, et le chef de département. Patrick Coat, alors directeur régional, est parti à Paris le lendemain.» L’agent «fautif» écope d’une mise à pied et de quinze jours de suspension. De son côté, Patrick Coat aurait été convoqué au ministère de l’Intérieur.

L’écoute de Tarnac a transité par le service ad hoc de France Télécom, installé à Montrouge (Hauts-de-Seine), qui reçoit les demandes d’écoutes judiciaires ou administratives.

Les avocats du groupe de Tarnac ont demandé à l’opérateur «l’historique des interventions techniques sur les lignes» de l’épicerie pour l’année 2008. Il leur a été répondu que les «données 2008» n’étaient «plus consultables» pour ce numéro. Les avocats ont saisi le 2 février la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada). Ils doivent interroger cette semaine la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), qui veille à la régularité des écoutes dites administratives réalisées par le Groupement interministériel de contrôle (GIC), à la demande des services spéciaux.

Manœuvre. L’interruption des écoutes de Tarnac, le 4 avril 2008, provoque l’ouverture précipitée d’une enquête préliminaire visant Julien Coupat et ses amis. Le 11 avril, la Sous-direction antiterroriste (Sdat) écrit au procureur de la République pour lui révéler l’existence d’une «structure clandestine» disposant «de plusieurs bases logistiques», notamment à Tarnac. Sans parler d’écoutes, la Sdat évoque des «informations» émanant de la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG). On peut en déduire que l’actuelle Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, fusion de la Direction de la sûreté du territoire et de la DCRG) a été à la manœuvre, comme l’a admis son directeur, Bernard Squarcini. «La DCRI surveillait ces individus depuis longtemps», avait-il précisé au Point en mars 2009.

En août 2008, quatre mois après la levée de ces écoutes secrètes, le numéro de l’épicerie de Tarnac fait l’objet d’une demande officielle d’interception de ligne. Autorisée par le juge des libertés, cette écoute sera prorogée trois fois, jusqu’en novembre 2008. Mais elle n’apportera aucune information sur les projets d’«actions violentes» prêtés au groupe de Tarnac.


mardi 23 février 2010

Manifs sauvages : de l’art de réveiller les rues (pour finir au poste)

Publié le 22/02/10 sur Article XI, par Lémi et JBB


Un peu David contre Goliath. D’un côté, quelques dizaines de manifestants armés d’une banderole et parcourant les rues en criant quelques slogans ; de l’autre, des cohortes de flics - civils et uniformes - lancées à leurs trousses. Perdu d’avance ? Pas sûr, tant ces manifs sauvages ont tout d’une grande goulée d’air frais. Retour sur deux de ces balades et sur ce qui les guide.



Face au monde tel qu’il tourne (mal), tu pourrais avoir envie de baisser les bras. Compter les forces en présence, les leurs - écrasantes - et les nôtres - rachitiques. Énumérer leurs victoires et nos défaites, mesures politiques comme autant de reculs, petite police et contrôle permanent pour paralyser nos vies. Scruter l’époque et n’y voir que noirceur et bassesse, soleil en berne, sensation que l’avenir t’échappe et que le monde par eux modelé est désormais horizon indépassable. Chercher tes alliés, et ne trouver partout que petits intérêts politiciens, médiocrités syndicales, ridicules égoïsmes et pathétiques ambitions, bourbier en lequel les forces institutionnelles dites de gauche voudraient enterrer ton envie de crier, contester, maudire.

Bref, tu pourrais lâcher l’affaire. Penser que tout est vain, il y a longtemps qu’ils ont gagné. Que rien ne sert de bouger, ils ont aussi fait main basse sur la contestation : partis et syndicats officiels à la rue au lieu de la prendre, voix silencieuses sans même avoir été étouffées. Qu’il vaut encore mieux cultiver ton jardin, te retirer en ton chez-toi et leur laisser la fange.
Tu pourrais… Sauf que le monde ne leur appartient pas. Les rues sont à toi, il suffit de les prendre. La politique - au sens noble - ne leur appartient pas ; l’espace public est à toi, les idées et les belles ambitions itou. Ce territoire est autant à toi - si ce n’est plus - qu’aux petits politiciens risibles, matraqueurs assermentés, uniformes agréés, officiels de la contestation au petit pied et autres souffleurs du clairon de l’identité et du néolibéralisme borné. Monde, politique et territoire sont à toi, et il est temps de le clamer. Si possible en te montrant plus malin qu’eux.

Rien de neuf en ce constat. Mais ils ne sont pas si nombreux, ceux et celles qui cherchent les failles, surprennent celui qu’il faut qualifier d’ennemi et reprennent l’initiative. Ils ne sont pas si nombreux, mais ils sont là et te montrent la voie. C’est réjouissant. Et quoi : en ce morose début de décennie, il n’est pas tant d’occasions de ne pas se sentir perdre, non ?


Du principe de la balade sauvage, et de ses motifs



Depuis quelques semaines, elles bourgeonnent tranquillement. Une dizaine de "balades sauvages" se sont déjà tenues à Paris, réunissant de 20 à 80 participants, conviés par bouche-à-oreille et désireux de trouver une autre manière de clamer leurs honte et indignation face au traitement réservé aux réfugiés. Un lieu de rendez-vous dans les quartiers populaires. Une banderole. Des tracts. Des affiches. Un parcours erratique, dicté par les envies des participants et les réactions de la police. Une grande mobilité, une belle souplesse. Et une dispersion rapide, jusqu’au prochain rendez-vous.
Par d’organisation officielle, donc. Ni d’autorisation à quémander, de palabres avec la préfecture, de flics au départ de la manif (enfin, normalement…), de saucisses CGT, d’interminable cortège CFDT ou d’itinéraire imposé. Non encadrée, une manifestation redevient ce qu’elle devrait toujours être : un bras d’honneur. Un joli crachat, qu’importe le faible nombre de participants ou la maigre portée de l’événement.

