vendredi 30 janvier 2009

RAPPEL : LE 31/01/09 A 15 H RER LUXEMBOURG





RDV 15 H RER LUXEMBOURG...


RDV 15 H RER LUXEMBOURG...


RDV 15 H RER LUXEMBOURG...

RDV 15 H RER LUXEMBOURG...

RDV 15 H RER LUXEMBOURG...











Le samedi 31 janvier, aura lieu à Paris une grande manifestation contre l’antiterrorisme. Le départ est fixé à 15h, au RER Luxembourg.
Des cars partiront de Tarnac, de Limoges, ainsi que de Rouen (réservations pour Rouen au 06 42 95 38 25).
Rapprochez vous des comités locaux pour plus d’informations, ils disposent aussi des affiches que vous pouvez retrouver ici. Informez-nous si des départs groupés (train, bus, covoiturage) sont aussi prévus depuis votre ville.

Le samedi 24 a eu lieu une série de rassemblement en soutien aux inculpés de l’antiterrorisme, à Agen, Lyon, Rennes, Toulouse, Grenoble, Poitiers, Genève, Guingamp

Et aussi, à Paris XVIIIe, une manifestation en solidarité avec tous les révoltés, qui fut lourdement réprimée par la police.


Rappelons que le 18 janvier une manifestation s’est produite devant la prison de Versailles où est incarcérée Isa, détenue "préventivement" depuis 1 an, sous régime antiterroriste, accusée d’avoir voulu incendier une dépanneuse de la police.



www.soutien11novembre.org







"RECHERCHE ULTRAGAUCHE DESESPEREMENT "



par Napakatbra

Quand l'ordinaire vire à la rocambole. Le 14 janvier, deux trentenaires finissent une soirée arrosée à brûler des papiers sur la voie publique. "Infraction en lien avec une entreprise terroriste", l'ultragauche en l'occurrence, selon la police. Las, 48 heures plus tard, ils seront relâchés mais restent poursuivis pour... avoir refusé le prélèvement ADN.

Il y a quelques années, l'histoire aurait fait les choux gras de la plupart des quotidiens. Aujourd'hui, elle passe totalement inaperçue, tant l'affaire semble ordinaire...

Le 14 janvier, un couple est interpellé en fin de soirée. Un homme de 28 ans et sa compagne, avocate, de 30 ans sont accusés d'avoir tenté de mettre le feu à des véhicules en stationnement. Fait particulièrement aggravant, la police retrouve des tracts de soutien à Julien Coupat - soupçonné d'avoir organisé les sabotages de la SNCF - dans la poche de l'avocate. Et pour couronner le tout, son compagnon est connu pour avoir manifesté publiquement son soutien au cerveau de l'ultragauche. C'en est trop pour le parquet de Paris, qui ne se laisse pas impressionner par la virginité des casiers judiciaires des deux comparses... le dossier est confié à la section anti-terroriste.


Ramdam dans la presse...

Tout bien pesé, après quelques perquisitions et autres interrogatoires poussés, l'enquête montrera que les deux délinquants présumés n'ont pas tant délinqué que ça. Ils s'amusaient simplement, après une soirée arrosée, à brûler des petits papiers pour se réchauffer le bout des doigts. Ils seront relâchés au bout de 48 heures... mais pas relaxés pour autant. Car nos Bonnie & Clide du XIXe arrondissement en sont quittes pour un renvoi devant le tribunal pour avoir refusé de se prêter à un prélèvement ADN. Le Canard Enchainé de la semaine relate que les policiers ont pourtant bien prélevé quelques extraits de salive, en récupérant discrètement des mégots de cigarettes.



Silence dans la presse...


Deux jours de garde à vue, inscription au STIC, fichage ADN et renvoi devant le tribunal... pour avoir brulé un prospectus, ce qui n'a (encore) rien d'illégal...



(Article publié sur le site "Les mots ont un sens")



mardi 27 janvier 2009

Suites Barbès...






Après la rafle des manifestantEs contre l’antiterrorisme samedi dernier…





26 janvier, 11h15


Les sept arrêtéEs du commissariat central du XIIIe arrondissement
(place d’Italie) sont dehors avec une convocation au tribunal le 6 mai. Interpellés par des BAC hors de la nasse bleue qui enfermait la plupart des manifestantEs, ils sont accusés d’avoir refusé de se disperser suite à des sommations policières qui n’ont pas eu lieu…

Les sept ou huit arrêtéEs du commissariat rue Riquet
(XIXe arrondissement) ont été déféréEs au substitut du procureur, avant de passer la nuit au dépôt. Ils vont comparaître aujourd’hui lundi à 13h30 devant la 23e ou la 23.2e chambre correctionnelle du TGI au Palais de justice (Métro Cité). Ils seraient finalement accusés de violences sur agents dépositaires de la force publique, rébellion, dégradations.

Lors de cette audience, ils devraient refuser de comparaître immédiatement afin, comme la loi l’autorise, de préparer leur défense. Le risque de mise en détention provisoire n’est pas exclu, merci donc de faire circuler le rendez-vous.




26 janvier, 21h54



TGI aujourd’hui … Suite et fin pour le moment

Huit personnes étaient donc au dépôt aujourd’hui, suite à la manif de samedi à Barbès et passaient au tribunal en comparution immédiate. Ils demandaient tous un report. Sur sept le procureur demandait le contrôle judiciaire et la mise en détention pour un d’entre eux. Finalement, ils ont tous été libérés (ils doivent effectivement être tous sous contrôle judiciaire en attendant le procès mais je suis pas tout à fait sûre). Ils passeront en procès le 2 mars à 13h30 même chambre = 23e. Un autre avait encore un cas à part, il ne passait pas en comparution immédiate et était entendu par un juge d’instruction, il vient lui aussi d’être libéré par le JLD, pour l’instant sans convocation.



Source: Le jura libertaire




lundi 26 janvier 2009

La lutte contre l'insécurité nous met-elle en danger ?



Emission "Du grain à moudre" le 26/01/09 sur france culture

(en écoute
ici)


Invités:

- Gérard Gachet. Porte-parole du ministère de l’Intérieur

- Michel Terestchenko. Philosophe

- Dominique Noguères. Avocate, Vice-présidente de la LDH



Les lois d’exception adoptées sous prétexte de terrorisme et de sécurité sont-elles compatibles à long terme avec la démocratie ? C’est l’une des questions que soulève l’ « affaire Tarnac ».

Les jeunes épiciers libertaires ont été mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Cette qualification pénale, qui rend légale une garde à vue dérogatoire de 96 heures, est issue des lois Perben 2, lois d’exception écrites pour Al-Qaïda et consorts, et qui se retrouvent aujourd’hui mises en application dans un dossier qui chaque jour se dégonfle un peu plus.

Force est de constater que les éléments ayant permis d’identifier et de démanteler la structure clandestine anarcho-autonome se livrant à des opérations de déstabilisation de l’Etat n’ont manifestement pas ébloui la plupart des intervenants du dossier –plusieurs libérations successives ont même témoigné du contraire.

Terrorisme ou vandalisme ? On peut, comme citoyens, regarder avec inquiétude l’extension de l’accusation de terrorisme à toute forme de contestation politique alors même que dans le cas présent et de l’aveu même de la ministre de l’Intérieur, aucune vie n’a jamais été mise en danger, ni même susceptible de l’être. De manière générale, l’extension de la garde à vue, la multiplication des fichiers de police, la rétention de sûreté, mettent à mal nos libertés publiques.
Et ça commence à faire beaucoup.

Alors que le nouveau président des Etats-Unis est en passe de sortir de l’impasse de Guantanamo, qu’il réaffirme son opposition à la torture, et que peut-être se termine une « guerre contre le terrorisme » aux méthodes douteuses, où placer le curseur entre la légitime préoccupation de sécurité et la préservation des libertés publiques ?







samedi 24 janvier 2009

LYON : Rassemblement devant le Palais de Justice contre l’antiterrorisme




Publié samedi 24 janvier 2009



Aujourd’hui, samedi 24 janvier, avait lieu un rassemblement pour dénoncer l’antiterrorisme et la normalisation de l’« état d’exception ». Environ 70 personnes étaient présentes. Le temps d’une altercation avec les fafs et le rassemblement part en manifestation sauvage.

