dimanche 25 juillet 2010

Pas par moi !







Quand MAM, invitée dans la matinale d'inter du 15 juin 2010, est rapidement interrogée sur l'affaire dite de Tarnac : l'ex ministre de l'intérieur et actuel garde des sceaux finasse, elle déclare ne pas avoir utilisé le terme de "terrorisme" pour cette "histoire" contrairement aux journalistes.



Question :
"Vous parleriez toujours ... Vous parleriez encore de "terrorisme" avec ... pour cette histoire là ? ou pas ?"

Réponse :
"Heu... je ferais remarquer une chose... c'est que le terme a toujours été utilisé par des journalistes, PAS PAR MOI ! (sourire devedjianien)"



EXTRAITS (42sec) :



Pas par moi...
envoyé par ultrahumandignity




Elle doit parler des mêmes soldats-journalistes qui sont abreuvés par les fameuses "sources proches de l'enquête" (et encore plus proches du ministère de l'intérieur). Ceux là même qui grâce à des fuites organisées sont arrivés sur place le matin du 11 novembre avant le "show antiterroriste".

Si elle sait qu'elle n'a pas utilisé le terme de "terrorisme" dans cette affaire, c'est qu'elle a laissé ça à d'autres de manière bien orchestrée (ici ou ). Trop occupée qu'elle était déjà, à d'une part, se féliciter partout du résultat expéditif de l'enquête éclaire menée par la SDAT (sous direction anti terroriste) qu'elle a fait applaudir à l'assemblée nationale, et à d'autre part, nourrir par idéologie l'amalgame entre les inculpés du 11 novembre, sa dernière lubie (la nébuleuse mouvance anarco-autonome qu'elle rebaptisera "Ultragauche") et des groupes comme action directe ou les brigades rouges.

Amalgame volontaire pour alimenter une construction destinée à la "pacification sociale" au sein de la sncf comme dans le reste de la population, construction censée impressionner toute forme de contestation et attirer à sa clique le soutien des "citoyens" face à une menace désignée par l'intermédiaire des journaflics (qu'elle dénonce pourtant dans cet entretien).

Tout au long de l'enquête, elle a bien joué son simple rôle de communicante et en fut d'ailleurs remerciée par une visite de C.Guéant (secrétaire général de l'Élysée) lors d'une assemblée de son "parti de poche" : Le Chêne.

Maintenant à la justice, notre Tartarin de St Jean de Luz, va pouvoir suivre et superviser cette "histoire" jusqu'au bout, avec l'aide émérite du désormais célèbre procureur Marin surnommé à maintes reprises dans les cercles du pouvoir : "l'homme de la situation".



jeudi 8 juillet 2010

Concert de soutien aux inculpés du 11 novembre






paru sur le populaire du centre


Ils sont libres mais l'instruction n'est pas close.

Demain soir, "High Tone" donne un concert à Eymoutiers en soutien à Julien Coupat et ses camarades de Tarnac.

Le concert est organisé par leur comité de soutien, appuyé par la mairie d'Eymoutiers qui prête la salle et les groupes qui se produisent.

"High Tone" et "Filastine", deux pointures de la scène dub et trip-hop mondiale, apportent gracieusement leur soutien aux mis en examen sur leurs terres.

« Le but est de récolter de l'argent pour les aider à payer les frais de justice, explique Émilie, une des organisatrices. C'est aussi l'occasion de reparler de leur affaire en attendant que la date du procès soit fixée. Depuis un an, on est sûrs qu'ils sont toujours surveillés, sur écoute. On dirait que le gouvernement attend que le public oublie cette affaire... »



Concert le 8 juillet à Eymoutiers (à la salle des fêtes... à partir de 20h30)



mercredi 7 juillet 2010

Chambéry : des nouvelles sur l’enquête "anti-terroriste"




Dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2009, à Cognin, près de Chambéry, une explosion survient dans une usine désaffectée, coûtant la vie à une personne et en blessant une autre grièvement. La police, considérant ces deux personnes comme proches de la
"mouvance anarcho-autonome", engage une procédure anti-terroriste.

Bernard Squarcini (directeur de la DCRI) y fait allusion dans l'entretien offert au quotidien du sénateur UMP et marchand de rafales Serge Dassault.

