mercredi 25 novembre 2009

Affaire de Tarnac: un témoignage sous X douteux?

Dernière mise à jour le 27/11/2009





Paru sur lepost.fr.
Le 25/11/2009.


Mais qu'est-ce que Jean-Hugues Bourgeois vient faire dans l'affaire de Tarnac?
Son nom ne vous dit rien?
C'est ce jeune éleveur du Puy-de-Dôme qui avait été menacé de mort, et dont les chèvres avaient été tuées et la grange brûlée.
Las, il avait fini par partir.
Avant qu'on apprenne, fin juin, sa mise en examen.
Pourquoi?
"On soupçonne mon client d'avoir lui-même écrit sa propre lettre de menaces de mort" s'indignait alors sur Le Post son avocat Me Jean-Louis Borie.




Jean-Hugues Bourgeois, Teilhet (Puy-de-Dôme).



Ok, mais quel lien avec l'affaire de Tarnac?

Et alors?

Pourquoi?

Et?
«Il est maintenant établi que Monsieur Bourgeois et le témoin numéro 42 sont une seule et unique personne» dénoncent les avocats de la défense à Libération.

Qu'avait dit Jean-Hugues Bourgeois?
Dans son témoignage sous X, il accusait le groupe de Tarnac d'avoir eu un projet de «renversement de l'Etat» et de faire «peu de cas de la vie humaine», toujours selon Libération.
Lors de cette déposition, le témoin sous X avait même précisé que Julien Coupat avait envisagé «d'avoir à tuer».

Où s'était retrouvé ce témoignage?
Il avait été repris dans le rapport d'enquête du Sdat et les réquisitions du parquet.

Et?
Problème!
Une incohérence factuelle entache cette déposition, selon Libération.

Pourquoi?
L'audition est datée du 14 novembre.
Or, l'autorisation du juge nécessaire à l'audition sous X a été délivrée la veille, le 13 novembre, à 18h58, précise Libération.
Or, Jean-Hugues Bourgeois aurait été entendu le 13 à 8h. Il s'est rendu le lendemain à Tarnac.

Qu'en pensent les avocats de Coupat?
Les policiers auraient donc ajouté des éléments, extraits de leurs dossiers, dans la déposition de ce témoin sous X, selon les avocats de Jean-Hugues Bourgeois et Libération.
Dans un courrier au juge Thierry Fragnoli, les avocats de la défense indiquent que «le témoignage recueilli le 14 novembre 2008 à 9 heures ne reflèterait pas ses déclarations».
Des avocats qui ajoutent que le témoin sous X est «maintenant identifié».
Un témoin qui a indiqué «avoir signé sa déposition sans la lire» et s'être «associé à cette supercherie sous la pression», toujours selon Libération.
"Monsieur Bourgeois ne pouvait se trouver à la fois à Tarnac et dans les locaux de la brigade de recherche de la gendarmerie" déclarent-ils à Libération.

Et maintenant?
Ils demandent l'audition des deux fonctionnaires de la Sdat, signataires du PV.



(Source: Libération)







Et  aussi:


Tarnac: le chevrier des Combrailles fait dérailler l'affaire
Paru sur La montagne
le jeudi 26 novembre 2009 - 


La révélation de l'identité de Jean-Hugues Bourgeois, jusque-là témoin sous X dans le dossier Tarnac, a fait naître une affaire dans l'affaire. Sans rien simplifier...


Lire
Le dossier "Affaire de Tarnac "
et
Le dossier " Chevrier de Teilhet "



Personne n'aurait dû savoir. Et pourtant. Quelques jours après que le témoignage sous X, à charge, a été versé au dossier « Tarnac », en novembre 2008, le nom de Jean-Hugues Bourgeois circulait. Au péril de sa vie. Les rédactions se sont tues. Les avocats de la défense des mis en examen de Tarnac ont levé, mercredi dans Libération, le secret pour faire toute la lumière sur le contenu de ce document.