Les gen-te-s arrivent au fur et à mesure devant le Palais de Justice, sous la pluie. Le rassemblement compte une cinquantaine de personnes vers 15h15.

C’est alors qu’une quinzaine de jeunes fafs, lookés casual [1], ont débarqué des quais aux cris de "Coupat : terroriste !" et "Communistes : assassins !", munis d’une banderole estampillée "Gardez Coupat".

Ils se placent derrière les barrières qui séparent le trottoir des quais de la route, le temps que tout le monde comprenne qu’il s’agissait de fafs. Quelques cailloux volent en notre direction… puis dans le sens inverse.

Les fafs s’avancent et font mine de vouloir franchir les barrières : ils n’en feront rien. Une ligne d’une quinzaine de personnes motivées pour la défense du rassemblement se forme (aux cris de "Le fascisme ne passera pas ! No pasaràn !") et se place devant lui, puis fonce en direction des fafs. La baston dure une quinzaine de secondes, puis les fafs, submergés, et pas insensibles aux sirènes de police qui se rapprochent, décident de partir en courant. Une personne de chez nous sera blessée sous l’œil droit.

Plusieurs camionnettes de police nationale ou de CRS arrivent et certains descendent de voiture. Le rassemblement part en manifestation (et compte alors environ soixante-dix participant-e-s) en remontant les quais, puis en traversant la Saône en direction de la place des Terreaux (où l’on croisera une fanfare ainsi que la Vélorution) puis de la place de l’Opéra.

Les deux banderoles de tête :

"Sabotons l’antiterrorisme" "Nous sommes tou-et-s des terroristes"

Quelques slogans chantés :

"Nous sommes tous des terroristes" "Libérez les inculpés" "C’est l’insurrection qui vient, qui vient. C’est l’insurrection qui vient de loin" …

Là, toujours beaucoup de policiers, le cortège se dissout peu à peu.

On n’aura pas recroisé de fafs.

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[1] Le look "casual" désigne une tendance vestimentaire qui consiste à s’habiller à la façon passe-partout. Chez les fafs, il s’agit de laisser tomber les bombers ou les vestes ambiguës, les rangers ou les docs, les treillis, ainsi que les badges ou les symboles trop orientés politiquement, pour leur préférer des baskets, des jeans, des vestes noires et des casquettes pour "camoufler" les crânes rasés. A Lyon, on retrouve le look casual chez les Identitaires ou dans les stades.


Source: Rebellyon.info




Rafle des manifestantEs contre l'antiterrorisme à Paris ... et autres nouvelles

paru sur :le jura libertaire


La manif a, sans sommations, été prise
dans une nasse policière, les uns ont été libérés sur place (60 personnes environ), les autres (80 environ) après une vérification d’identité à la durée illégale (4 heures 30) dans le cadre
d
une procédure
dénommée par les policiers «audition libre» (sic ! le terme, usurpé, doit s
appliquer aux réponses volontaires à convocations) et des menaces de garde à vue (pour «manif interdite») suite à des désignations
par une policière physionomiste (en uniforme), cela se passait au commissariat du XIe, passage Charles Dallery (face au Centre d
action sociale).


Les retardataires arrivés à Barbès étaient hors nasse, il y a eu quelques courses poursuites et là aussi des arrestations, par la BAC cette fois.

Il reste des gardés à vue (neuf ?), qui seraient accusés d
’«organisation ou participation à manifestation armée».

A priori, des avocats vont être désignés pour d
éventuelles comparutions immédiates lundi.




Il y a demain dimanche un rendez-vous à 14 heures Métro Riquet pour aller au commissariat exiger leur
libération.





Infozone, 24 janvier 2009 (23h14)

Liste d’information pour la France sauvage.




Les manifestantEs à Barbès (environ 60) sont encercléEs par la police…
IlLLEs seraient aux dernières nouvelles embarquéEs deux par deux dans les fourgons.




Infozone, 24 janvier 2009 (16h12)
Liste d’information pour la France sauvage.




Commissariat du 11e : Les gens sortent peu à peu.

Commissariats du 13e (place d’Italie) et du 19e (rue Riquet) : Des gens en GAV - Appel à rassemblement demain dimanche 25 devant ces commissariats à 14 heures.



*** (20h15)








Une centaine de militants interpellés à Paris

paru sur nouvelobs



Ils se rassemblaient à Paris en solidarité avec Isa, Juan et Damien, incarcérés dans le cadre
d
une instruction
antiterroriste.



Les forces de l
ordre ont procédé à des interpellations massives, samedi 24 janvier à Paris, lors dune manifestation en soutien à trois militants placés en détention provisoire dans le
cadre d
une enquête
antiterroriste.

Une centaine de personnes — des manifestants et des passants — ont été interpellées vers 15 heures au niveau du métro Barbès-Rochechouart, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. La manifestation
se déroulait dans le cadre de la semaine
«Sabotons lantiterrorisme». Les participants voulaient marquer leur soutien à Isa, Juan et
Damien, placés en détention provisoire. Ils ont déployé une banderole «Solidarité avec les révoltés incarcérés» et ont distribué des tracts appelant à une nouvelle manifestation organisée le 31
janvier, en soutien aux inculpés de l
antiterrorisme.



Une opération d’envergure



Peu de temps après son arrivée, le groupe, qui comptait environ cent à deux cent personnes, selon la police et des participants, s
est retrouvé face à un cordon de CRS tandis
qu
il avançait
boulevard Barbès. Il lui fut impossible de faire demi-tour, les forces de l
ordre étant déjà présentes de lautre coté. Les arrestations commencèrent très rapidement.



«La plupart de ceux qui étaient dans le cortège de départ se sont fait embarquer, environ une centaine de personnes» estime un manifestant. Contactée par nouvelobs.com, la préfecture de police
confirme la tenue de l
opération et estime elle aussi le nombre dinterpellations à une centaine. «Il sagissait dune manifestation non déclarée de la mouvance contestataire. Ils
n
avaient pas le
droit de se rassembler. Les policiers ont appelé à la dispersion mais les manifestants n
ont pas obéit» nous explique le service de presse de la préfecture.

«Je n
ai pas
entendu d
ordre de
dispersion. De toute façon, c
était impossible, nous étions bloqués entre deux cordons de CRS, le métro (aérien ndlr) et les immeubles» témoigne une participante.



«Des badauds aussi se sont fait arrêter»



Des échauffourées ont eu lieu. Les forces de l
ordre ont utilisé quantité de gaz lacrymogène, selon des témoins. «Voyant les gens suffoquer, une employée de la RATP a ouvert les
grilles du métro pour permettre à une dizaine de personnes de s
enfuir, mais elle aussi sest faite gazer» nous raconte un manifestant. «Des badauds aussi se sont fait arrêter»,
témoignent plusieurs personnes présentes sur les lieux.

Des policiers en civil ont poursuivi les interpellations jusqu
à 17 heures dans les rues adjacentes.

La préfecture a assuré à nouvelobs.com qu
il ne sagissait pas dune opération policière particulière : «Cétait un dispositif adéquat, normal pour répondre au refus de dispersion
d
une manifestation
non déclarée».




Le Nouvel Observateur, 24 janvier 2009 (18h42).










vendredi 23 janvier 2009

Mauvaises Intentions - brochures 1 & 2






BROCHURE : Mauvaises intentions 1 (mai 2008)
source: infokiosques.net







BROCHURE : Mauvaises intentions 2 (janvier 2009)
source: Indymédia Lille



à télécharger, imprimer, diffuser...