Le Dauphiné Libéré (!) dans son édition du 2 juillet 2010 annonce que
le juge d'instruction du pôle antiterroriste de Paris vient, avec un avis favorable du parquet, de renvoyer l'affaire à Chambéry, en se déclarant ..."incompétent".
Le rédacteur du
Dauphiné Libéré n'ayant évidemment pas pris la peine de respecter l'anonymat des personnes, l'article qui suit n'a conservé que les initiales des prénoms...

[Sur cette affaire dite "
de Chambéry" : recension des articles , blog du collectif de soutien aux inculpés ...]

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L'explosion mortelle de Cognin n'était pas une affaire de terrorisme

Chambéry

L'explosion mortelle de Cognin n'est pas le résultat d'une erreur de manipulation d'apprentis terroristes.
Ce sont des experts qui le disent. Quatorze mois après avoir été saisi de l'enquête, le juge d'instruction du pôle antiterroriste de Paris vient, avec un avis favorable du parquet, de renvoyer l'affaire à Chambéry, en se déclarant "incompétent" par ordonnance, il y a quelques jours.
Il appartient maintenant au procureur général, ici, de désigner un nouveau juge d'instruction. Pour rechercher dans le registre du droit commun, entre la manipulation de produits explosifs et les causes de l'accident, si des infractions peuvent être reprochées aux jeunes mis en cause.

Dès le lendemain de l'explosion, la piste terroriste est ouverte

La piste terroriste est ouverte dès le lendemain de l'explosion dans l'usine désaffectée de Cognin. La jeune femme décédée, Z., 23 ans, et son copain, gravement blessé, M., 25 ans à l'époque, gravitent alors dans le monde parallèle des squatters, des "alternatifs", beaucoup fréquenté par des militants de l'ultra-gauche et des anarchistes.
L'enquête sur le drame prend rapidement une tournure très spectaculaire. C'est avec un déploiement considérable de gendarmes mobiles et de policiers locaux, dont les Chambériens se souviennent encore, que les hommes de la sous-direction nationale antiterroriste de la police judiciaire investissent le squat de l'ancienne usine Pilotaz puis les différents "points de chute" similaires du couple. Dans les jours et les semaines qui suivent, R., J., M. sont mis en examen pour participation à une entreprise terroriste, destruction de preuves. Ils sont détenus puis progressivement libérés avec un contrôle judiciaire qui s'est allégé avec le temps. M. a récupéré de ses blessures. Une perte partielle de sa vue est la principale séquelle à laquelle il est encore confronté. Tous les trois ont repris leurs études ou ils travaillent.
Le dernier à avoir été arrêté est T. qui vivait ici sous une autre identité, longtemps recherché, retrouvé en Europe centrale et extradé de Hongrie où il s'était réfugié il y a quelques mois. Lui aussi est sous contrôle judiciaire.
« C'est une montagne qui accouche d'une souris » résume Me Laurent Pascal, avocat de trois des jeunes gens. « On savait depuis le départ que cette enquête ne mènerait à rien, pas besoin de sortir de Saint-Cyr ! L'entreprise terroriste n'existe pas ». L'avocat de Michael Dupanloup, Me Bernard Ripert, poursuit. « C'est un regrettable accident que l'on a voulu monter en épingle, à Chambéry. C'est dans la ligne de ce qui se passe en France où l'on voit des terroristes partout. J'espère que le juge d'instruction à Chambéry saura tenir compte des conclusions de la justice à Paris pour prononcer un non-lieu ».
Car, comme il ne s'agissait pas d'une affaire de terrorisme, la justice va devoir définir ce que c'était sur le plan juridique. Au-delà d'un drame, terrible, de l'inconscience.

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REPÈRES
Les faits

Dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2009, une explosion ébranle une usine désaffectée située entre l'Hyères et la RD 1006 à Cognin. Z., une jeune Ardéchoise de 23 ans, est tuée par les débris de la bombe artisanale qu'elle confectionnait avec son compagnon, M., 25 ans. Plus en retrait, le garçon, originaire de Genève, est sérieusement brûlé et sa vue est gravement atteinte. Ils manipulaient du chlorate de soude et du sucre et un petit extincteur pour servir de récipient aux produits. D'autres jeunes gens qui les ont fréquentés sont ensuite inquiétés. Trois sont plus particulièrement visés. Ils subiront des gardes à vue double durée, des interrogatoires à Paris, réservés aux personnes soupçonnées d'activités terroristes. Deux seront incarcérés ainsi que M. .Puis, tous libérés.

