vendredi 4 juin 2010

Sur une initiative parlementaire ...




"(...) nous sommes ceux, tous ceux qui éprouvent la nécessité tactique de ces trois opérations :
1. Empêcher par tous les moyens la recomposition de la gauche.(...)"

extrait de la proposition VII de l'APPEL


C'est en lisant un billet sur le blog de Claude Guillon (déjà cité ici , ici et ici) que l'on apprend l'initiative de parlementaires "PS, Verts et (autres) apparentés", à savoir organiser le lundi 21 Juin à l’Assemblée Nationale un colloque consacré ... au "Bilan de 25 ans d’application des lois Antiterroristes" (!)

Un projet politicien apparemment soutenu (?) et relayé (voir plus bas) par un très proche d'inculpé-de-l'affaire-de-Tarnac.

Voici la prévision du programme de ce colloque et les intervenants que les joyeux promoteurs pensaient inviter :

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COLLOQUE : LES LOIS ANTITERRORISTES - 25 ANS D’APPLICATION - BILAN

PROJET DE PROGRAMME

MATIN : 1er Table ronde 10H30 -12H

Histoire et contexte des lois antiterroristes

Participants envisagés : Delmas -Marty/Antoine Comte, Loic Wacquant/Mathieu Bouduelle, Ch.Salmon/Cl.Guillon, E. Fassin/G. Thiel.

thèmes : France, Europe, U.S.A

Modérateur : André Vallini/Marylise Lebranchu


12H - 14H : repas et conférence de presse

APRÈS -MIDI : 2eme Table ronde 14 H - 15H30

De quoi le terrorisme est-il le nom ?

Participants envisagés : A. Badiou, J. Cl. Paye, A. Brossat/G. Manceron, M. Flotté/Sainati

Modérateur : P. Braouzec


3ème Table ronde 15H30 -17H

Les victimes des lois Antiterroristes

thèmes abordés : jeunes, migrants, boucs émissaires,

Les dispositifs mis en place ( fichiers...)

Participants envisagés : J.P. Dubois, Mathieu Rigouste/Rony Brauman, Eric Hazan, E. Perreux

Modérateur : N. Mamere


SYNTHESE : R. Badinter/E. Pleynel

Date : 21 Juin 2010

Lieu : Salle de Conférence Assemblée Nationale - Paris .

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Outre la participation de représentants de partis gestionnaires de l'Etat policier, de sa justice de classe... [ groupes parlementaires majoritaires de 1997 à 2002 qui ne sont jamais revenus sur les dispositifs antiterroristes -ceux de 1986 et 1996- et leurs régimes d'exception (on en parle ici et ) et qui ont fait voter en 2001 la LSQ ] on trouve comme souhait d'invité à cette sauterie ... Gilbert Thiel. Un juge antiterroriste...

Mais les députés organisateurs désirent aussi y voir ... Claude Guillon. Et il fallait un messager pour l'invitation ...

La suite ci-dessous vient de .

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COUCOU PAPA !

Lettre ouverte à M. le docteur Gérard Coupat
mardi 18 mai 2010.

Je reproduis ci-dessous un courriel reçu de M. Coupat (père), ainsi que ma réponse.

[NB Les capitales figurant dans le texte de M. Coupat sont dans l’original.]


[Gérard Coupat à Claude Guillon ; 17 mai 2010]

Bonjour Monsieur,

Un groupe de députés PS, Verts et apparentés (en particulier A. Vallini, N. Mamere, P. Braouzec) ont pris l’initiative d’organiser le Lundi 21 Juin à l’Assemblée Nationale un colloque consacré au Bilan de 25 ans d’application des lois Antiterroristes.

Les organisateurs, considérant que votre présence à l’une des 3 tables rondes sera d’un apport considérable au débat, désirent que vous puissiez accepter d’y participer.

Qu’en pensez- vous ?

L’auditoire sera composé de Parlementaires, Membres d’associations, Magistrats, Universitaires, Journalistes, Syndicalistes notamment.

À cet effet, je vous remercie de m’informer le plus tôt possible de votre accord pour participer à cette réflexion.

Bien respectueusement.

Dr G. Coupat [N° de téléphone portable]


[Claude Guillon à tout le monde ; 18 mai 2010]

Mon cher Coupat,

Je reconnais qu’à la lecture de votre aimable courriel m’invitant à participer, le 21 juin prochain, à l’Assemblée nationale, à un colloque intitulé « Les lois antiterroristes, 25 ans d’application : bilan », ma première réaction a été le soupçon.

S’agissait-il pas d’une facétie, peut-être ourdie par votre descendance ?

Mais après tout, quand on a le mauvais goût de baptiser Calas un comité pour l’abrogation des lois antiterroristes (Pourquoi pas Dreyfus, tant que vous y étiez ?), on peut bien envisager sans rire de confier la modération d’un débat sur le sujet à Mme Lebranchu, ancienne garde des Sceaux, et du colloque entier à M. Badinter, partisan enthousiaste du nouveau « mandat d’arrêt européen ».

Ma seconde réaction a été de tentation.

Dame ! Une sauterie à la Chambre... Pour un anarchiste, ça ne se refuse pas comme une convoc au commico !

Hélas ! mon fournisseur de pentrite s’est fait sottement pincer en Albanie avec deux kilos. De sorte que je me trouve dépourvu.

« Considérant, écrivez-vous, que [ma] présence sera d’un apport considérable, les organisateurs désirent que [je] puisse accepter d’y participer ».

