• David Dufresne, journaliste indépendant, prépare un livre sur l'affaire dite de Tarnac. Il en parle lors d'un entretien avec les Inrocks.com. (Par Camille Polloni.)
EXTRAITS :
"On peut avoir un avant-goût de ce que vous allez balancer sur l’affaire de Tarnac ?
En dehors des aspects factuels, parfois passionnants - comme la guerre des polices au plus haut niveau, les nouveaux moyens de surveillance ou l’arsenal anti-terroriste à géométrie variable - j’essaierai de mettre justement toutes les cartes sur la table. De raconter par le menu qui j'ai vu, comment, et à quelle fréquence. De décortiquer comment l’«information» s'est fabriquée. Dans les ministères, dans les journaux, sur le Net. De raconter aussi comment je me suis fait avoir par tel ou tel, mes doutes, mon désenchantement sur le métier, ma joie de rouler vers la Corrèze, d’entendre et de voir des gens que tout oppose prendre des risques (judiciaires ou de carrière), parce que les uns et les autres croient en un idéal."
• Il revient également sur son soutien à Denis Robert et sur la profession de journaliste d'investigation.
EXTRAITS :
"Ce sont bien plus les rouages de l’investigation qui m’intéressent que les écarts de tel ou tel. La machine doit être démontée, pas les machinistes. Précisément ce que la majorité des investigateurs - pas tous - se refusent bien souvent à faire, préférant le storytelling et la peoplisation des affaires.(...)
Comment ce qui devrait/pourrait être/était l’un des genres nobles du métier, avec le reportage, est devenu un produit d’appel, une savonnette toute juste bonne à permettre à quelques éditorialistes de glisser sur l’actualité ? L’affaire de Tarnac est en effet un beau cas d’école. Course à la quête du PV, du rapport de police, de l’indiscrétion judiciaire, quitte à balancer tout et n’importe quoi, à faire dérailler des trains qui n’ont pourtant été que stoppés. Et, surtout, une propension frénétique à rester dans 90% des cas dans la seule logique policière. Comme si celle-ci était unique ou même suffisante. Voilà les limites de l’investigation actuelle à mes yeux : se contenter bien souvent des petits éléments factuels (absolument essentiels mais résolument trop courts), pour oublier les lignes de force, les enjeux profonds, les rencontres, la pâte humaine. La mise en danger de soi-même, de ses certitudes, la confrontation avec tous les acteurs, et pas seulement ceux issus des institutions. Un oubli qui, de plus, conduit à une folie douce : quoi de plus terrible pour un journaliste que de mettre en cause quiconque (je dis bien quiconque) sans jamais (ou sans toujours) avoir le courage, le temps ou l'honnêteté intellectuelle de s'adresser directement aux intéressés, en se contentant d’une parole recueillie dans des conditions particulières (chez le policier, chez le juge)? Ceci est pourtant devenu monnaie courante, y compris dans les titres les plus galonnés.(...) Ma tribune pour Denis Robert en est la traduction."
Pour retrouver l'intégralité de l'entretien, cliquer ici .
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