Le Dauphiné Libéré le 02 juillet 2010 à 05h22

vendredi 2 juillet 2010

Bernard Squarcini, infatigable guetteur d’antichambre




Une analyse de JBB publiée le 1er juillet par article11 du publireportage de Squarcini fourni au Figaro ...
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Deux ans !

Cela fait deux ans, tout juste, que la Direction centrale du renseignement intérieur (acronyme : DCRI) a vu le jour, fier organisme né de la fusion de la Direction de la surveillance du territoire (acronyme : DST) et de la Direction centrale des Renseignements généraux (acronyme : RG).

Et la belle ambition qui a présidé à sa création - donner à la nation une corps d’élite du renseignement, façon FBI (acronyme : FBI) à la française [1] - n’a pas été prise en faute depuis.

C’est simple : la DCRI effectue un travail essentiel.

Et il est tout-à-fait naturel que son directeur Bernard Squarcini (acronyme : RDMDINAPUAUQSREL, pour "Regarde dans mon dos, il n’y aurait pas un anarcho-autonome qui se radinerait en loucedé ?") se répande un brin dans un média ami pour célébrer ce deuxième anniversaire.

Un exercice de communication mené de main de maître dans les colonnes du Figaro.

Et l’occasion pour Bernard Squarcini de prouver une nouvelle fois qu’il est the right man for the right place, comme disent nos amis américains du FBI.

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Dans Le Figaro, Bernard joue donc son rôle à la perfection.

Classique partition où il s’agit de faire peur en rassurant, de gonfler les menaces tout en les annonçant sous contrôle, d’exagérer le danger pour mieux promettre la sécurité.

Un double mécanisme pas si simple : il faut à la fois agiter un maximum de menaces potentielles - l’ennemi est partout, il est tapi dans l’ombre, il est sanguinaire, il n’attend que le plus petit signe de relâchement de la surveillance française pour frapper fort, etc... [2] - et garantir à la populace que cet ennemi omniprésent n’est pas dangereux tant que les fins limiers de la DCRI seront là pour l’empêcher de nuire.

Tu noteras qu’il s’agit là d’une fort malicieuse adaptation du mouvement universel, cercle sans fin basé sur du vent et entretenu par le baratin :
- de un, la construction politico-policière donne une existence à une menace fictive,
- de deux, les membres de la DCRI lancent une opération à grand spectacle pour circonvenir cette prétendue menace,
- de trois, la construction politico-policière se félicite de la réussite d’une intervention prouvant l’existence de la menace tout autant que la nécessité de l’action de la DCRI,
- et puis, cela repart pour un tour, et un autre encore, et ainsi de suite ad vitam eternam…

Pour illustration fournie par Bernard, « le cas de ce converti qui avait planifié fin 2008 un attentat à la voiture piégée (…) contre un bâtiment public (éventuellement le siège de la DCRI à Levallois). Au moment de son interpellation, il était sur Internet pour se procurer des produits explosifs » : il s’agissait donc - si tu prends le temps de décomposer le truc - d’un seul homme ayant envisagé de peut-être s’attaquer à un bâtiment inconnu et indéterminééventuellement le siège de la DCRI ou éventuellement pas), et le mec en question était tellement débile qu’il prévoyait de chopper des explosifs sur le net comme moi j’achète mes capotes sur E-Bay - autant dire le degré zéro du terrorisme… [3]
LA DCRI a donc déjoué un attentat fictif contre la DCRI, la menace bidonnée renforçant le poids de l’organisme : malin ! [4]
(

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En l’entretien, Bernard Squarcini explique aussi que les fins limiers placés sous ses ordres déjouent « deux attentats par an » - sans préciser s’il compte parmi ceux-ci la construction politico-policière autour de l’affaire dite de Tarnac, épatante démonstration que la DCRI s’y entend surtout à manipuler, mentir et falsifier.

Puis ce fidèle parmi les sarkozystes évoque, en un long paragraphe, la « menace d’extrême-gauche », celle-ci émanant à la fois de « l’ultragauche autonome », de la « mouvance autonomiste », de la « mouvance situationniste » (si, si…) et du « milieu alternatif ».