PDF - 3.1 Mo



PDF - 5.5 Mo


La brochure est disponible au format pdf pour sortie imprimante.Il est également possible de télécharger la brochure au format pdf imprimeur, pour celles et ceux qui souhaiterait la faire imprimer pour la proposer plus largement.

Sinon, faire suivre ce mail reste un bon moyen de diffusion.

En espérant que cette brochure « Mauvaises Intentions n° 2 » suscitera intérêt & rage, discussions & actions de solidarité, désirs de changements radicaux et envies d’en découdre...

Il est possible d’écrire à solidaritesinculpes(((AAA)))riseup.net pour toute remarque, commande, etc...

Et, il y a toujours plus d’infos sur http://infokiosques.net/mauvaises_i...


Enfin, pour le soutien financier, vous pouvez envoyer des chèques à l’ordre du CICP à l’adresse Mauvaises intentions, 21, ter rue Voltaire 75011 PARIS




Tarnac : le témoin à charge contre Coupat serait un mytho- mane Par Fabrice Arfi Fabrice Lhomme




ARTCLE COMPLET:

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Yldune Lévy reste en liberté, sa défense réclame un non-lieu




Yldune Lévy reste en liberté et sa défense attaque pour réclamer un non-lieu pour la jeune compagne de Julien Coupat, mise en examen dans l'enquête sur les actes de malveillance contre les lignes TGV de la SNCF. A la sortie de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris, qui a confirmé vendredi la libération de sa cliente, Me Steeve Montagne a fustigé un dossier "construit" par le parquet.



Pour l'accusation, Yldune Lévy a un "mode de vie semi-clandestin, une pensée forcément subversive. Cette construction vient de voler en éclat", a déclaré le jeune avocat. Selon lui, sa cliente, trop émue pour s'exprimer elle-même, "a une grande volonté de retour à la normalité". "Elle va reprendre ses études et assurer sa défense pour obtenir un non-lieu", a-t-il indiqué.

Le contrôle judiciaire oblige cependant la jeune femme de 25 ans, étudiante en archéologie, à résider à Paris, à ne pas se rendre à Tarnac, lieu de rassemblement du groupe soupçonné des actes de sabotage contre la SNCF, et lui interdit le contact avec les autres suspects, ainsi qu'avec les parents de son compagnon, Julien Coupat. Une quarantaine de proches étaient venus vendredi au Palais de justice et ont accueilli la décision par des applaudissements.

"On est en droit d'attendre la libération de Julien maintenant", a souligné son père, Michel Lévy. "On reste combatifs pour Julien et après sur le dossier, c'est un non-lieu, soyons clairs. On demande des excuses et un non-lieu".

Pour Michel Lévy, le dossier reste vide: "il y avait un groupe, il n'y a plus de groupe, il y avait Bonnie et Clyde, il n'y a plus de Bonnie et Clyde", a-t-il ironisé, entouré d'une forêts de caméras et de micros, suivi par sa fille et son avocat.

Le 14 janvier, le juge d'instruction Thierry Fragnoli avait ordonné la remise en liberté d'Yldune Lévy, incarcérée depuis sa mise en examen pour "destruction en réunion en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" le 15 novembre 2008.

Le parquet avait interjeté appel de cette décision en choisissant une procédure d'urgence, le référé-détention, qui permettait le maintien en détention de la jeune femme. Mais dès vendredi dernier, la chambre de l'instruction avait estimé que cette procédure d'urgence n'était pas fondée et avait ordonné la libération d'Yldune Lévy. Une décision confirmée ce vendredi après l'examen de l'affaire au fond.

Pour le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, interrogé vendredi matin sur RTL ce dossier n'est pourtant "pas vide". "Je ne dis pas que M. Coupat est coupable, (...) il est encore présumé innocent, il dispose d'une défense efficace, mais le juge est en train de voir si les éléments qui sont dans le dossier sont à charge ou pas suffisamment à charge à l'égard de ce garçon et d'autres", a-t-il nuancé.

Julien Coupat est le seul des neuf mis en examen du dossier encore incarcéré depuis le refus, vendredi dernier, d'un juge des libertés et de la détention, de le remettre en liberté. Cinq de ces neuf personnes sont soupçonnées d'avoir participé à des actes de malveillance ayant visé la SNCF. Proches de la mouvance qualifiée d'"anarcho-autonome" par la police, elles sont suspectées d'avoir formé une "cellule invisible".

Des actes de malveillance ont été commis entre le 26 octobre et le 8 novembre contre des lignes TGV. Des fers à béton en forme de crochets ont été posés sur des caténaires en Moselle, dans l'Oise, l'Yonne et la Seine-et-Marne, entraînant des retards dans la circulation de plusieurs dizaines de trains.


Source: AFP




Contre une «stratégie de la tension» à la française



23 jan 2009
- Par La rédaction Mediapart



«Le pouvoir teste les défenses immunitaires de la société»:
Mouloud Aounit (MRAP), Olivier Besancenot (LCR/NPA), Patrick Braouezec (PCF) et Noël Mamère (Les Verts) cosignent un texte dans lequel ils dénoncent la multiplication des atteintes aux libertés publiques et l'ignorance délibérée de la crise sociale.


Edvige, STIC, fichage ADN, Taser, Tarnac, Marciac, comparution immédiate pour de nombreux jeunes de quartier pendant que certains policiers incriminés dans des «bavures» attendent tranquillement un éventuel procès, mise au pas de la magistrature, mise sous tutelle de la télévision publique, mise en cause du droit d'amendement des parlementaires, acharnement judiciaire contre Jean-Marc Rouillan, délits d'outrage et de rébellion, pressions contre les journalistes comme dans l'affaire De Filippis, GPS pour les malades psychiatriques. Rétention de sûreté, prison dès 12 ans, mise à l'écart des SDF, chasse aux sans papiers; attaques contre les mouvements de défense des droits, du Dal à la Cimade, retrait des financements aux associations d'éducation populaire...

La liste des atteintes aux libertés démocratiques s'allonge chaque jour, comme si une stratégie sécuritaire délibérée se mettait en place pour détourner les esprits des crises financière, sociale, économiqueet de la récession qui s'annonce.



Tout est mis en œuvre pour empêcher qu'un légitime refus social se transforme en opposition politique. Nous l'affirmons : Sarkozy organise délibérément une stratégie de la tension et met au pas tous les appareils qui gèrent le contrôle des populations : police, justice, éducation , travail social, presse. La stratégie sécuritaire de la tension vise à détourner l'attention de la question sociale et à constituer un climat de peur et de suspicion généralisés; elle permet de criminaliser la pensée et l'action des secteurs de la population qui ne se laissent pas anesthésiés. Transformées en ennemis de l'intérieur ou en déviants , plusieursfigures sociales sont livrées en pâture à l'opinion: le juge laxiste, le « terroriste idéologique de l'ultra-gauche », le jeune des cités, ado ou pré-ado, le délinquant, le pédophile, le schizophrène...


On fabrique des discours fondés sur la génétique, le racisme ou le nationalisme, on produit des paroles à double sens, qui jouent sur la victimisation des uns et la culpabilité des autres. On pénalise à outrance les rapports sociaux, pour dessiner un nouvel ordre sécuritaire. Ainsi de l'inflation des lois d'exception, votées au gré des faits divers, qui engendre une extension indéfinie des règles juridiques du contrôle social : lois sur la psychiatrie et la délinquance des mineurs, contrôle des sources des journalistes, lois à répétition sur l'immigration.


L'Etat est privatisé au service d'un clan. Ainsi du contrôle du renseignement , avec la restructuration de la DST en DCRI, sous l'autorité directe du président de la République et la constitution d'un domaine réservé de la police, le développement de la télé surveillance, l'extension des fichiers de type STIC ou Edvige...