Ce principe, tu peux l’appliquer à n’importe quelle (noble) revendication. Mais c’est le sort fait aux réfugiés qui a constitué le trame de celles s’étant déroulées à Paris ces dernières semaines. Parce qu’il n’est guère de combat plus juste. Que c’est là un très actif terrain de lutte souterraine, avec une belle campagne de sabotage menée contre les distributeurs des banques collaborant avec la machine à expulser [1]. Que le procès des "dix de Vincennes" vient de se terminer et qu’il a fourni une (énième) illustration de l’indécence d’une politique écrasant les faibles, au mépris de toute justice [2]. Que l’atmosphère se fait tendue autour des soutiens inorganisés (mais très actifs) aux réfugiés, certains militants ayant récemment "bénéficié" des fort peu délicates attentions de l’anti-terrorisme [3]. Et parce que c’est marre.

Un texte publié sur Indymédia-Nantes résume fort bien la question :
Nous ne goberons pas leurs fantasmes sur d’imaginaires « ultra-gauche » et « anarcho-autonomes » en énième ennemi intérieur, nous n’avalerons pas leurs salades sur ces dix sans-papiers de Vincennes condamnés d’avance, bouc-émissaires d’une révolte collective. L’aspiration à la liberté dans un monde débarrassé de toute domination sera toujours bien plus vaste que leurs cerveaux étroits de flics ne peuvent l’imaginer.
Détruisons ce qui nous détruit.
Liberté pour tous, avec ou sans papiers.



D’une manif sauvage l’autre : balade, puis interpellation


Mardi dernier, métro Château-Rouge, 18 h. Exceptionnellement, le rendez-vous avait été annoncé - appel à manifestation publié sur Indymedia - pour marquer le coup face à la vague d’arrestations tout juste conduite par l’anti-terrorisme. Sur place, 80 personnes patientant dans un climat tendu et une atmosphère méfiante. Les flics sont partout, des dizaines de fourgons garés dans les rues adjacentes, des civils disséminés aux alentours. Un déploiement de forces si impressionnant qu’il en deviendrait presque paralysant, l’impression de ne pas pouvoir bouger le petit doigt sans se faire sauter sur le râble dans la seconde par des centaines de cartes tricolores. Pression…
Mais voilà : une telle machine policière peut impressionner, elle se révèle surtout crétinement inadaptée. De bouche à oreille, discrètement, passe la consigne : quitter les lieux l’air de rien, par petits groupes, prendre le métro et se retrouver un peu plus loin, à Strasbourg-Saint-Denis. Chose faite.
Nouvelle sortie de métro, restent une cinquantaine de personnes. Début de la véritable manif, déploiement d’une large banderole appelant à la destruction des centres de rétention et occupation de l’espace public. On enquille les rues, rapidement, cortège résolu et désormais joyeux. On gueule, slogans repris à tue-tête. Les lieux sont à nous, les uniformes - contraints de se réorganiser - à la ramasse. Cela ne durera pas : au bout d’un quart d’heure, ils sont sur nos traces, courant en nombre derrière nous. On trottine, on court aussi, on gueule encore un peu. Puis, on se disperse. Fin de la balade : les manifestants sont déjà à dix stations de métro que les matraques et boucliers arpentent encore les rues du quartier, à la recherche d’un "anarcho-autonome" à se mettre sous la dent.

Samedi, métro Place de Clichy. Rendez-vous secret, mais les civils sont quand même dans la place, surveillant du coin de l’œil notre rassemblement informel d’une cinquantaine de personnes. Qu’importe : hop, métro ! Le groupe se reconstitue à La Chapelle, mais n’a pas semé les civils. Tout en tractant et collant quelques affiches, banderole de sortie, on pense les perdre en enquillant quelques petites rues entre La Chapelle et Stalingrad.
Las, eux ont à cœur de prouver qu’ils ne sont pas si idiots qu’on croit… Cinq minutes de balade et un fourgon apparaît au bout de cette longue rue qu’on remonte, parfaite souricière, immeubles d’un côté, voies ferrées de l’autre. Quelques-uns passent en courant, tandis que les autres font demi-tour pour s’échapper de l’autre côté. Dix secondes, et puis : trois autres fourgons stoppent au fond de la rue, barrant toute issue. Joli piège.
Un dernier demi-tour. Au pas de course, une tentative pour l’honneur, quelques cris :
« Allez, on force ! On passe, on passe ! »
Et les flics en face, matraque dans une main, la gazeuse dans l’autre, brandissant les deux d’un air hargneux :
« Quoi, tu passes ? Vas-y, essaye, essaye ! »
Finalement : on ne passe pas… Des deux côtés, les CRS referment la souricière, nous rassemblent en un coin, eux tout autour. De vagues effarouchées, avant qu’on ne prenne acte de la défaite. Fouille, contrôle, transvasement dans les fourgons, traversée de Paris avec le gyrophare, re-fouille, re-contrôle, nos identités soigneusement notées sur de petits carnets. Deux heures d’attente dans le parking d’un commissariat du 11e arrondissement, puis : « Allez, cassez-vous ! » Notre groupe de 25 personnes retrouve la liberté, gardant le sentiment un brin amer de s’être fait avoir comme des bleus. Un partout, balle au centre.