Une nébuleuse lexicale - en laquelle vient s’intercaler une étonnante référence à Os Cangaceiros, groupe autonome des années 1980, issu (entre autres) des Fossoyeurs du Vieux Monde [5] - qui vaut parfaite mesure des confusions et manipulations effectuées par Squarcini.

Lequel fonde la réalité de cette menace (s’incarnant autant dans d’inexistantes actions violentes que dans la concrète opposition aux sommets internationaux) sur le constat que les « mouvements contestataires restent vivaces ».

Et sur l’affirmation que lesdits mouvements « ont suivi de très près les émeutes en Grèce, accompagnées d’assassinats politiques » - si toi-aussi, tu t’intéresses à la révolte grecque, envoies moi un mail à cette adresse : j’aitrouvéunP38parterre.qu’est-cequej’enfais@gmail.com

Et ?

C’est tout.

Mais cela n’empêche pas Bernard d’assurer que « quelques clignotants s’allument » et que « nous sommes dans l’antichambre du passage à l’acte ».

C’est finalement cette expression ridicule - « l’antichambre du passage à l’acte » - qui est la plus révélatrice.

Tant cette idée de "prélude" est régulièrement, depuis trois ans, mise en avant par le pouvoir quand il s’agit de justifier l’agitation récurrente de la menace dite d’extrême-gauche.

Tu remarqueras que les préliminaires s’éternisent méchamment.

Et tu noteras que les responsables de l’antiterrorisme en sont réduits à rabâcher les mêmes mots pour donner un peu de cohérence à cette éternelle attente.

Qu’il s’agisse de "clignotants" : « Ce groupe se situait dans les prémices de l’action violente ; le stade où les choses peuvent basculer à tout moment », affirmait le même Squarcini en mars 2009 à propos des gens de Tarnac, avant d’expliquer qu’une « série de clignotants nous alertent depuis quelques années sur la montée d’une contestation anarcho-autonome. »

Ou de "l’antichambre" : un commissaire de l’antiterrorisme, cité par Bakchich, assurait ainsi en mai 2009 que « nous nous trouvons, avec ces militants de l’ultra gauche, dans l’antichambre du terrorisme. »

Je ne sais pas ce qu’en pense Bernard.

Mais à force d’être investie de dangereux pré-terroristes [6], « l’antichambre » doit être salement surpeuplée.

Et les clignotants, éternelles loupiotes intermittentes, vont bien finir par tomber en rade.

Un peu comme des bougies qu’on souffle, en somme.

Ah tiens : joyeux anniversaire !

Notes

[1] Je sais, cela fait beaucoup d’acronymes. Mais c’est bien le moins quand l’on évoque les affaires administratico-policières.

[2] Bernard Squarcini donnait un parfait exemple de ce discours dans l’hedomadaire VSD, en juillet 2008 : « La menace est beaucoup plus diffuse, beaucoup plus éloignée et concerne directement notre territoire national, notre drapeau, nos expatriés », expliquait-il, ajoutant aussi que « les espions étrangers » « sont nombreux et parmi nous ».

[3] Tu remarqueras que Bernard Squarcini était beaucoup plus affirmatif sur le sujet en mars 2009, quand il répondait aux questions du prétendu journaliste (mais vrai flic manqué) Hervé Gattegno. Il disait alors : « A la mi-décembre, nous avons interpellé (avec la section antiterroriste de la PJ) un groupe lié à Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQM) qui projetait de faire sauter une voiture piégée contre notre immeuble, à Levallois-Perret. » Depuis, le « groupe » est devenu « un converti », la cible - l’immeuble de la DCRI - s’est faite « éventuelle »

[4] Pour simplifier les choses, les mecs de la Direction centrale du renseignement intérieur devraient choisir directement certains d’entre eux pour jouer le rôle des poseurs de bombe, ce serait ensuite encore plus facile d’aller faire le kakou dans Le Figaro

[5] Je ne peux que te conseiller, si tu souhaites en savoir plus, la lecture de cet article de Basse Intensité repris par Le Jura Libertaire.

[6] Ainsi que les nommaient le rapport remis en juin 2008 à Alliot-Marie par les ex-RG (juste avant qu’ils ne soient fusionnés avec la DST au sein de la DCRI), "Du conflit anti-CPE à la constitution d’un réseau préterroriste international : regards sur l’ultragauche française et européenne".

Lettre ouverte à Bernard Squarcini




Postée, entre autres, sur Indy Nantes.