Enfin, la théâtralisation des opérations à grand spectacle vise à frapper les esprits. D'abord expérimenté contre les sans-papiers, ce barnum médiatico-policier s'étend chaque jour un peu plus: le pouvoir teste les défenses immunitaires de la société, quitte à reculer lorsque sa résistance est trop forte. L'affaire de Tarnac en est un des exemples les plus significatifs: on institue une guerre préventive contre ceux qui auraient pu commettre des actes car ils en avaient "les moyens intellectuels"... Comme dans le film de science fiction, Minority Report, qui sanctionnait des coupables potentiels.


Le développement d'une répression de proximité participe à cette peur diffuse : depuis les révoltes de novembre 2005, le sarkozysme promeut un modèle centré sur la répression: extension de l'utilisation du Taser aux polices municipales, des Flash-ball avec lunettes de visée, des drones et des hélicoptères pour surveiller les banlieues, possibilités de gardes à vue d'une durée de 96 heures, développement d'officines para-étatiques, accords éducation nationale-Police, dont l'affaire de Marciac est symbolique .


Nous avons affaire à une clique qui organise la régression démocratique, en menant une véritable guerre contre les pauvres et tous ceux qui tentent de lui résister. Pour imposer ses pratiques de prédation, l'affairisme a besoin de son frère jumeau, l'autoritarisme. Nous sommes face à une dérive anti-démocratique qui s'apparente à ce que fût la «bushisation». L'indignation devant l'accumulation des mesures liberticides ne suffit plus. La seule défense possible contre l'Etat sécuritaire, c'est le développement d'un mouvement massif pour la défense des libertés.


Il y a quelques années, toute la gauche politique, associative, syndicale, avait su se rassembler dans un comité national de vigilance contre le Front national. Aujourd'hui, devant la multiplication des atteintes aux libertés du président de la République et de son équipe, contre cette stratégie de la tension, nous en appelons à la vigilance citoyenne et à la constitution d'un mouvement de résistance pour les libertés .


N'ayons pas peur !




« Ma vie et mon travail sont à Tarnac »






Le cogérant du magasin général de Tarnac, Benjamin Rosoux, mis en examen dans l'enquête sur la mouvance d'« Ultra gauche » se confie en exclusivité à La Montagne et au Populaire du Centre.

Décontracté, souriant parfois de sa situation, Benjamin Rosoux, l'un des épiciers de Tarnac mis en examen pour « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste », donne sa vision de l'affaire des sabotages SNCF et évoque son désir de reprendre au plus vite une vie normale en Corrèze.

Quelle est votre situation depuis votre remise en liberté ?

Je suis placé sous contrôle judiciaire chez ma mère, à Avranches, en Basse-Normandie, un endroit où je n'ai jamais habité avant. Mon quotidien, c'est prendre des nouvelles de ce qui se passe pour les autres mis en examen et répondre aux messages que l'on m'envoie. Et puis, je me tiens au courant de ce qui se passe en bas à Tarnac. Mes seuls déplacements sont pour aller à Paris voir mon avocate et quand je suis convoqué devant le juge. C'est mieux que la détention, mais ça commence à faire long étant donné que je n'ai pas le droit d'aller à Tarnac.

Où en êtes-vous au niveau judiciaire ?


Jusqu'à présent, on s'était concentré sur la libération de ceux qui étaient encore en détention. Du coup, je n'ai pas reformulé de demande officielle. La dernière fois que j'ai vu le juge d'instruction, je lui ai demandé à quoi tenait mon éloignement de Tarnac et si cela avait un quelconque intérêt du point de vue de la procédure. Il m'a répondu en souriant que si ça ne tenait qu'à lui je serais encore en détention.

Cependant, depuis la libération d'Yldune Lévy, la situation a un peu évolué (...) Je pense que dans un temps relativement court je vais pouvoir réintroduire une demande pour transférer mon contrôle judiciaire à Tarnac.

Revenir à Tarnac, c'est une de vos priorités...


Cela fait quatre ans que j'y habite quasiment sans discontinuer. Mes amis, mon travail, ma vie sont là-bas. Ici, je suis un peu entre parenthèses de ma vie. Je suis coupé de tous mes liens sociaux, indépendamment même du fait que je n'ai pas le droit de rencontrer les mis en examen. L'autre problème c'est que Paul (l'autre gérant du magasin, N.D.L.R.) est seul au magasin. Même si des gens l'aident, il est débordé. Et le fait que toutes nos données de gestion courante aient été saisies n'arrange rien. On a obtenu de récupérer notre matériel informatique, mais ça fait quand même trois mois de bilan fiscal et de comptabilité à rattraper.

Comment avez-vous accueilli la création de très nombreux comités de soutien ?


C'est un peu la bonne nouvelle de toute cette histoire. En prison, dès la deuxième semaine, j'ai reçu beaucoup de courrier. Entre 8 à 20 cartes postales par jour. Ça m'a beaucoup aidé à tenir le coup [...] En sortant, ça a été une découverte de voir à quel point les gens s'étaient bougés pour qu'on parle de nous [...] Je pense que cette forte mobilisation a vraiment joué dans notre libération rapide.
Plusieurs élus locaux tels que Bernadette Bourzai et François Hollande vous soutiennent ouvertement...

Au début ce qui était frappant c'est combien ils étaient peu nombreux à prendre la parole pour notre libération. (...) Ce que j'ai appris durant ma détention et qui m'a secoué, c'est la décision des élus locaux de suspendre la subvention qui devait être attribuée au magasin. C'est quand même assez énorme. (...)

La remise en liberté d'Yldune doit vous réjouir ?


C'est un très bon signe, plus encore que notre libération à nous. Le ministère a créé une image de toutes pièces autour de Julien (Coupat, N.D.L.R.), un véritable personnage de roman, qui laissait peu d'espoir de les voir libres dans un temps court. Le fait que le juge d'instruction demande lui-même la remise en liberté est une manifestation assez évidente pour tous du type d'acharnement que pouvait avoir, depuis le début de cette affaire, le parquet, appuyé par le ministère de l'Intérieur.

Pour vous, cette affaire est politique ?

C'est très clair depuis le début. Michèle Alliot-Marie s'est vraiment mouillée dans ce dossier en voulant en faire la marque de fabrique de ses nouveaux services de renseignement. C'est elle qui a mené, à l'initiative de Nicolas Sarkozy, la fusion entre la DST et les Renseignements généraux qui a donné la DCRI (direction centrale des renseignements intérieurs). Et l'on sent vraiment que l'opération « Taïga » conduite à Tarnac devait être le coup marketing pour le lancement de ce nouveau service .

Il y a tout de même les sabotages des lignes SNCF...


Je ne suis même pas inculpé dans cette affaire. C'est ça qui n'apparaît jamais clairement dans les médias. Au terme des gardes à vue, il s'est avéré que pour le juge d'instruction lui-même, il n'y avait pas du tout d'éléments pour inculper la plupart des personnes [...] Sur les 9 mis en examen, il y en a 7 qui sont là pour complètement autre chose, dans le cadre de cette opération de surveillance lancée il y a six mois qui correspond à ce délire du ministère sur les groupes "d'ultra gauche de la mouvance anarcho-autonome".

Le seul chef d'inculpation retenu contre moi, c'est 'association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste' [...] Quand je suis passé devant le juge, il m'a posé quelques questions sur la nuit en question et ensuite les trois-quarts de mon entretien fut une enquête de moralité pour savoir pourquoi j'étais allé en Corrèze, comment je gagnais ma vie, à quelles manifestations j'avais participé (...).

Michaël NICOLAS
michael.nicolas@centrefrance.com


Retrouvez l'intégralité de cet article dans l'édition du 23 janvier 2009 de La Montagne et du Populaire du Centre.


Source: lamontagne.fr






jeudi 22 janvier 2009

mercredi 21 janvier 2009

LA REVOLTE ARRIVE





Poitiers, le 21 janvier 2009.











“La présomption d'innocence devient une vieillerie d'un autre temps.”




