jeudi 22 décembre 2011

[Livre à paraître] "Magasin général, Tarnac"




"Magasin général, Tarnac" de David Dufresne, Éditions Calmann-Lévy.
(l'ouvrage serait disponible en mars 2012)


Le blog de l'auteur c'est ici.


"Une enquête façon road movie sur les dessous de l’affaire de Tarnac. 11 novembre 2008, au petit matin. Cent cinquante policiers antiterroristes et de la Direction centrale du Renseignement intérieur (DCRI) investissent Tarnac, un village de Corrèze. Ils sont venus arrêter Julien Coupat et ses amis, suspectés d’avoir saboté quatre lignes TGV. Les interpellations, pilotées en direct depuis le ministère de l’Intérieur, se font sous l’œil des caméras. L’instant est décisif : il s’agit de prouver à l’opinion publique l’efficacité de la DCRI, le « FBI à la Française » voulu par Nicolas Sarkozy. C’est un ordre, venu d’en haut. Et c’est le début d’une terrible déroute : quand la police se fait bras armé de la politique, le fiasco n’est jamais loin. Pendant trois ans, David Dufresne a rencontré tous les protagonistes de l’affaire. Mis en examen, policiers, magistrats, membres de cabinets ministériels ; avec le temps, tous ont accepté de se confier. Des sans-grades aux proches de Nicolas Sarkozy, jusqu’aux patrons du Renseignement français, leurs propos dessinent un portrait de la France d’aujourd’hui. Logiques à l’œuvre, guerre des polices, mensonges, fantasmes, l’enquête, écrite façon road movie, transporte le lecteur au cœur du pouvoir, et du contre-pouvoir ; chez les autonomes comme dans les arcanes des services secrets. Au fil des pages, l’affaire de Tarnac devient une affaire policière (qui surveille-t-on et comment ?), une affaire politique (qu'est-ce que le terrorisme aujourd'hui ?), une affaire personnelle (celle d’un journaliste faisant l’expérience du désenchantement) et une affaire d’utopies et de fantasmes, de part et d’autre. Enquête minutieuse oscillant dans les marais des mensonges d’État, l’ouvrage met au jour avec un style original, brillant et sensible [sic], toutes les contradictions du quinquennat de Nicolas Sarkozy."




lundi 19 décembre 2011

lundi 5 décembre 2011

Paris : Dates de procès suite à une instruction antiterroriste (Fumigènes, Vierzon, Dépanneuse, SNCF)



Texte paru sur Indymedia Nantes le 4 décembre 2011
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Après plus de trois ans d’enquête, le juge Brunaud a clos son instruction à la fin du mois d’août 2011 et a décidé de renvoyer six camarades devant le tribunal correctionnel antiterroriste. La date définitive du procès sera fixée lors de l’audiencement le 13 février prochain au TGI de Paris. Des dates ont déjà été réservées, le procès devrait donc probablement se dérouler durant cinq après-midi les 14, 15, 16, 21 et 22 mai 2012 devant la 10ème chambre du Tribunal correctionnel de Paris.


Quatre affaires ont été jointes durant cette instruction et seront jugées ensemble sous le prétexte d’une même association de malfaiteurs dans un but terroriste :

L’arrestation de trois camarades avec un fumigène et des clous tordus en janvier 2008 peu avant une manifestation se rendant au centre de rétention de Vincennes

L’arrestation de deux camarades au péage de Vierzon quelques jours plus tard

L’accusation de tentative d’incendie d’une dépanneuse de la police nationale en mai 2007 au moment de l’élection de Sarkozy, sur la base de relevés ADN

L’accusation de tentative d’incendie d’une armoire électrique de la SNCF en mars 2006, au moment de la lutte contre le CPE, également sur la base de relevés ADN

Six camarades – Ivan, Bruno, Damien, Frank (Farid), Inès (Isa), Javier (Juan) – seront jugés, ils ont déjà fait de cinq à treize mois de détention provisoire. Ils sont toujours sous contrôle judiciaire depuis leur sortie de prison. Ce contrôle leur interdit de rentrer en contact entre eux pour la plupart et de sortir du territoire français sans autorisation. Ils doivent également pointer une fois par mois au commissariat ou au tribunal et être suivis par un contrôleur judiciaire (tous les mois ou tous les trois mois) pour notamment justifier de leurs activités professionnelles. Les critères du contrôle judiciaire évoluent suite aux demandes répétées des mis en examen.