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Mercredi 30 juin 2010

Lettre ouverte à Bernard Squarcini

Cher Bernard Squarcini,

Nous postons cette lettre sur les sites d'information alternatifs Indymedia, étant ainsi assurés qu'elle vous parviendra dans les meilleurs délais.
Nous prenons connaissance ce jour de votre dernière entretien de complaisance, dans Le Figaro. Voyez-vous, cela fait trois ans que nous vous avons sur le dos, et nous commençons à connaître vos manières. En juin 2007 déjà, vous aviez choisi le même journal pour entamer votre campagne de « sensibilisation » à la menace ultra-gauchiste, avec l'assurance que vos balivernes seraient bientôt reprises par les paresseux plumitifs de tant d'autres feuilles, que vous nourrissez des mêmes mensonges de première main. A l'époque déjà, nous en avions tiré la conclusion que des rafles ne sauraient tarder, auxquelles vous prépariez ainsi le terrain. La suite est connue : prison préventive pour des fumigènes, circulaire Dati imposant la saisie du parquet antiterroriste pour de simples tags, affaire de Tarnac, section antiterroriste traquant ceux qui luttent au côté des inculpés de Vincennes ou rouvrant des enquêtes closes remontant au CPE, etc. En bonne logique, nous en déduisons que vous préparez de nouvelles opérations d'ampleur pour une date proche. Faites attention, monsieur Squarcini, vous devenez prévisible.

Naturellement, on n'arrive pas à une telle conclusion sur la simple foi de vos bonnes paroles. C'est le salut de ceux que vous servez qui l'impose. Comme on sait, le roquet qui vous tient lieu de maître ne s'agite que les yeux rivés sur sa réélection en 2012. La présidence du G20 est tout ce qu'il a trouvé pour s'acheter une stature d'homme d'Etat. C'est évidemment vain, étant ce qu'il est. Il faut toute la touchante naïveté du parvenu pour croire que l'on se mettra à le respecter en France sur la rumeur qu'il en imposerait à l'étranger. Or, qui peut ruiner cette apothéose en carton du G20, sinon ceux qui régulièrement, et encore récemment à Toronto, viennent saboter les festivités militarisées des « maîtres du monde »? Qui ? La réponse est simple : ceux que l'on s'apprête à rafler sous quelque prétexte que ce soit. Telle est la « feuille de route » que l'on vous a transmise, et qui se lit aisément entre les lignes de votre dernier interview. Un grand coup de pied s'impose dans la fourmilière « gauchiste » afin de désarçonner préventivement toute velléité de s'attaquer au prochain G20. Les mois qui viennent présentent la configuration idéale : assez éloignés du sommet pour que l'on ne fasse pas trop bruyamment le rapport, et assez proches pour que l'effet de dissuasion fonctionne à plein.

Cela fait trois ans que vous collectionnez des rumeurs, de l'ADN, des textes, des écoutes, que vous infiltrez, fichez, filez, photographiez, interceptez, notez, perquisitionnez; tôt ou tard, il faut bien utiliser l'information recueillie, car l'information aussi se périme; et il faut tout recommencer. Le moment est venu de faire en grand l'usage de tout ce que vous croyez savoir. Nous ne vous croyons pas assez stupide pour rééditer le fiasco de Tarnac; aussi cette fois-ci vous munirez-vous d'éléments plus « probants » et qui sait concerterez-vous cette opération avec quelque police étrangère : les Belges ne ruminent-ils pas depuis de longs mois contre les « vandalo-violents »? la Grèce, l'Italie et l'Allemagne depuis des décennies contre les « anarchistes », « insurrectionnalistes » et autres « autonomes » ? Seulement voilà : votre stratégie est éventée. Vos ficelles sont trop grosses, vos motivations trop transparentes. Une fois de plus, vous allez rafler des gens non pour ce qu'ils auraient fait, mais pour ce qu'ils pourraient faire. Vous allez prétexter on ne sait quel acte passé (dix vitrines cassées à Poitiers, par exemple) pour les empêcher de nuire aux plans de votre infantile monarque. Vous dites que la « détection de la menace » est le « must de votre activité », nous disons que la fusion du judiciaire et du renseignement dans la DCRI fait d'elle un organe de terreur maligne. Pour tout vous dire, nous sommes assez curieux de voir comment vous allez réussir à travestir cette pure opération de police politique en mesure salvatrice pour la démocratie.