La partie continue, partout et toujours



De telles "balades" ne changeront pas grand-chose. Même : ne changeront rien. Mais pour toi, pour nous, c’est important. Preuve qu’on ne baisse pas les bras. Et qu’il reste des modes d’action à utiliser, des voies à emprunter, des interstices où s’engouffrer. Rien n’est jamais perdu, il faut juste éviter les pièges trop évidents, les rues sans issue. La partie continue et tu devras en être. D’ailleurs, tu en es déjà.

Pour parfaite conclusion, cet extrait de TAZ, livre légendaire d’Hakim Bey :
Nous ne cherchons pas à vendre la Zone d’autonomie temporaire (TAZ) comme une fin exclusive en soi, qui remplacerait toutes les autres formes d’organisation, de tactiques et d’objectifs. Nous la recommandons parce qu’elle peut apporter une amélioration propre au soulèvement, sans nécessairement mener à la violence et au martyre. La TAZ est comme une insurrection sans engagement direct contre l’État, une opération de guérilla qui libère une zone (de terrain, de temps, d’imagination) puis se dissout, avant que l’État ne l’écrase, pour se reformer ailleurs dans le temps ou l’espace. Puisque l’État est davantage concerné par la Simulation que par la substance, la TAZ peut « occuper » ces zones clandestinement et poursuivre en paix relative ses objectifs festifs pendant quelque temps. Certaines petites TAZs ont peut-être duré des vies entières, parce qu’elles passaient inaperçues, comme les enclaves rurales Hillbillies au Sud des États-Unis - parce qu’elles n’ont jamais croisé le champ du Spectacle, qu’elles ne se sont jamais risquées hors de cette vie réelle qui reste invisible aux agents de la Simulation.
Babylone prend ses abstractions pour des réalités ; la TAZ peut précisément exister dans cette marge d’erreur. Initier une TAZ peut impliquer des stratégies de violence et de défense, mais sa plus grande force réside dans son invisibilité - l’État ne peut pas la reconnaître parce que l’Histoire n’en a pas de définition. Dès que la TAZ est nommée (représentée, médiatisée), elle doit disparaître, elle va disparaître, laissant derrière elle une coquille vide, pour resurgir ailleurs, à nouveau invisible puisqu’indéfinissable dans les termes du Spectacle. A l’heure de l’État omniprésent, tout-puissant et en même temps lézardé de fissures et de vides, la TAZ est une tactique parfaite. Et parce qu’elle est un microcosme de ce « rêve anarchiste » d’une culture libre, elle est, selon moi, la meilleure tactique pour atteindre cet objectif, tout en faisant l’expérience de certains de ses bénéfices ici et maintenant.
(...)



Notes

[1] Une centaine de distributeurs de billets de banque ont été détruits en plusieurs mois, à la masse ou à la glue. Par ailleurs, tu trouveras ICI une chronologie des dernières actions menées contre la machine à expulser.
[2] Tu peux lire à ce sujet ce billet sur A11. Et tu ne manqueras surtout pas d’aller lire l’épatant compte-rendu du procès publié sur son blog par la camarade Antimollusques, laquelle a assisté à la totalité des audiences.
[3] Soupçonnées d’avoir participé aux actions de sabotage des distributeurs, une dizaine de personnes ont été perquisitionnées, placées en garde-à-vue et longuement interrogées ; quatre d’entre elles ont finalement été inculpées et placées sous contrôle policier. Sur l’inanité de ces perquisitions-interpellations, il faut lire le billet de L’Escalier qui bibliothèque et celui de Rebellyon(qui revient) sur l’activisme récemment déployé par les guignols de l’anti-terrorisme.

+(note uhd - à propos, voir aussi
Contrebraques tout ! , l'ultra colle de "l'ultra gauche", ...c'est comme DAB sur nos pages)






RETROUVEZ CET ARTICLE DANS SON INTÉGRALITÉ SUR ARTICLE XI





samedi 20 février 2010

Eric Hazan : "Mes livres sont des armes"






Interview D' E.Hazan par J.M Colard, J.M Durand et Nelly Kaprielian
paru sur www.lesinrocks.com le 15 février 2010.



Editeur insurgé, Eric Hazan dégaine une douzaine de livres par an comme autant de boulets rouges contre le monde capitaliste. L’insurrection qui vient, attribué à Julien Coupat et au Comité invisible, reste son plus beau coup.

Vent de polémique. Par articles interposés parus fin décembre dans Libération, l’éditeur Eric Hazan et le journaliste Laurent Joffrin ont posé, dans un échange aussi poli qu’incisif, les jalons du drame qui agite la gauche française : la division consommée entre son versant mou, tendance social-démocrate, et ses penchants plus radicaux, voire subversifs.

Contre “le maintien de l’ordre établi” auquel Joffrin et ses amis d’une gauche “moribonde” travailleraient, Eric Hazan invite carrément à “l’insurrection”.

D’ailleurs, elle arrive déjà, pour reprendre le titre de l’ouvrage L’insurrection qui vient que Hazan a édité en 2007.

Ecrit par un mystérieux Comité invisible, l’essai a profité d’une caisse de résonance imprévue avec l’affaire Tarnac.

En mettant le livre au coeur de l’enquête, en prêtant à Julien Coupat la responsabilité partielle de son écriture, le pouvoir a lui-même pris au sérieux cette nouvelle littérature insurrectionnelle.