21/01/2009:
extrait de l'article "total contrôle" écrit par Olivier Pascal-Moussellard,
paru dans Telerama


La France ne vit pas sous un système totalitaire. Il n'en reste pas moins que la distinction entre ce qui relève de la sécurité (c'est-à-dire le fait de pouvoir sortir dans la rue sans crainte) et ce qui appartient au domaine de la sûreté (la protection de l'Etat) n'est plus nette. « On a beaucoup ­mélangé les deux ces derniers temps, ­affirme l'avocate Dominique Noguères. C'est gravissime. » D'autant plus grave que, depuis l'« affaire Tarnac », un petit air de Minority Report (le film futuriste de Steven Spielberg dans lequel la police « neutralisait » les criminels avant qu'ils passent à l'acte) flotte sur la place Vendôme : on peut aujourd'hui, en France, être interpellé et emprisonné sur les intentions qu'on nous prête et non sur les actes qu'on a commis. Pas de preuves solides pour le sabotage des lignes de TGV, pas de témoins des faits à Tarnac ? Qu'à cela ne tienne, on recourt à l'article 421, du Code pénal qui qualifie les actes de « terroristes » : plus besoin d'éléments matériels, à Tarnac un zeste de soupçon fera l'Affaire. « Lorsque vous vous donnez comme impératif de gérer les événements avant qu'ils se produisent et que vous vous fixez comme objectif l'insécurité zéro, c'est toute la population qui devient potentiellement dangereuse, déclare Frédéric, du comité de soutien des inculpés de Tarnac. Il ne s'agit plus alors de déterminer si un acte est "terroriste" ou pas, mais d'évaluer une probabilité du risque. Inutile de préciser que la présomption d'innocence devient alors une vieillerie d'un autre temps. » Bien de l'époque, en revanche, est le délire verbal dans lequel sombrent certains dirigeants (et quelques médias) lorsqu'ils se targuent d'« interpréter » les indices ou les « intentions » : « Ils ont adopté la méthode de la clan­destinité, soulignait ainsi sans rire Michèle ­Alliot-Marie après l'arres­tation de Julien Coupat, d'Yldune Lévy et de leurs amis. Ils n'utilisent jamais de ­téléphone portable. Ils se sont arrangés pour avoir, dans le village de Tarnac, des relations amicales avec les gens qui pouvaient les prévenir de la présence d'étrangers. » Qui se sentirait encore en sécurité après avoir entendu une chose pareille ?


Retrouvez cet article dans son integralité sur Telerama.




mardi 20 janvier 2009

« FAUTE DE MIEUX… »







« FAUTE DE MIEUX… »

Lorsque l'on s'interroge sur les raisons qui tendent à convertir une guerre « juste » en une guerre ordinaire, en une guerre tout court, et plus généralement lorsque l'on s'interroge sur les raisons qui enlèvent aux masses le contrôle des causes élevées auxquelles elles se dédient, l'on se trouve vite enfermé dans un circuit hallucinant. D'une part en effet, l'ampleur et la concentration de la vie économique moderne ont fait de chaque parti, de chaque syndicat, de chaque administration, des organismes quasi-totalitaires qui poursuivent leur route en s'abandonnant à leur propre poids spécifique et nullement en se référant aux cellules individuelles qui les composent. Ces partis, ces syndicats, ces administrations étatiques modernes sont protégés contre les démarches de la raison critique (aussi bien d'ailleurs que contre les sursauts affectifs et les révoltes du cœur) par leur seule et souveraine pesanteur. Ces édifices déconcertants fonctionnent par la grâce d'une humanité toute spéciale, d'une humanité d'initiés. Pour être admis à présenter une motion au terme du Congrès d'un parti de gauche tolérant quelque échange d'opinion, il faut une année de manœuvres extrêmement délicates à travers un dédale de secrétariats et de comités qui rappellent à s'y méprendre les mystères de l'inaccessible Tribunal où Kafka laisse trembler dans « Le Procès » - l'image indéfiniment réfléchie de notre angoisse. Et si ces épreuves initiatrices sont favorablement surmontées, si nul faux-pas n'est venu contrarier l'avance de la motion, alors sans doute son objet se sera suffisamment estompé pour ne plus susciter qu'un intérêt rétrospectif et presque de la pitié pour qui se hasarderait à lui accorder son soutien.

D'autre part, les citoyens clairvoyants et énergiques, mieux encore, les individus disposant d'un certain prestige intellectuel, qui seraient tentés d'intervenir afin de rectifier l'orientation d'un parti, d'un syndicat ou d'un gouvernement, savent trop bien que ces différents organismes ont les moyens de tisser autour d'eux une toile mortelle, - une toile de silence qui ne tarderait pas à les retrancher de toute vie publique.

Il est quelque chose de pire pour l'être civilisé que sa perte de pouvoir sur les organismes qui le représentent et agissent en son nom. C'est la résignation à cette perte. Résignation dont nous informent des signes innombrables et flagrants. Résignation que nous reconnaissons - en guerre comme en paix - à l'attitude-standard de personnes douées, cultivées et portées à l'action, - et cependant confites dans leur propre défaite. Cette résignation tient en trois mots: « Faute de mieux.. »
Si on adhère au Parti Communiste (ou à tout autre…) sans être le moins du monde rassuré sur sa politique présente et future, c'est « faute de mieux »… Si l'on finit par s'accommoder d'une redistribution de territoires dont on s'avoue qu'elle ne rendra aux peuples ni le sourire, ni l'abondance, c'est « faute de mieux ». Si l'on vote pour un candidat dont l'aspect moral vous répugne et dont la fermeté politique s'annonce douteuse, c'est « faute de mieux ». Si l'on s'abonne à un journal qui sacrifie volontiers son souci de la vérité à des considérations publicitaires ou commerciales, c'est « faute de mieux » ...

Cette femme que l'on embrasse fébrilement en bafouillant des serments éternels: « faute de mieux ». Ce cinéma où l'on s'enfonce, tête baissée, pour s'épargner une heure de présence sur terre : « faute de mieux ». Ce livre auquel l'on s'attarde parce qu'il a été couronné, alors que tout vous invite à en vomir le contenu : « faute de mieux ». Ce chef sublime au culte duquel l'on se rallie en soupirant, imprégné que l'on est du répertoire de sa grandeur : « faute de mieux » ...

« Faute de mieux » devient un placement, une philosophie, un état civil, un maître, une boutade, un alibi, une prière, une arme, une putain, un sanglot, une salle d'attente, une pirouette, l'art de se faire l'aumône, une boussole pour piétiner sur place, une épitaphe, un 8 Août 1945 ...

Deux hommes, voisins par la pensée, sont cependant capables de s'entredétruire parce qu'ayant la même conception du « mieux » et ce « mieux » leur faisant défaut, ils se rabattent sur deux modes concurrents d'existence compensatoire, sur deux systèmes de convictions et de gestes tangents du « mieux » commun, mais non tangents du même côté.
Alors, d'approximations en approximations, de substitutions en substitutions, l'on se trouve refoulé, insensiblement, poliment, vers on ne sait quel coin abject où mûrissent des cloportes... On s'effare, mais à tort. Celà n'est pas un cachot ; c'est une demeure... Il fait plus que nuit ... Au loin, des trains sifflent avec un air de partir ... On voudrait hurler, ameuter des gardiens imaginaires ... Demain matin, où en sera-t-on de soi-même ? Vous laissera-t-on seulement passer? Oui, sans doute, l'on vous permettra de fuir, d'aller vous bâtir au Congo une seconde vie ... Une vie sur pilotis avec, dans l'ombre, le même cancer triomphant où pactisent les forces de l'ennui et l'horreur panique de la liberté.