Les six camarades sont accusés de :

Participation à un groupement formé en vue de la préparation d’actes de terrorisme (pour les six)

Fabrication d’engins explosif ou incendiaire (pour trois)

Tentative (ou complicité de tentative) de dégradation ou de destruction d’un bien appartenant à autrui (pour trois)

Détention et transport de produits incendiaires ou explosifs (pour quatre)

Refus de se soumettre au prélèvement ADN (pour trois)

Refus de soumettre aux prises d’empreintes digitales (pour trois)

A noter que les cinq derniers délits sont tous « en lien avec une entreprise terroriste ». Ce ne sont pas ici les termes tout à fait exacts de la justice, les motifs du renvoi de le tribunal correctionnel font dix pages, nous essaierons de les transmettre plus en détail dans les semaines qui viennent.

Pour rappel, l’ensemble de ces affaires et des actions de solidarité qu’elles ont suscitées est détaillé sur le site de « Mauvaises Intentions » :
http://infokiosques.net/mauvaises_intentions

Contact : solidaritesinculpes@riseup.net





jeudi 1 décembre 2011

"Dévoiler la surface du contrôle fait partie de la propagande"





Extrait entretien Mathieu Rigouste donné à Article 11 :

(...)

"La construction policière de l’affaire de Tarnac est emblématique du pouvoir de nuisance de ces gens. Son fiasco final, en l’espèce, ne vaut-il pas large désaveu ?




C’est un montage étrange, en effet. Il a révélé certains mécanismes et certaines stratégies dans le bloc de pouvoir. Il a suscité de larges débats et de nombreuses rencontres, des déplacements de ligne dans certains couches sociales. Ce n’est pas rien.

Pour être efficace, un montage doit théoriquement être basé sur un « choc » émotionnel, qui fait régresser le spectateur et le prépare à digérer la propagande. Or là, « ralentir des trains », ça n’allait pas faire frémir dans les chaumières... L’essentiel repose en fait dans ce qui s’est passé ensuite - fichage de tous ceux qui apportent leur soutien aux inculpés, visualisation des réseaux de solidarité et de résistance à l’antiterrorisme. Tarnac n’est pas une barbouzerie mal ficelée, c’est un avertissement, une démonstration, l’expérimentation d’une contre-insurrection de basse intensité.

Il n’est pas très gênant pour le souverain de laisser savoir qu’il est prêt à employer la tromperie. Dévoiler la surface du contrôle fait partie de la propagande, il faut laisser percevoir la perversité des montages pour diffuser la peur et générer de l’auto-contrôle. Pour mieux en masquer la mécanique interne.

Reste la grande question au sujet de la contre-insurrection : est-ce que ça marche ? Je crois que cela dépend des intérêts dont on parle, pour qui et pour quoi faire, de comment on règle cette contre-insurrection et de comment on s’en sert. Bref, du rapport de force et de la situation. Par exemple, au sujet de l’Irak et de l’Afghanistan, les théoriciens de la contre-insurrection passent leur temps à discuter de son amélioration, hésitent entre l’axer sur la propagande ou sur la terreur4, preuve qu’elle ne leur paraît jamais vraiment convenable. La contre-insurrection est en expérimentation et en rénovation constante dans le capitalisme sécuritaire. C’est un peu son programme fétiche.

Ce qu’il faut retenir, c’est que les gestionnaires du montage de Tarnac ont perdu sur le plan de la propagande et que ce n’est pas lié à une panne de leur technologie mais plutôt à une sorte de sabotage collectif. De nombreux inconnus, un peu partout en France, se sont réunis par simple solidarité avec les inculpés, ils se sont rencontrés et entraidés pour critiquer le monde qui les entoure, le démasquer et imaginer mieux. Ce type d’amitié politique est une contre-attaque."

(...)