De sorte qu’à la querelle entre Joffrin et Hazan, vieille comme la gauche elle-même, ce brûlot, vendu à plus de 40000 exemplaires, a redonné une nouvelle vitalité.

Comment contester le monde aujourd’hui : en s’accommodant de ses fondements ou en les réinventant radicalement ?

Douze ans après la création de sa maison d’édition, La Fabrique, dont il protège farouchement l’indépendance, Eric Hazan a créé un espace à part dans l’édition en France : un lieu de résistance avec une économie modeste qui publie une douzaine de livres par an.

De Jacques Rancière à Alain Badiou, les auteurs de La Fabrique participent à l’élaboration d’une critique articulée du monde capitaliste contemporain et à l’invention d’une voie possible pour en sortir.

Dans le petit bureau du haut de Belleville à Paris, qui abrite ses livres et les deux personnes qui travaillent avec lui, Eric Hazan nous reçoit chaleureusement.

A 74 ans, il a des airs de combattant, l’oeil vif, le tutoiement direct, affirmant calmement que la guerre civile est en cours. Rencontre avec un éditeur insurgé.

ENTRETIEN > La querelle qui t’a opposé au directeur de la rédaction de Libération est-elle le symptôme d’une césure irrémédiable entre deux gauches ?

Eric Hazan – Plusieurs journalistes de Libération – Karl Laske, Pierre Marcelle, Edouard Launet – ne sont pas du tout sur la position de Laurent Joffrin, qui représente selon moi une gauche moribonde, tellement peu différente de la droite qu’elle a au fond peu de raisons d’exister.

Tu vas jusqu’à reprocher à Jospin…

Jospin ? Non, Joffrin ! Le lapsus est joli…

Pardon. Tu reproches à Joffrin de participer à l’ordre établi : l’attaque est forte.

Les valeurs dont il se réclame sont les mêmes que celles de la droite pour le maintien de l’ordre. Les libertés publiques, les droits de l’homme, la République, l’Etat de droit sont des oripeaux ; tout cela n’existe pas. Dans ce pays, le droit est constamment foulé aux pieds au nom de l’Etat de droit ; au nom de la République, on va faire voter une loi pour interdire le port du voile intégral. C’est absurde et scandaleux.

Pourquoi ?

Jacques Rancière a écrit un beau papier dans Libé sur les victimes : il explique que l’un des projets de loi prévoit d’infliger une amende aux femmes voilées tout en reconnaissant leur statut de victimes. Ce sont des victimes, punissons-les, c’est la logique de la loi. Une honte.

Assumes-tu dans son entier le texte du Comité invisible, L’insurrection qui vient ?

Complètement. J’ai même travaillé avec les auteurs. Comme ils l’ont écrit, je ne crois pas que l’on puisse amender le système avec des bouts de ficelle et des rustines. Je ne crois pas au postulat général selon lequel il n’y a pas de salut en dehors du capitalisme et qu’il suffit de le moraliser, de l’aménager. C’est impossible : tant que le capitalisme et l’économie de marché existeront, l’injustice et les inégalités croîtront. On essaie aujourd’hui de nous persuader que ce système a toujours existé et qu’il n’y a pas d’issue possible, à part le goulag. Mais le système capitaliste n’existe que depuis deux cents ans. On croit qu’il n’y a pas d’alternative théorique mais on parle de plus en plus du communisme ; j’ai été, je crois, l’un des premiers à essayer de redonner un sens à ce mot dans un livre publié en 2005 aux Prairies ordinaires, Faire mouvement. J’ai dit : je suis communiste, le communisme est la seule raison de s’intéresser à la politique. A l’époque, Mathieu Potte-Bonneville qui m’interrogeait en est resté interloqué J’ai envoyé le livre à Alain Badiou, que je ne connaissais pas, en le dédicaçant “A Alain Badiou, communiste”. Il m’a dit un jour que ça l’avait fait réfléchir. Cela a peut-être participé à sa propre réflexion sur l’hypothèse communiste.

Sur quoi repose la résurrection de l’idée communiste ?

Les gens sentent qu’il n’y a plus à choisir entre la droite et la gauche mais sur la façon de sortir du capitalisme. C’est la question clé. Si cela reste dans le domaine de l’idée, on va tourner en rond. Pour moi, réfléchir au communisme, ce n’est pas aller vers une organisation politique mais vers des réflexions pratiques.

Lesquelles ?

Comment abolir le salariat ? Par quoi le remplacer ? L’histoire de l’Union soviétique a montré que l’appropriation collective des moyens de production n’était pas le vrai communisme ; cela a débouché sur un désastre car on a gardé le salariat. Autre problème clé : comment sortir le travail de sa position centrale dans la vie sociale ? Comment faire pour que le travail ne soit plus un élément clé autour duquel tout s’organise ? Si on reste dans une problématique marxienne, si le travail reste central, alors on se situe sur le terrain de l’adversaire et on est forcément perdant.

La fin du travail ne reste-t-elle pas une idée purement théorique ?

Je ne prône pas forcément la fin du travail mais celle du travail salarié. On ne devrait plus considérer le travail comme la base de l’organisation sociale. Mais bien entendu, il faudra continuer à travailler.

T’intéresses-tu à l’écologie politique, qui réfléchit à la place du travail dans l’organisation sociale ?

Je ne sais pas ce que c’est. L’écologie me dérange. J’ai une réticence à la fois avec la notion et avec le mot. On va publier bientôt un nouveau livre de Badiou, L’Ecologie, nouvel opium du peuple. L’écologie est une nouvelle manière pour le pouvoir de faire passer tout ce qu’il veut.