1- Qui est Jean-Hugues Bourgeois ?
Un éleveur bio de chèvres aujourd'hui installé en Loire-Atlantique. Mais début 2008, c'est à Teilhet, dans le Puy-de-Dôme qu'il veut s'installer. Ses chèvres sont tuées, ses granges incendiées, sa famille menacée, il s'en va en décembre 2008. L'enquête s'oriente d'abord vers le voisinage puis conduit à la mise en examen de Jean-Hugues Bourgeois sur la foi d'une expertise graphologique. L'avocat du chevrier, Me Borie, en conteste la validité devant la chambre de l'instruction.

2 - Comment devient-il témoin à charge ?
Jean-Hugues Bourgeois est un citoyen « avec des convictions fortes » engagé auprès de la CIMADE (service oecuménique d'entraide) qui aide les sans-papiers. De son passé très à gauche, il lui reste des relations qui le conduisent tout droit, « amicalement, en voisin » à Tarnac, à une centaine de kilomètres de Teilhet. La surveillance de la ferme est déjà en place, il est connu des enquêteurs de l'antiterrorisme. De sources proches de l'enquête, c'est lors d'une déclaration spontanée aux gendarmes de Saint-Gervais (Puy-de-Dôme), alors qu'il était entendu pour l'affaire de Teilhet, que Jean-Hugues Bourgeois dit connaître le groupe de Tarnac.
Les policiers de l'antiterrorisme arrivent rapidement pour enregistrer, en novembre 2008, ce témoignage sous X. Le chevrier est à nouveau entendu en décembre mais sous son vrai nom « pour couvrir le témoin sous X des fuites » analyse Me Borie.


3 -  Pourquoi dévoiler l'identité du témoin sous X maintenant ?
Depuis le départ, et la lumière particulière donnée à l'affaire de Tarnac par la ministre Michèle Alliot-Marie, l'impression qu'il faut tenir l'accusation à tout prix est persistante.
Les avocats de la défense des mis en examen de Tarnac ont usé de toutes les armes juridiques, ils ont estimé, mercredi, que le fruit était mûr pour tomber. Qu'il fallait dénoncer ce « soupçon de falsification, de fabrication des preuves ». Ce que confirme à demi-mots l'avocat de Jean-Hugues Bourgeois. « Fabrication de preuves, je n'en sais rien. Mais avoir recueilli ce témoignage alors que mon client, en pleine affaire de Teilhet, était fragile et subissait des pressions. Oui ». Jean-Hugues Bourgeois, joint par téléphone, reconnaissait hier qu'il est « aux prises avec une affaire qui me dépasse. Depuis le début, je demande juste qu'on me laisse m'occuper de mes bêtes ». Avec un regret, ajoute-t-il, « que je ne sache toujours pas qui a tué mes dix chèvres ».

4 - A quoi faut-il s'attendre maintenant ?
Pour les proches des neuf de Tarnac, interpellés le 11 novembre dernier, cette nouvelle révélation est du pain béni. Ou plutôt un nouveau coup de boutoir dans une instruction qui s'avère de plus en plus fragilisée depuis le début du mois et la contre-enquête présentée au juge Fragnoli. Comme il n'y a pas de hasard, elle intervient le jour même de la conférence de presse organisée par la défense et plusieurs députés à l'Assemblée nationale. Ils dénoncent d'ailleurs sans détour, « une affaire d'État ».
« Rien ne peut qualifier le terrorisme sur les faits évoqués et rien ne laisse penser qu'il faudrait prolonger l'instruction », a affirmé François Hollande, considérant que « cette affaire était un fiasco ». André Vallini, député de l'Isère parle, lui, de « fuite en avant du pouvoir et de la Justice ».
Après l'interpellation de Christophe Becker, mardi matin, à Tarnac, les avocats des mis en examen estiment que « la SDAT est dans une logique de riposte ». Sans doute pas la dernière dans cette affaire? Le comité de soutien aux inculpés de Tarnac doit tenir à son tour une conférence de presse, ce matin.

Cécile Bergougnoux, Géraldine Messina et Michaël Nicolas




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Les dépositions très contradictoires d'un agriculteur, ex-témoin sous X... 
paru sur  le monde , le 26/11/2009.






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