A force de vivre sous vos yeux, nous avons fini par pénétrer vos raisons, et nous les avons trouvées bornées. Naturellement, nous comprenons que vos dirigeants soient hantés par le spectre de la Grèce. Nous comprenons aussi leur inquiétude d'être tenus par à peu près tout le monde pour les pourritures qu'ils sont. Comme le reconnaissait récemment Mathieu Kassovitz, le mystère n'est pas qu'une poignée d'« extrémistes » se révoltent, s'émeutent, pillent et cassent, mais que la masse des gens, témoins chaque jour de l'aberration, de la manigance, de l'obscénité qui les gouvernent comme des formidables crimes du régime n'entreprennent rien pour s'en débarrasser. Il devient chaque jour plus difficile de ne pas comprendre pourquoi fracasser des banques ou des sièges de multinationales pétrolières, pourquoi attaquer des commissariats, pourquoi haïr la justice, la politique et le capitalisme. En Grèce, ce ne sont pas des anarchistes qui ont tenté de prendre d'assaut le parlement, mais des grévistes conséquents. Vous semblez croire qu'en nous soumettant à un harcèlement judiciaire et policier, qu'en exaspérant un nombre circonscrit de militants inscrits dans vos fichiers vous arriverez à pousser l'un ou l'autre à quelqu'acte délirant ou indéfendable, à faire naître chez quelqu'un le raisonnement que, quitte à finir en prison, autant que ce soit pour quelque chose de sérieux, et non pour un autocollant sur un distributeur de billet. Malheureusement pour vous, nous sommes assez lucides sur la situation, et aucun d'entre nous n'aspire au rôle héroïque d'avant-garde sacrificielle. L'existentialisme armé des années 70 ne nous tente pas plus que cela, et nous savons être patients. Notre existence témoigne simplement de la profonde maladie qui frappe votre ordre social; vous pouvez bien tenter de nous anéantir, la maladie restera, intacte et toujours aussi mortelle.

Monsieur Squarcini, depuis deux ans qu'existe la DCRI, le flambant « FBI à la française » que vous promettiez n'a réussi à s'illustrer que par deux chefs d'oeuvre : l'affaire de Tarnac et l'enquête sur les rumeurs de vaudeville présidentiel, si l'on excepte sa production cinématographique, tel que le grotesque reportage d'autopromotion diffusé récemment sur France 2. Arrêtez les frais, monsieur Squarcini! Et dissolvez la DCRI avant qu'elle ne soit noyée par le ridicule; le ridicule qu'il y a, par exemple, à se vanter de déjouer des attentats contre vous-mêmes.

En vous souhaitant une prompte retraite, à Gap ou ailleurs.



Comité Central de l'Ultra-Gauche Ultra-Organisée (CCUG-UO)

jeudi 1 juillet 2010

DCRI : "quelques clignotants s'allument" !







C'est son directeur, Bernard Squarcini (déjà cité plusieurs fois sur le blog, notamment ici) qui nous offre ses repères dans un entretien donné au Figaro du 29 janvier.


Extraits :



(...)

La menace d'extrême gauche s'est-elle estompée depuis le coup de filet de Tarnac ?

Non. Lors de grands sommets comme à Strasbourg, Vichy ou Poitiers, nous apercevons toujours une frange de l'ultragauche autonome cultivant une certaine thématique anticarcérale, antinucléaire, antisécuritaire.

Ces mouvements contestataires restent vivaces et se regroupent au gré des circonstances. Cela ne veut pas dire qu'ils ne font rien entre-temps: par exemple, ils ont suivi de très près les émeutes en Grèce, accompagnées d'assassinats politiques. En France, quelques clignotants s'allument. Je pense à des actions contre l'Administration pénitentiaire, le ministère de la Justice à Paris ou encore à une vague de sabotage de distributeurs automatiques de billets. Cette situation me rappelle la mouvance autonomiste «Os Cangaceiros», hostiles au plan prison d'Albin Chalandon en 1992: il y avait des attentats contre les grues. Tout était fait pour ralentir les chantiers. Nous sommes confrontés à cette même mouvance situationniste reprise aujourd'hui par certains. La mort tragique d'une jeune femme issue du milieu alternatif en manipulant un engin explosif près de Chambéry avait été un signal fort. Nous sommes dans l'antichambre du passage à l'acte.

(...)