N’est-ce pas pourtant l’une des seules idées fortes qui ait émergé dans la vie politique ces dix dernières années ?

Cela a peut-être amené des gens à réfléchir à la politique mais ce n’est pas une issue : la meilleure preuve, c’est ce qu’elle est métabolisée par le système. L’industrie écologique est la seule branche de l’industrie avec une croissance à deux chiffres. Le capitalisme est en train de digérer l’écologie. On voit bien le rôle politique d’Europe Ecologie, c’est une espèce de sous-PS censé récupérer les gens que le PS dégoûte un peu, comme Joffrin. Pour moi, l’écologie est de l’autre côté de la ligne de front de la guerre civile.

La guerre civile existe donc ?

Oui, elle existe. J’ai écrit en 2004 Chronique de la guerre civile. Puis Changement de propriétaire, la guerre civile continue au moment de l’élection de Pompidou…

Pas Pompidou, Sarkozy ! A ton tour de faire un lapsus intéressant…

Oui, Sarkozy ! Un partout. La guerre civile continue, elle se durcit même.

Comment as-tu travaillé avec le Comité invisible ?

J’en connaissais certains, ce sont des amis. Mais j’ignore combien ils étaient dans leur groupe.

Quel âge ont-ils ? Autour de 30 ans.

Comment protèges-tu leur anonymat ? Ont-ils un contrat ?

Il n’y a ni contrat ni droits d’auteur, ils n’en ont pas voulu. Ils ont revendiqué l’anonymat pour une raison éthique ; pas pour se protéger mais pour ne pas prendre la posture de l’auteur.

As-tu été surpris par le succès du livre, sorti sans promotion ?

Le livre marchait très bien avant même le déclenchement de l’affaire Tarnac. On en avait vendu 8000, c’est beaucoup pour un livre de La Fabrique. Mais la promotion faite par la ministre Alliot-Marie ou le procureur Marin a fait décoller les ventes : on a dépassé les 40000 exemplaires. Le texte parle de la guerre civile, de la création de “communes”, du détournement de primes accouchement comme acte révolutionnaire.

N’est-ce pas un peu court comme propositions ?

Il y a deux parties dans le texte : un état des lieux et une liste d’actions pour sortir de cet état. Cette seconde partie est plus complexe, c’est vrai. Plus qu’un nouveau mode d’organisation et d’action politique, il faut inventer un nouveau mode de vie.

C’est donc une utopie absolue ?

Le mot “utopie” ne me gêne pas quand on voit où le réalisme nous mène. Camille Desmoulins disait en 1793 : en 1789, nous n’étions pas dix républicains. La république était encore du domaine de l’utopie.

Entre le capitalisme sauvage et le goulag, la social-démocratie a quand même proposé une autre voie depuis cinquante ans ?

La social-démocratie propose mais elle ne fait pas. Selon moi, la trahison des promesses est consubstantielle à la social-démocratie. Promettre et ne pas tenir, c’est dans leur nature.

La gauche dominante et la droite, ce serait bonnet blanc, blanc bonnet ?

De l’autre côté de la ligne de front – Jospin, Joffrin, Sarkozy –, ils sont d’accord sur l’essentiel : la sauvegarde du capitalisme et du marché. Ils se disputent comme Guignol et le commissaire au théâtre de marionnettes. Si les socialistes étaient au pouvoir aujourd’hui, ils continueraient à virer des sans-papiers mais de façon moins ostentatoire, avec un peu moins de méchanceté. Souvenons-nous : les premiers charters, c’était sous Edith Cresson et la politique sécuritaire de Chevènement n’était pas très différente de celle d’aujourd’hui. Ce sont différentes façons de maquiller une même réalité.

L’affaire Tarnac aurait-elle été possible il y a dix ans ?

Non. Ce sont les lois Perben (“loi du 9 mars 2004 portant sur l’adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité” – ndlr) qui ont marqué un tournant, et les lois antiterroristes qui les ont suivies. On n’aurait jamais inculpé d’“association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste” un individu accusé d’avoir saboté un caténaire : il aurait été poursuivi pour dégradation de bien public.

Que penses-tu de la nouvelle catégorie d’ennemi intérieur ?

L’ennemi intérieur traditionnel – l’islamiste terroriste – est introuvable chez nous. Pour légitimer l’arsenal policier et législatif mis en place depuis que Sarkozy a accédé au ministère de l’Intérieur, l’Etat a construit cet ennemi intérieur. Au printemps 2008, j’ai écrit dans Politis un papier intitulé “Les habits neufs de l’ennemi intérieur” : des jeunes venaient de se faire arrêter avec un fumigène dans leur coffre. Quant aux écoutes des gens de Tarnac, elles étaient très antérieures à l’affaire du caténaire. On a cherché à fabriquer de toutes pièces un ennemi intérieur crédible. Le pouvoir a terriblement peur d’une explosion des banlieues, il met tout en place afin de pouvoir contrôler un éventuel soulèvement dans les heures qui suivent.

Les livres que tu écris et ceux que tu édites vont dans le même sens. Vois-tu ton travail d’éditeur comme un travail d’auteur, de penseur ?