L’embarras de la tournure compense un peu ce que la proposition a d’insultant.

Que n’ont-ils eu, ces parlementaires, les mêmes hésitations avant de voter ou laisser voter par leurs piteuses abstentions, les textes dits « antiterroristes » dont ils prétendent aujourd’hui faire le « bilan » !

Mais peut-être n’ont-ils pas lu davantage les textes adoptés sous leur responsabilité que le livre publié par moi en septembre 2009 aux éditions Libertalia, La Terrorisation démocratique, qui me vaut sans doute votre surprenante invitation...

On mesure l’intelligence et la capacité d’attention de ces gens au fait que, sur trois mots d’un titre, ils se montrent incapables d’en comprendre deux (totalisant, il est vrai, pas moins de neuf syllabes).

On saisit mieux, du coup, la navrante imbécillité des débats parlementaires sur des textes qui mettent en jeu la vie de milliers de personnes. Je ne sais si vous avez eu la curiosité de vous y reporter. Si c’est le cas, vous avez pu vérifier que la formule préférée de ces gens, à propos d’une énième loi dont ils ne prévoient aucune des conséquences, est la suivante : « Ce texte a le mérite d’exister ».

À mes yeux, cher docteur, cette engeance a le tort d’exister.

Loin de me soucier de ses états d’âme, je souhaite bien sincèrement sa disparition, ainsi que celle du système capitaliste dont elle constitue le personnel de maintenance.

Pas de justice, pas de respect !

Claude Guillon


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6 commentaires:

  1. Quand bien même je comprend tout à fait la réaction de C.G., je suis surpris qu'il s'en prenne comme ça au porteur du message.

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  2. Merci pour ce post A.

    Il a le double avantage de présenter ce projet de colloque prévu pour le 21 juin, et d'exposer des positions différentes qui peuvent déjà exister entre les opposants aux lois anti-terroristes.

    Si il est vrai que je trouve le ton de la réponse de C.Guillon particulièrement piquant envers le messager (comme le fais remarquer Tchopendoz), il précise cependant très clairement pourquoi il décline l'invitation, et sa réponse a le mérite de mettre en doute les illusoires futurs bénéfices d'un débat public (même pavé de bonnes intentions) qui pourrait être arbitré par un agrégat de co-responsables de la situation actuelle (groupes parlementaires, juge anti terroriste, anciens gardes des sceaux, sénateur…).

    À travers cet échange de courrier, on retrouve une divergence de point de vue et de projets qui ne datent pas d'hier et que l'on peut retrouver dans beaucoup de "causeries" :

    • Sans cesse faire bouger les lignes depuis l'intérieur de ce projet global qu'est devenu cette pseudo démocratie.

    ou

    • Tendre vers l'instauration d'une démocratie véritable (société autonome), où la sphère publique le resterait en ne devenant pas un objet d'appropriation par des groupes particuliers.

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  4. Celui qui me flatte est mon ennemi, celui qui me réprouve m'enseigne.

    Proverbe autonomiste

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  5. Commentaire du 21 juin 2010 de Claude Guillon à la "petite nouvelle" http://ultrahumandignity.blogspot.com/2010/06/petite-nouvelle.html :

    "Tous ces gens sont bien polis (pas comme moi !) et bien tolérants aussi. Une orthographe encore pire que la mienne, mais beaucoup d’éducation. Pour vous dire, ils comprennent très bien qu’un anarchiste refuse de fréquenter les salons de l’Assemblée nationale ! Je suppose qu’ils admettent également qu’un catholique pratiquant fasse maigre le vendredi...

    Ça vous place d’emblée le débat à un niveau stratosphérique.

    Lequel débat ne quitte pas ces hauteurs lorsque l’on apprend qu’il convient de s’interroger sur « la transformation de l’État de Droit en outil sécuritaire ».

    Vous vous rendez compte ! Il se passe des trucs dingues dont on n’entend jamais parler ! Il y avait un État de droit ? Et on me prévient quand il se transforme en outil de maintien d’un ordre social ?

    Au moins, ne me dites pas que c’est au service de la domination d’une classe sociale !

    Assez ri.

    Aux gens qui conspirent sa ruine, il ne peut être ni « utile » ni « agréable » de « poser la question » de la dissolution ou de la réforme d’un service particulier de l’État.

    C’est une niaiserie et un mensonge, tout juste bons à émoustiller les politiciens, en herbe ou confirmés."

    http://claudeguillon.internetdown.org/article.php3?id_article=290

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  6. Ajout (4 octobre 2010)
    http://claudeguillon.internetdown.org/article.php3?id_article=290

    "Le fameux-fumeux colloque est annoncé pour le LUNDI 18 OCTOBRE 2010 (9h30 - 18h00) à l’Assemblée nationale (Salle 6217).

    Le programme est placé sous le parrainage théorique et tartarinesque de M. Badinter, promoteur et laudateur du mandat d’errêt européen, dispositif européen antiterroriste si banalisé que les flic eux-mêmes (en GB, il est vrai) constate qu’il engorge le système des extraditions.

    Je reproduis la citation afin que l’on ne sous-estime le sens de l’humour de ces gens :

    « Juridictions d’exception ou lois d’exception, nous n’avons pas à les supporter, ni à les conserver. Elles sont inutiles, précisément du fait de leur caractère exceptionnel. Elles sont dangereuses au regard de notre liberté. Elles sont, enfin, détestables pour l’esprit même de nos lois ».

    Robert Badinter 1981, Garde des Sceaux."

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