mercredi 20 mai 2009

Quatre éditeurs placés en garde à vue, puis remis en liberté





Paru sur nouvelobs.com, le 20 mai 2009, par Grégoire Leménager


Après Eric Hazan, qui était entendu comme témoin le 9 avril dernier par la Sous-Direction de l'antiterrorisme dans le cadre de l'enquête sur Julien Coupat, c'était, ce lundi 18 mai, le tour de quatre autres éditeurs d'être interpellés, et cette fois mis en garde à vue dans les locaux de la PJ de Marseille : François et Johanna Bouchardeau, anciens directeurs d'HB éditions, ainsi que Samuel et Héléna Autexier, de la revue Marginales, auraient diffusé un trac menaçant pour Bernard Squarcini, directeur central du renseignement intérieur.

C'est aussi qu'ils font partie du Comité de sabotage de l'antiterrorisme : un mouvement parmi d'autres, qui s'est mis en place pour soutenir les personnes arrêtées en novembre 2008 à Tarnac, et qui vient d'organiser, le 8 mai dernier, une journée de débats contre l'antiterrorisme à Forcalquier.

Selon un communiqué de la Ligue des Droits de l'Homme, qui «dénonce des méthodes et des procédures d'exception débouchant sur la violation de principes fondamentaux de l'Etat de droit», une cinquantaine de personnes se sont rassemblées à Marseille, lundi vers 18h, devant l'Hôtel de police, pour soutenir les quatre inculpés. Une cinquième personne, Bruno Chiambretto, s'est alors trouvée soumise au même régime après avoir «demandé des nouvelles de la santé de ses amis». On apprenait le lendemain que sa garde à vue était «prolongée», tandis que les quatre autres étaient remis en liberté.

Pour Maître Olivier Lantelme, avocat de trois des inculpés, c'est «une intolérable atteinte à la liberté d'expression», rapporte-t-on chez «Livres Hebdo» :

«Ces gardes à vue ont des parfums de chasse aux sorcières. Les personnes concernées sont des gens non violents, militants, qui ont une culture politique forte [...]. N'ayant pas accès au dossier, je ne sais même pas quels faits on leur reproche et sous quelle qualification pénale on les appréhende. Pourquoi leur réserver un traitement si musclé? Il suffisait qu'on les convoque.»

G.L.

PS. On se souvient par ailleurs qu'a eu lieu récemment une perquisition dans la bibliothèque de Julien Coupat : Didier Jacob vous en touchait deux mots ici l'autre jour [=> Nos bibliothèques sont-elles coupables?]. Une pétition intitulée «Je déballe ma bibliothèque» a été lancée à cette occasion, pour protester en se réclamant de Walter Benjamin, sur le site de la Mel: on y trouve près de 3000 signatures, parmi lesquelles figurent celles de Sorj Chalandon, Lorette Nobécourt, François Bon, Eric Faye, Claro, Stéphane Audeguy...

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