Nous sélectionnons de plus en plus les livres que nous publions. Je dis “nous” car les décisions sont réellement collectives, prises par ceux qui éditent les livres, moi-même, Stella Magliani-Belkacem et Stéphane Passadeos qui travaillent avec moi, et le comité éditorial composé de huit personnes. La plupart de ces livres sont des armes. C’est cela qui les rassemble. Quand j’ai commencé il y a onze ans, c’était moins le cas, je n’y connaissais rien. Mais depuis quatre ou cinq ans, la cohérence, c’est l’offensive. Les derniers titres publiés, que ce soit le livre de Gideon Levy sur Gaza, Moments politiques de Jacques Rancière, L’insurrection qui vient ou le prochain livre d’André Schiffrin, L’Argent et les Mots, sont des livres d’attaque.

Comment es-tu passé de l’édition d’art à celle d’essais ?

J’étais plongé dans l’édition d’art parce que j’avais repris la maison paternelle, les éditions Hazan, mais cela me frustrait un peu, entre les livres sur Masaccio et Chardin. Au fond, j’ai été soulagé d’avoir été viré lorsque la maison a été rachetée par Hachette…

Cela a engendré chez toi une réflexion sur l’économie du livre ?

Oui. Si on veut rester indépendant – et l’indépendance est vraiment nécessaire pour le genre de livres que nous publions –, il ne faut avoir aucune dette. Aux éditions Hazan, on était chaque année davantage endettés. Les banquiers sont gentils jusqu’au moment où ils sortent la calculette et vous étranglent. Mon père disait : “Les banquiers vous prêtent un parapluie mais vous le reprennent dès qu’il pleut.” A La Fabrique, nous avons une politique de non-croissance. On est trois dans 40 mètres carrés mais on ne doit de l’argent à personne. La croissance, c’est un vertige. On est très sollicités en ce moment, on pourrait publier plus puis déménager, mais ce serait le début de la spirale infernale. On préfère s’en tenir à environ treize titres par an.

Ton modèle d’édition indépendante, ce serait les Editions de Minuit ?

Tout à fait, Jérôme Lindon a un parcours d’éditeur sans faute. Seize livres par an. Quand il a eu le Goncourt avec L’Amant de Duras, il a gagné beaucoup d’argent. D’autres auraient déménagé de la rue Bernard- Palissy et auraient augmenté leur débit, lui il a acheté une librairie. Je le connaissais et je l’aimais beaucoup, c’était un personnage magnifique.

Comment vois-tu l’édition aujourd’hui ?

Le fossé s’élargit de plus en plus entre les petites maisons indépendantes, au chiffre d’affaires quasiment négligeable, et les grandes maisons industrielles, Gallimard, Seuil, Albin Michel, Hachette, qui ont des actionnaires, des banquiers et un souci de rentabilité. Le premier problème des petites maisons, c’est de pouvoir continuer. Les maisons qui publient le même genre de livres que nous – Prairies ordinaires, Agone, Amsterdam, L’Echappée – s’en sortent plutôt bien.

Tu as d’autres projets avec le Comité invisible ?

On en parle. L’idée serait de répondre à tout ce qui s’est passé. Mais ils ont leur caractère et un fonctionnement collectif : ils font vraiment ce qu’ils veulent…

Comment va Julien Coupat ?

Cette affaire l’a renforcé dans ses positions. En prison, il était en béton. Le pire, ça a été le contrôle judiciaire : on ne peut pas se parler, se rencontrer, on doit rester dans un lieu où on ne vit pas forcément, sans moyen de subsistance… Récemment, les dix inculpés ont déclaré publiquement qu’ils ne se plieraient plus à ce contrôle : le système judiciaire-policier a reculé et la cour d’appel de la chambre d’accusation l’a allégé, au point qu’il n’en reste plus grand-chose.

Avec du recul, quel sens donnes-tu à cette affaire ?

L’Etat a fait un coup d’essai pour tester s’il était possible d’appliquer la législation antiterroriste à des Blancs. Jusque-là, elle n’était appliquée qu’à des barbus qui prêchaient dans des caves et dont tout le monde se fout. Ça a été une tentative d’intimidation pour montrer aux subversifs blancs qu’ils n’étaient pas non plus à l’abri d’une répression arbitraire.

/// http://www.lafabrique.frwww.lafabrique.fr




mercredi 17 février 2010

Contrebraques tout !

!! ULTRAKADABRA !!

Dans la rubrique société, le JDD d'aujourd'hui, grace à qui c'est tous les jours dimanche, a trouvé le créneau, il te bourre bien le mou !

Le JDD reprend ici, un article paru dès le 17 /02/10 sur la version web du torchon le figaro, appartenant à Serge Dassault, sénateur UMP et célèbre marchand de rafales. ( article de propagande encore en ligne ici )





"(...) Les suspects semblent en tout cas peu au fait des nouvelles méthodes de braquages. Plutôt que des voitures-bélier, explosifs ou autres moyens spectaculaires du grand banditisme, les distributeurs de billets ont été forcés à l'acide, la barre de fer ou par l'utilisation de poubelles en feu. Plus de 80 DAB seraient concernés dans toute la France (...)"


Braquage ?
Haaa ouais ? C'est le coup du siècle ?
Ça représente combien ce que contient 80 DAB ??
Et ils ont enfûmés les distributeurs avec des poubelles enflammées pour que les billets sortent en toussant ???

Ha non !... en fait la légende des "braqueurs" est "subtilement" nuancée par la légende de la photo, il est précisé:



Bon alors faut pas charrier ? C'était pas un braquage à poubelles armées ??