Georges Henein le 08 Août 1945 au Caire


Mobilisation Générale le 29 janvier 2009





Une version en A4 est disponible ici (pensez à zoomer en cliquant une fois sur l'image obtenue )



Tarnac ou les fantasmes du pouvoir



par Gabrielle Hallez - paru le 20/01/08 sur LE MONDE





J'ai été mise en examen et mise sous contrôle judiciaire suite aux arrestations du 11 novembre 2008. Sur les neuf personnes inculpées, Julien [Coupat] reste encore incarcéré. L'appel pour sa libération aura lieu dans les jours à venir. A nouveau l'attente. Le lent dégonflement de l'affaire continue, et une nouvelle étape a été franchie, vendredi 16 janvier, avec la sortie d'Yildune [Lévy]. Il en faudra d'autres.


Cette triste affaire aura au moins rappelé l'obsession du pouvoir : écraser tout ce qui s'organise et vit hors de ses normes.

Je ne voudrais pas qu'on puisse prendre cette histoire comme un événement isolé. Ce qui nous est arrivé est arrivé à d'autres, et peut arriver encore.

6h40 : braquée dans mon lit. Cagoulés, des hommes de la sous-direction de la lutte antiterroriste (SDAT) cherchent désespérément des armes en hurlant. Menottée sur une chaise, j'attends la fin des perquisitions, ballet absurde, pendant des heures, d'objets ordinaires mis sous scellés. Sachez-le, si cela vous arrive, ils embarquent tout le matériel informatique, vos brosses à dents pour les traces ADN, vos draps pour savoir avec qui vous dormez.

Après plus de huit heures de perquisition, ils me chargent dans une voiture. Direction : Paris-Levallois-Perret. Les journalistes cernent le village. Personne ne pourra manquer d'admirer le spectacle de la police en action, et les moyens imposants du ministère de l'intérieur quand il s'agit de sécuriser le territoire. Quand cinq flics arrêtent un type, ça peut sembler arbitraire, quand ils sont 150 et avec des cagoules, ça a l'air sérieux, c'est l'état d'urgence. La présence des journalistes fait partie de la même logique. Ce qui s'est passé là, comme les arrestations à Villiers-le-Bel, ce n'est pas un dérapage, c'est une méthode.

Levallois-Perret, locaux de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et de la SDAT. Des préfabriqués sur trois étages, superposition de cellules spéciales, caméras panoptiques braquées en permanence sur toi. Quatre-vingt-seize heures de garde à vue. Mais le temps n'est vite plus un repère. Ni heure ni lumière du jour. Je ne sais pas combien de personnes ont été arrêtées. Je sais seulement, après notre arrivée, les motifs de mon arrestation.

Les interrogatoires s'enchaînent. Une fois huit heures sans pause, va-et-vient de nouveaux officiers qui se relaient. Mauvaises blagues, pressions, menaces : "Ta mère est la dixième personne mise en garde à vue dans le cadre de l'opération Taïga, on va la mettre en détention", "Tu ne reverras plus ta fille". Leur bassesse n'est pas une surprise. Ils me questionnaient sur tout : "Comment vivez-vous?", "Comment êtes-vous organisés pour manger?", "Est-ce que tu écris?", "Qu'est-ce que tu lis?" Ils voulaient des aveux pour donner corps à leur fantasme de cellule terroriste imaginaire.

Un des officiers de la police judiciaire (PJ) m'a annoncé, lors de la perquisition : "Nous sommes ennemis." Ennemis peut-être, mais nous ne sommes pas leur reflet. Il n'y a jamais eu de cellule invisible, et nous n'avons que faire de "chefs" et de "bras droits". La police croit toujours que ce qu'elle traque est organisé à son image, comme en d'autres temps, où elle brandissait le spectre du syndicat du crime.

Un gendarme me lit un communiqué allemand, diffusé le 10 novembre en Allemagne, qui revendique les sabotages dans le cadre d'une action antinucléaire. Sabotages dont ils veulent nous accuser. Le communiqué apparaîtra dans le rapport de la SDAT transmis à la presse dès la première semaine, puis sera quasiment oublié.

Au bout de trois jours, un avocat peut venir assister le prévenu retenu sous le coup d'une procédure antiterroriste. Trois jours pendant lesquels tu n'es au courant de rien d'autre que de ce que la police veut bien te dire, c'est-à-dire rien ou des mensonges. Alors oui, ce fut vraiment un soulagement quand on m'a annoncé que je pouvais voir mon avocate. Enfin des nouvelles de ma fille et de l'ampleur médiatique de l'affaire. Nouvelles aussi du village et du comité de soutien créé dans les premiers jours qui ont suivi l'arrestation.

Puis ce fut le dépôt (lieu de détention avant de comparaître devant le juge). Là s'entassent des centaines d'hommes et de femmes dans la crasse et l'attente. Une pensée pour Kafka dans le dédale de la souricière, infinité de couloirs gris et humides dont les portes s'ouvrent sur les rutilantes salles d'audience. Je suis amenée jusqu'aux galeries toutes neuves de la section antiterroriste pour comparaître devant le juge d'instruction. Puis la prison.

Fleury-Mérogis – la plus grande d'Europe. Tous les charognards gardent cette prison, pigeons, corneilles, mouettes et de nombreux rats. Nous y sommes arrivées, Manon (Gilbert), Yildune et moi en tant que détenues particulièrement surveillées (DPS), ce qui implique des mesures de surveillance plus soutenues, comme, d'être chaque nuit réveillées toutes les deux heures, lumières allumées et sommées de faire signe. Fouilles intensives et répétées. Ce statut, seules les prisonnières politiques basques l'ont à Fleury, et Isa l'avait eu aussi, en détention depuis bientôt un an sous le coup d'une procédure antiterroriste [cette personne est soupçonnée d'avoir posé un explosif sous une dépanneuse de la Préfecture de police de Paris, en mai 2007]. Les fouilles au corps, le mitard, les petites humiliations, le froid et la nourriture dégueulasse : le quotidien de la prison est fait pour écraser.

Par un concours de circonstances favorables, Manon et moi sommes sorties assez rapidement. Circonstances favorables, c'est-à-dire : nous sommes blanches, issues de la classe moyenne, ayant eu l'opportunité de faire des études; grâce aussi à la multiplication des comités de soutien. Et puis, il y avait l'actualité, marquée par des événements révélateurs du climat politique actuel qui ne sont pas passés inaperçus (par exemple cette descente policière musclée dans un collège).

Je dis "rapidement", par rapport aux détentions préventives qui durent, pour la plupart, des mois et des années. Qui durent, notamment, pour ceux pour qui ne jouent jamais ces "circonstances favorables". La plupart immigrés, voués au mépris de la police et des magistrats.

Mais ce qui est encore séparé au-dehors arrive à se reconnaître entre les murs de la prison. Des solidarités se nouent dans l'évidence d'une hostilité commune. La radicalisation de la situation amène de plus en plus de gens à subir la répression et la détention. Des rafles dans les banlieues aux peines de plus en plus nombreuses pour des grévistes ou des manifestants lors de mouvements sociaux.

Finalement, la prison est peut-être en passe de devenir un des rares lieux où s'opère la jonction tant redoutée par M. Sarkozy : "S'il y avait une connexion entre les étudiants et les banlieues, tout serait possible. Y compris une explosion généralisée et une fin de quinquennat épouvantable", avait-il dit en 2006.


Gabrielle Hallez, mise en examen dans l'affaire de Tarnac






lundi 19 janvier 2009

Lons pour les inculpées de Tarnac



Rendez-vous jurassiens dans le cadre des
dix jours d’agitation contre l’antiterrorisme et son monde





Le 11 novembre dernier, dix personnes sont arrêtées sous le coup des lois antiterroristes. L’État leur reproche
leurs opinions politiques et crée ainsi un nouvel ennemi intérieur. Réagissons contre la criminalisation des luttes sociales !


Vendredi 23 janvier : Soirée «anarcho-autonome» au Léonz’ café, rue Traversière à Lons-le-Saunier (Jura)

18h30 : Apéro-discussion.

21h30 : Concert avec PotE.A..BoriS (abstract hip-hop tribe) + groupes surprises.

