Yldune Lévy reste en liberté et sa défense attaque pour réclamer un non-lieu pour la jeune compagne de Julien Coupat, mise en examen dans l'enquête sur les actes de malveillance contre les lignes TGV de la SNCF. A la sortie de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris, qui a confirmé vendredi la libération de sa cliente, Me Steeve Montagne a fustigé un dossier "construit" par le parquet.
Pour l'accusation, Yldune Lévy a un "mode de vie semi-clandestin, une pensée forcément subversive. Cette construction vient de voler en éclat", a déclaré le jeune avocat. Selon lui, sa cliente, trop émue pour s'exprimer elle-même, "a une grande volonté de retour à la normalité". "Elle va reprendre ses études et assurer sa défense pour obtenir un non-lieu", a-t-il indiqué.
Le contrôle judiciaire oblige cependant la jeune femme de 25 ans, étudiante en archéologie, à résider à Paris, à ne pas se rendre à Tarnac, lieu de rassemblement du groupe soupçonné des actes de sabotage contre la SNCF, et lui interdit le contact avec les autres suspects, ainsi qu'avec les parents de son compagnon, Julien Coupat. Une quarantaine de proches étaient venus vendredi au Palais de justice et ont accueilli la décision par des applaudissements.
"On est en droit d'attendre la libération de Julien maintenant", a souligné son père, Michel Lévy. "On reste combatifs pour Julien et après sur le dossier, c'est un non-lieu, soyons clairs. On demande des excuses et un non-lieu".
Pour Michel Lévy, le dossier reste vide: "il y avait un groupe, il n'y a plus de groupe, il y avait Bonnie et Clyde, il n'y a plus de Bonnie et Clyde", a-t-il ironisé, entouré d'une forêts de caméras et de micros, suivi par sa fille et son avocat.
Le 14 janvier, le juge d'instruction Thierry Fragnoli avait ordonné la remise en liberté d'Yldune Lévy, incarcérée depuis sa mise en examen pour "destruction en réunion en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" le 15 novembre 2008.
Le parquet avait interjeté appel de cette décision en choisissant une procédure d'urgence, le référé-détention, qui permettait le maintien en détention de la jeune femme. Mais dès vendredi dernier, la chambre de l'instruction avait estimé que cette procédure d'urgence n'était pas fondée et avait ordonné la libération d'Yldune Lévy. Une décision confirmée ce vendredi après l'examen de l'affaire au fond.
Pour le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, interrogé vendredi matin sur RTL ce dossier n'est pourtant "pas vide". "Je ne dis pas que M. Coupat est coupable, (...) il est encore présumé innocent, il dispose d'une défense efficace, mais le juge est en train de voir si les éléments qui sont dans le dossier sont à charge ou pas suffisamment à charge à l'égard de ce garçon et d'autres", a-t-il nuancé.
Julien Coupat est le seul des neuf mis en examen du dossier encore incarcéré depuis le refus, vendredi dernier, d'un juge des libertés et de la détention, de le remettre en liberté. Cinq de ces neuf personnes sont soupçonnées d'avoir participé à des actes de malveillance ayant visé la SNCF. Proches de la mouvance qualifiée d'"anarcho-autonome" par la police, elles sont suspectées d'avoir formé une "cellule invisible".
Des actes de malveillance ont été commis entre le 26 octobre et le 8 novembre contre des lignes TGV. Des fers à béton en forme de crochets ont été posés sur des caténaires en Moselle, dans l'Oise, l'Yonne et la Seine-et-Marne, entraînant des retards dans la circulation de plusieurs dizaines de trains.
Source: AFP
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