La rédaction va surement vite rebondir et nous parler d'"ultra violence" accolée à "ultragauche", une recette qui a déjà fait ses preuves. Avec des sources aussi proches de l'enquête, on peut même penser que le JDD va pas tarder à nous publier les rapports d'autopsie des DAB attestant des sévices qu'ils ont subis, avec un encart réservé pour le témoignage d'un collègue décrivant, dans un sanglot, la lente et douloureuse agonie de son distributeur :

" Il gisait là et ne me répondait pas, alors quand l'écran LCD tactile a laché...j'ai compris qu'il était trop tard !! Ça faisait 2 ans qu'on travaillait ensemble (gloup)! c'était pourtant un distributeur sans histoire (snif) ! Pourquoi tant de râge ?"
Un collègue - Patrick P - commercial en services bancaires - citoyen auxiliaire de la police aux frontières



+ Plus d'infos sérieuses sur les dernières arrestations qui ont eu lieu à Paris(et le traitement médiatique qui va avec) voir : Le Jura libertaire


22 v’là la SDAT





Article paru sur rebellyon.info le 16 février.


Alors que de nombreuses arrestations de militants pour la liberté de circulation ont eu lieu lundi 15 février à l’aube à Paris, les services "antiterroristes" sont à la manoeuvre à Lyon depuis quelques jours.

Fin janvier, quelques jours après l’ouverture du Grand Lyeu deux personnes se font contrôler devant la porte. « Contrôle de routine » par la BAC. Les flics repartent avec un numéro de téléphone portable et deux identités.

Deux semaines plus tard un coup de fil : « bonjour, police du huitième, on aimerait bien discuter avec vous… ». Convocation informelle à Marius Berliet sans plus d’explications. C’est en fait un flic de la Sous Direction AntiTerroriste qui le reçoit, très détendu. Un flic sympa, qui dit du mal des bourrins de la BAC, qui joue au papa bienveillant dans le cours de la discussion. N’empêche il en profite pour interroger pêlemêle sur l’affaire de Chambéry, les tags et les actions en soutien aux inculpés de Vincennes et puis il aimerait bien savoir ce qui se passe dans les squats en ce moment. « Ce "grand lieu" il y a des gens dangereux à l’intérieur ? Des gens violents ? Est ce que vous discutez des black blocs ? Qui organise l’autodéfense le dimanche, les projections-débat, etc. ». Lui, c’est un super flic. Il court après les poseurs de bombe, pas les « gamins qui jettent des pierres sur la police ». Sous entendu « tu peux me raconter toutes ces broutilles que je donne l’impression de connaitre : et en balançant un maximum de nom si possible ».

A la différence de la DCRI, la SDAT n’est pas censée faire de la surveillance générale. Elle débarque parce qu’elle est saisie dans le cadre d’une enquête bien précise. Là ça peut être plusieurs choses : les suites de l’affaire de Chambéry, l’enquête en cours sur les actions de soutien aux inculpés de Vincennes, une enquête au long cours sur les ramifications des réseaux d’ultra-gauche. Dans tous les cas ces flics cherchent à établir des connexions, identifier les réseaux, voir qui traine avec qui… Et ce qui bloque le travail de la police jusque-là c’est que les gens se tiennent plutôt bien : d’où l’idée de recruter des sources d’information. Ça peut être un militant à qui on dit, au cours de son audition déjà par la SDAT, que sa démarche est juste mais qu’il faut se méfier des extrémistes violents qui pourraient profiter de la situation. Pourquoi pas les balancer ? En échange les flics se disent prêt à régulariser certains dossiers de sans-papiers… Là c’est un peu la même : « je te passe un coup de fil dans deux semaines, on pourra rediscuter de où ça en est, le grand lieu, s’il se passe des choses ». Tentative un peu grossière pour recruter un indic… même s’il suffit souvent de se pointer à la convocation pour devenir indic malgré soi : on en dit toujours un peu plus, des noms sont évoqués, on confirme les soupçons de la police à demi mots, par des silences alors que jusque là on bavardait gentiment. Il n’y a pas de conversation anodine avec la police.

La SDAT à Lyon, c’est bien cohérent avec la note de 2008 qui enjoignait aux parquets locaux de faire remonter tous les faits intéressants à la juridiction antiterroriste de Paris(tags anti-prison, actions anti-carcérales ou de soutien aux sans-papiers) .

Récemment des tentatives pour recruter des indics ont eu lieu dans les mouvements des défense des animaux, dans les luttes lycéennes ou étudiantes. Au delà de ces convocations au premier abord farfelues ce contexte peut impliquer un niveau de surveillance accru : surveillance des téléphones (écoutes, géolocalisation, analyse des répertoires), des ordinateurs, des lieux (squats, appartements grillés) et des personnes (filatures par exemple à partir d’un lieu grillé, photos…).

Les bavardages dans le milieu ou au téléphone facilitent le travail des flics. Ils parlent de terrorisme, c’est des grands mots mais là ils en sont à faire leur boulot un peu chiant de ratissage super large. Donc ça en passe plutôt par de la discussion « informelle » et pas par une montée directe à Levallois avec garde à vue de 96 heures.

Le minimum, et le plus sûr, c’est de ne pas se rendre aux convocations qu’elles soient formelles ou non. Rien légalement ne nous y oblige. Au pire les flics viennent nous chercher. Au mieux ils lâchent l’affaire. A Paris, dans une affaire d’antiterrorisme visant la « Mouvance Anarcho-Autonome Francilienne » la décision a été prise collectivement, par des séries de discussions, de ne pas aller aux convocations. Ça facilite la vie aux gens qui se sentent en danger ou qui ont peur de ce qu’ils pourraient lâcher, à celles et à ceux qui ne veulent pas filer leur ADN ni tailler le bout de gras avec les flics. Et c’est le b.a-b.a pour leur griller le terrain, défendre nos solidarités et nos pratiques de lutte.

