lundi 30 mars 2009

Pseudos rebondissements dans l'affaire dite "de Tarnac"







Paru sur Mediapart.fr le 27/03/09

Par Benjamin épicier-terroriste

Voici un texte de clarification paru sur le site des comités formés dans le sillage du 11 novembre et de l'affaire de Tarnac en réaction à la magnifique opération de contre-information et de brouillage médiatique des services de l'Etat et autres "sources proches de l'enquète", que de nombreux organes de presse se sont empressés de relayer, occultant un article d'une autre teneur paru dans le monde de mercredi.

source: www.soutien11novembre.org


Pseudos rebondissements dans l'affaire dite "de Tarnac"

La journée d’hier a été l’occasion de pseudos rebondissements dans l’affaire dite de Tarnac.

Dans un premier temps, un article du journal Le Monde revient à nouveau sur l’enquête judiciaire : une journaliste ayant visiblement eu accès à l’intégralité du dossier d’instruction. Décrivant sur toute une page ce qu’elle y a découvert, elle en arrive à cette conclusion (la même que tous ceux qui ont pu accéder à ces informations) : la justice ne dispose d’aucun élément matériel permettant d’étayer l’accusation "d’association de malfaiteur en relation avec une entreprise terroriste". L’article détaille par ailleurs les mesures toujours plus délirantes qui furent mises en oeuvre pour surveiller Julien pendant plusieurs mois : écoutes, caméras dans les arbres, intervention des services financiers, courrier ouvert, filatures, enquêtes de voisinage, etc.

Quelques heures après la sortie de cet article, l’accusation s’est fendue d’une brève contre-attaque. "Non non le dossier n’est pas vide" : la police prétend avoir "découvert" plusieurs documents informatiques permettant de légitimer l’accusation de terrorisme : des textes évoquant l’ouvrage "l’Insurrection qui vient", une quittance EDF ("qui aurait pu servir à d’éventuelles falsification"), et un "manuel" de 60 pages (!) expliquant la fabrication de bombes artisanales. La police et le parquet sont visiblement à la peine pour tenter de relancer l’intérêt pour cette affaire. Personne ne croira sérieusement à la "découverte", sur des ordinateurs saisis il y a 4 mois déjà, de "nouveaux" documents accablants. Il ne faut pas plus de quelques heures pour faire le tour d’un disque dur. Une partie du matériel informatique a d’ailleurs été inspectée durant les gardes à vues. Ces documents sont-ils si crédibles qu’il n’a même pas été nécessaire de les évoquer plus tôt dans l’enquête ? Où découlent-ils de pures falsifications ? Ces basses manoeuvres sont celles d’une accusation visiblement en perte d’arguments.

Malgré la grossièreté de telles opérations, il n’en a pas fallu beaucoup plus à certains médias pour relayer cette information "croustillante", participant (encore une fois) pleinement à cette nouvelle opération de propagande (qui vise à faire oublier la faiblesse du dossier d’instruction). La police se délecte : elle a non seulement réussi à réactiver l’imaginaire terroriste (grâce au simple mot "bombe"), mais elle prétend à partir de ces "nouveaux éléments" pouvoir user de cette spécificité française qu’est l’accusation d’"association de malfaiteur en relation avec une entreprise terroriste" - qui permet des condamnations préventives sur des présomptions d’intention, même quand aucun acte ne peut être imputé aux inculpés. Gageons que ces pseudo révélations feront long feu, comme nombre d’éléments dans cette affaire qui, avant d’être totalement décridiblisés, furent brandis victorieusement par les fins limiers de la SDAT. Il serait d’ailleurs temps que l’accusation cesse de se ridiculiser jour après jour.

Rappelons enfin que cette offensive intervient alors que les inculpés ont publié il y a peu une lettre ouverte à leurs juges, et tandis que le pouvoir accentue les opérations répressives dans la crainte de troubles sociaux (poursuites judiciaires à la suite de la manif du 19 mars, lois anti-bandes, réincarcération de Farid, sommet de l’OTAN).



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