Table de presse - Caisse de soutien.




Samedi 31 janvier
: Covoiturage pour la manifestation nationale à Paris.
Contacter le Comité de soutien.



Samedi 17 janvier a eu lieu une journée d’action au cours de laquelle leComité de soutien jurassien aux inculpéEs a diffusé un tract d’information.
Le comité a rejoint la manifestation lédonienne de solidarité avec les Gazaouis : pendant que la police française voudrait terroriser l’«ultra-gauche», l’armée israélienne bombarde les populations palestiniennes. Ici comme au Proche-Orient, à bas tous les États !


















Source : Le jura libertaire.





dimanche 18 janvier 2009

Dossier: La justice court-circuitée






La justice court-circuitée

Les lois et procédures
antiterroristes en France


paru le 1er juillet 2008 sur :
HUMAN RIGHTS WATCH

Ce rapport de 91 pages examine comment la France utilise un délit à la définition floue, celui d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, pour arrêter un grand nombre de personnes sur la base de preuves minimales. Human Rights Watch a recueilli des informations sur des allégations crédibles selon lesquelles les personnes soupçonnées de terrorisme sont soumises à des interrogatoires oppressants pendant leur garde à vue, associés à une politique qui consiste à retarder l’accès du suspect à un avocat. De nombreux suspects passent ensuite de longues périodes en détention provisoire. Human Rights Watch a parlé à plus de vingt personnes impliquées dans des enquêtes et des procès liés au terrorisme et a réalisé des entretiens avec des responsables de la lutte antiterroriste et des autorités judiciaires.


Télécharger le rapport



Table des matières






samedi 17 janvier 2009

Yldune libérée. Julien maintenu en détention:




Communiqué du comité de soutien



Yldune libérée. Julien maintenu en détention.

Ce soir, Yldune sort de la prison de Fleury. La cour d’appel a suivi les indications du juge d’instruction, malgré l’acharnement pathétique du parquet, qui venait d’user de son énième manigance juridique pour la maintenir en détention. Un nouvel épisode se joue malgré tout vendredi prochain, lors de l’audience de fond qui peut amener à sa réincarcération immédiate. On imagine cependant mal la chambre d’instruction sombrer tout à fait dans le ridicule en la remettant en détention.

Nous ne pouvons cependant pas nous réjouir totalement de la libération de notre camarade, qui, de toute façon reste soumise à un contrôle judicaire strict. D’autant que nous apprenons que Julien, lui, ne sortira pas aujourd’hui. Sa demande de mise en liberté vient d’être refusée par un JLD. On voit que la justice n’en finit plus de s’empêtrer dans sa construction d’un chef de cellule terroriste, contre lequel elle s’acharne. Chef dont les disciples paraissent toujours plus difficilement trouvables. Cette décision est d’autant plus ridicule qu’un autre JLD avait estimé qu’il pouvait recouvrer la liberté, fin décembre.

De surcroit, nous apprenons que deux personnes, arrêtées hier, ont été mises en garde à vue antiterroriste sous prétexte que l’une d’entre elle était dans le carnet d’adresse de Julien, et que l’autre participait aux réunions du comité de soutien. Elles viennent d’être libérées sans poursuites. Comment interpréter cette information ? Comme une nouvelle tentative de pression au moment où commence la semaine de soutien internationale ? Comme l’extension sans fin d’un régime d’exception qui peut s’abattre sur quiconque se retrouve dans les fichiers de la police politique et qui fait d’un simple contact une association de malfaiteur à visée terroriste ?

Et que dire de la situation d’Isa, incarcérée depuis 1 an, sous antiterrorisme – pour des faits qu’elle nie - et dont la détention provisoire vient d’être prolongée de 6 mois. Elle aussi est suspectée d’appartenir à la fumeuse « mouvance anarcho-autonome » de Michelle Alliot-Marie.

La lutte pour l’arrêt des poursuites et pour la libération des personnes encore incarcérées doit s’intensifier à l’occasion de la semaine d’agitation contre l’antiterrorisme menée par l’ensemble des comités de soutien (cf www.soutien11novembre.org), et de la grande manifestation nationale qui aura lieu le 31 janvier à Paris
.





Retrouvez aussi ce communiqué sur notre page chronologie des évènements 2009





" Tarnac m'a tuer "




Par Agnès Maillard le lundi 12 janvier 2009, 10:35



C'est un vieux réflexe policier, bien compréhensible, qui veut que quand on tient un coupable idéal, autant l'utiliser jusqu'au trognon.


Quand la maréchaussée tient un tueur en série, elle remonte son emploi du temps
afin de voir combien d'affaires non classées elle peut lui coller sur le dos,
en plus de celles pour lesquelles il a été alpagué. C'est de l'optimisation
d'investigation, c'est aussi la meilleure manière d'améliorer son score
d'élucidations à l'heure des bilans comptables policiers.



Alors, pensez bien, quand la
DCRI
tient dans les geôles de la République de dangereux terroristes
anarcho-autonomistes avec le couteau entre les dents, denrée rare s'il en est,
il faut investiguer profond, bien profond, ne serait-ce que pour justifier

un maintien en détention qui s'éternise quelque peu
. Parce qu'un bon
terroriste est un terroriste qui égraine les preuves matérielles comme un petit
Poucet sous ecsta. C'est la moindre des choses. Sinon, on finit toujours par
être emmerdé par des petits juges indépendants empêcheurs d'enchrister en
rond... espèce
fouineuse et dérangeante heureusement en voie de disparition
.



Si, au bout de deux mois de détention en qualité de DPS (détenus
particulièrement surveillés, pires que du lait sur le feu !), on n'a
toujours rien trouvé pour charger la mule des anarcho-bouseux, c'est bien la
preuve qu'ils sont bougrement rusés et très habiles pour cacher leurs méfaits,
lesquels ne peuvent donc se limiter à quelques retards de
trains dérisoires
au regard de ce que l'indigence des investissements et le
mauvais entretien régulier des lignes par la SNCF et RFF peuvent entrainer
quotidiennement pour des millions d'otages plus ou
moins consentants
, jour après jour. Il faut donc trouver mieux et tel un
saumon vigoureux, remonter le flot des ignominies perpétrées contre les
glorieuses et efficaces infrastructures de la Nation.



Heureusement, il y a le JDD (le journal qui confirme que le
dimanche doit définitivement rester chômé
, ne serait-ce que pour ménager
son neurone survivant menacé par la surchauffe) qui ne révèle rien de moins que

la piste des radiateurs
. Car si l'on garde Julien et Yldune au
chaud, ce n'est pas du tout une mesure inique et politique destinée à
impressionner durablement les ennemis du pouvoir, c'est bien pour laisser aux
fiers limiers de notre honorable institution judiciaire le temps de se mettre
quelque chose d'un peu plus consistant sous la dent qu'un vague défaut de
surveillance.



Le groupe de Tarnac ne se serait pas attaquer
qu'aux caténaires. Même si les avis divergent en haut lieu, des vérifications
sont actuellement en cours pour tenter de déterminer si les mis en cause du
groupuscule d'extrême-gauche peuvent être impliqués dans une série d'incendies
et de tentatives qui avaient visé des ANPE et des antennes Assedic entre 2005
et 2007 un peu partout en France.


Tarnac : La piste des incendies d'ANPE
, JDD, 11/01/2009





Hé oui, ces fourbes de crypto-révolutionnaires, non contents de paralyser un
rail qui n'avait pourtant pas besoin de leurs services, non contents d'avoir
ourdi les bûchers contre les radiants associés, sont
aussi à l'origine d'un immonde attentat orthographique dont nous apportons la
preuve éclatante dans ces lignes !