La terrorisation démocratique


Mis à jour le 26 février

L'émission "Les Amis d’Orwell" (déjà citée ici ) du mardi 16 février 2010 sur Radio libertaire avait comme invité Claude Guillon, auteur de l’ouvrage La Terrorisation démocratique (éditions Libertalia, 2009).





laterrorisationdemocratique-extrait


Il fait le point sur les différentes lois antiterroristes, mises en place depuis 1986 en France.

L'émission qui commence à partir de 2'05" est aussi disponible ici (fichier lourd : 44 mo)

mercredi 10 février 2010

Thierry Lévy face à Alain Bauer : "Moi j'interromps !"

dernière mise à jour le 11/02/10





Dans l'émission "ce soir ou jamais" du mardi 09 février 2010, Taddéi réuni sur le même plateau : Maitre Thierry Lévy (un des avocats défendant les inculpés du 11 novembre, président de l’Observatoire international des prisons de 2000 à 2004, il vient de publier « Plutôt la mort que l’injustice, au temps des procès anarchistes »), face à Alain Bauer (représentant de commerce en criminologie, "conseiller occulte du président en sécurité", il publie un livre qui s'intitule comme une phrase qu'il ne cesse de répéter dans les médias depuis plusieurs mois " Les terroristes disent toujours ce qu'ils vont faire " ).

Tous deux sont invités pour débattre notamment du pack sécuritaire (la loi loppsi2 est soumise cette semaine à l'assemblée nationale), T.Lévy revient sur les dérives sécuritaires qu'entrainent des méthodes comme le “décèlement précoce”, rappelant judicieusement à Bauer les conséquences de son implication personnelle à l'origine du "fiasco judiciaire" dit de Tarnac.

T.Lévy soulève également les ambiguïtés de notre "criminologue national": être d'un côté, l'instigateur d'une société plus sécuritaire en participant activement à la stratégie de la terreur, et de l'autre, en retirer des bénéfices par le biais de sa propre société privée de conseil et solution en sécurité.


EXTRAITS : (1ère partie de l'émission)

Lien: Moi j'interromps !




lien de téléchargement direct

Voir l'émission dans son intégralité sur france3.fr


mardi 9 février 2010

Les No Border, ces militants placés sous haute surveillance des journaflics





Article paru sur le site du point.fr le 9 février 2010 sous le titre "Les No Border, ces militants d'ultragauche placés sous haute surveillance policière"


Par Ségolène Gros de Larquier et Armel Méhani

Occuper un hangar de Calais avec une centaine de migrants : c’est la dernière opération coup de poing signée par le collectif d’ultragauche No Border ce week-end. Une action préparée au début du mois par les militants qui avaient reçu de la part d’une association la gestion d’un hangar de 630 m2 pour une durée de soixante jours. Dès le début, les No Border n’ont pas caché leurs intentions, le hangar devant devenir un "espace de lutte pour la liberté de circulation" des migrants dans ce qu’ils ont baptisé "la ville symbole de l’Europe forteresse".

L’organisation altermondialiste No Border a fait de la défense des migrants son cheval de bataille. Créée en 1999, elle milite pour l’abolition des frontières et la légalisation de tous les clandestins. L’implantation des No Border dans la zone de Calais - lieu de transit des migrants vers l’Angleterre - ne tient donc pas du hasard. C’est en juin 2009 que les militants ont fait leur entrée fracassante dans la Cité de la dentelle. Entre 400 et 500 personnes venues à la fois de France, de Belgique, du Royaume-Uni et des Pays-Bas ont déferlé entre le 23 et le 29 juin à l’occasion d’un grand camp festif et d’une manifestation organisés pour dénoncer les politiques migratoires.

Eurotunnel et les compagnies aériennes dans le viseur des "alter"

Selon nos informations, les activistes d’ultragauche - basés à Sangatte et à Calais - avaient à cette occasion envisagé de mener une action d’envergure contre la société Eurotunnel. Mais l’exploitant du tunnel sous la Manche est loin d’être la seule cible des No Border. Toutes les compagnies aériennes participant à l’expulsion des sans-papiers sont aussi visées, selon le site Web des No Border , qui cite notamment Lufthansa, Air France, British Airways ou encore Iberia. Les militants "alter" ont aussi fait parler d’eux lors du démantèlement de la "jungle" de Calais, en septembre dernier. Plusieurs d’entre eux se sont interposés, faisant bouclier entre les migrants et les forces de police.

Pour la plupart âgés de 18 à 25 ans, souvent sans emploi ou étudiants, les 200 activistes No Border recensés se font surtout remarquer depuis deux ou trois ans. Ils font l’objet d’une surveillance renforcée, que ce soit par la préfecture, mais aussi par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). D’autant plus que certains d’entre eux ont été aussi identifiés parmi les Black Blocks, ces casseurs notamment responsables des violences commises en avril 2009 en marge des manifestations anti-Otan à Strasbourg




mercredi 3 février 2010

"Tous Coupat, tous coupables"


Mis à jour le 9 février

L'émission "Les Amis d’Orwell" du mardi 2 février 2010 sur Radio libertaire avait comme invité Alain Brossat, auteur de l’ouvrage "Tous Coupat, tous coupables" (paru en janvier 2009)





TousCoupatTousCoupables


L'émission est aussi en ligne et téléchargeable http://amaanda.free.fr/Orwell2-02-10.mp3 (elle commence à partir de 3'30")