C'est à cela que l'on reconnaît les falsificateurs, les complotistes et les
barbouzes en tong : ils osent tout et rien ne les arrête.



source et commentaires:
LE MONOLECTE


vu sur: Libertés internets





vendredi 16 janvier 2009

ULTRArnaque-TV



dernière mise à jour : 15/05/09


Quelques vidéos (le meilleur,le pire et le meilleur du pire ) glanées sur le "web", concernants l'affaire et les rebondissements des arrestations du 11 novembre 2008, et autour du soi disant bien fondé des régimes liberticides d'exception.





• Manif de soutien à Limoges le 11 mai 2009






ULTRA-COMPILATION






PLAY-LIST



•"Le téléphone sonne", le 05/05/2009 sur France-inter
EN 2 PARTIES





• Les avocats s'expriment-Conférence de presse du 2 avril




Source: Luismiguel2000





• Interview de Mathieu Rigouste pour www.mediapart.fr, auteur de «L’ennemi intérieur, généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France contemporaine » (Editions La Découverte)





• BIG MOTHER TV - ou la complicité active
de TF1 dans le terrorisme d'état







• Eric Dénécé chez Calvi - C dans l'air 17/12/08(Mettez le son à fond ! pas d'autre qualité disponible)



Retrouvez ces vidéos sur nos pages dans l'article :
"Elle court, elle court l'Ultragauche!" par Bloom-Bloom







• Tarnac, et l'antiterrorisme .









• Entretien avec Benjamin Rosoux (France3 Normandie)








• Entretiens avec les mis en examens de Tarnac pour Médiapart








• Eric Hazan, interview pour Mediapart








• Prise de parole en soutien aux inculpés du 11 novembre









• L'anti-terrorisme menace-t-il nos libertés ?









• Les Amis d'Orwell, émission sur "La loi Anti-Terroriste", sur Radio Libertaire.






• La MAM'if DU 31/01/09 à Paris :







RETROUVEZ TOUTES CES VIDEOS SUR NOTRE PAGE DAILYMOTION.



Ultra-gauche, Alice et les couleuvres




Ultra-gauche, Alice et les couleuvres

paru vendredi 16 janvier 2009
(11h27)sur bellaciao.org




Alice en a vu passer des lapins… ou bien était-ce des couleuvres ? Qui se rappelle Humpty Dumpty de l’autre coté du miroir ? Humpty Dumpty est un faux débonnaire : « en voilà un bel argument sans répliques » lance-t-il. Alice proteste « mais gloire ne signifie pas bel argument sans répliques ». Et l’autre de répondre : « Quand je dis qu’un mot veut dire quelque chose, c’est qu’il veut dire ce que je dis ».

La politique de la terreur est une horreur. Le 11 septembre a ouvert une panique dans ce monde. Il nous a appris que des fanatiques illuminés pouvaient tuer. Mais fallait-il vraiment nous enseigner cela ? Avions-nous vraiment oublié les tueries des fanatismes religieux, l’horreur des inquisitions, la terreur de Robespierre, la barbarie nazie, les tortures militaires, les bombes aveugles ? La guerre n’est-elle pas la plus grande entreprise de terreur ? Et cependant, un nouvel arsenal est venu nous protéger. En fait, la réplique a surtout consisté à accroître l’immense potentiel de surveillance que possédaient déjà les états. Les fichiers sont devenus plus efficaces, les caméras observent partout et désormais les satellites jettent un œil sur nos cours intérieures.


La marge est bien mince entre la protection des peuples et la restriction des libertés. Les fichiers de police, dont les fichiers ADN, ont déjà répertorié près d’un tiers de nos concitoyens. Et pourtant ils ne constituent encore que le début de l’encodage policier. Toute cette surveillance, tous ces contrôles sont faits au nom du peuple français et leur seule justification est de soi-disant défendre notre intégrité. Mais le « pays des droits de l’homme » a-t-il réellement besoin de cette armada ? Où allons-nous ? Et puis voilà quelque chose de trop, un trop qui ressemble tant à Humty Dumpty : Julien Coupat a vu son appel rejeté et la prison se refermer sur lui et sa compagne. Le parquet a refusé cette libération sur la base d’un "référé détention", prévu par la loi Perben II. Cette mesure reste exceptionnelle en France.


Si nous n’avons pas le droit de discuter une décision de justice, il nous reste pourtant le droit de rechercher le sens des mots. Or, quel langage nous parle-t-on ? Il existerait une entreprise terroriste dont l’objectif était de « retarder des trains… ? ». Les mots peuvent-ils avoir un autre sens ? L’incroyable imprécision des termes de justice autorise parfois bien des interprétations. Militer contre une politique de droite, est-ce déjà se compromettre dans une association terroriste ? Faire la grève, est-ce prendre des otages ? Protester, est-ce déjà commettre un outrage ? Peut-on rester en prison de sûreté après qu’on ait fini sa peine ? Et n’est-ce pas ce même pouvoir qui a décrété, il n’y a pas si longtemps encore, l’état d’urgence contre les enfants des banlieues.


Eh bien, se dit Alice, on dirait que chaque lutte sociale, chaque colère, chaque égarement reçoit une étiquette si définitive que même la prise de parole est devenue difficile. L’état apparaît de plus en plus comme le grand dictateur. Et puis, nous n’entendons rien de nos grands intellectuels des droits de l’homme. Ou sont-ils les Voltaire, les Zola ou les Sartre ? Qui d’entre eux ne se serait pas insurgé de ces mots réinventés, de ce qui ressemble tant à un travail de faussaire ? Les sorciers de cette nouvelle sémantique deviendraient-ils tellement illusionnistes que les analystes politiques et autres journalistes les suivent béatement confondant la critique sociale et le fanatisme ? On a menacé les enfants de prison, punis les anciens de retraite, voilà qu’on enferme les jeunes opposants en tant que DPS(1) détenus particulièrement signalés. Qui se souvient de cette fillette qui a eu tellement de peur qu’elle s’est jetée d’une fenêtre pour échapper à la police ? Il faut se demander quel pouvoir est assez policier pour ériger la peur en procédé de gouvernement. Au milieu du brouhaha médiatique qui poussait « l’ultra-gauche » vers l’opprobre généralisé, quelques timides voix ont déjà pu prendre la parole. Mais un silence assourdissant répand toujours une molle pesanteur dans la Sarkofrance d’aujourd’hui. En attendant, Julien Coupat et Yldine Lévy passeront encore une nuit dans nos oubliettes au nom du peuple français jusqu’à ce qu’on oublie cette aventure quasi burlesque si on ne parlait point d’hommes et de femmes engagé(e)s.


Pourtant je suis certain que la langue n’est pas faite pour inventer ces sens là, pour utiliser les mots comme cela. Le terrorisme est une chose bien trop grave pour y souscrire. Mais rien ne permet de confondre la critique sociale, la revendication des luttes et le fanatisme terroriste. Il est honteux d’accepter une police secrète, qui n’aurait nul compte à rendre. Il n’y a pas d’ennemis intérieurs. Seulement des peuples qui ont droit à la colère. Rappelons-nous qu’avec les mots on a fait des croisades, des inquisitions, des dictatures, des camps de concentrations et des autodafés. La réplique consiste à ne pas se taire, à disputer leur sermon, à parler partout, à bavarder sans cesse, à dénoncer les injustices, à réinventer les débats, à contester les faussaires du discours, à prendre tellement la parole qu’elle devienne la notre.


Voilà, pensait Alice, le français n’est plus la langue de Voltaire. Elle croyait cependant raisonner : « Peut-on vraiment faire dire autre chose aux mots ? » Et Humpty Dumpty de rétorquer : « La question n’est pas de savoir si je peux faire dire aux mots autre chose que ce qu’ils veulent dire, la question est de savoir qui sera le maître ».


Thierry Lodé
Professeur d’écologie évolutive
Université d’Angers


(1) DPS : La prison diffère selon les personnes Même présumé innocent et en détention provisoire, le détenu inscrit D.P.S. se voit appliquer des mesures de sécurité particulièrement sévères. Les fouilles, les transferts et les contacts avec l’extérieur seront strictement contrôlés.