dimanche 20 février 2011

Tarnac : les mis en examen vont déposer trois plaintes contre la police

dernière mise à jour le 23/02/11

Paru le 20/02/11 sur www.lesinrocks.com




Julien Coupat et Yildune Levy portent plainte contre la police pour faux et usages de faux en écriture publique, subornation de témoin et interceptions illégales.

Un nouveau round commence dans le combat qui oppose le “groupe de Tarnac”, mis en examen pour des actes terroristes, aux policiers et juges chargés de l’enquête. Après avoir demandé la requalification des faits en simples sabotages - refusé en mai 2009 - l’annulation de pièces de la procédure - refusé en octobre 2010 - et la réalisation de plusieurs actes d’enquête qui pourraient les disculper - refusé ou ajourné - les mis en examen passent à l’étape supérieure.

Selon les informations recueillies par Les Inrocks, ils vont déposer trois plaintes (contre X mais visant clairement les policiers de la sous-direction antiterroriste, Sdat) pour interceptions illégales, subornation de témoin et surtout faux et usages de faux en écriture publique.

Julien Coupat et Yildune Lévy espèrent ainsi démontrer devant la justice que le procès-verbal de leur filature, dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008, et les versions policières successives tendant à le contredire plutôt qu’à le confirmer, constituent une manoeuvre de la Sdat pour affirmer leur culpabilité sans preuve.

Le PV 104, un faux?

Cette nuit-là, une vingtaine d’agents de la Sdat et de la DCRI suivent une Mercedes occupée par deux “membres de la mouvance anarcho-autonome”, en Seine-et-Marne. Les policiers voient le couple s’arrêter dans une pizzeria, dormir quelques heures dans la voiture à Trilport puis reprendre la route avant de stationner à nouveau, à proximité d’une voie ferrée sur la commune de Dhuisy. Puis leur véhicule retourne à Paris.

Au petit matin, près de l’endroit où s’était garée la voiture, le passage du premier TGV provoque une gerbe d’étincelles qui attire l’attention des policiers. Les suspects sous surveillance ont-ils commis un acte de sabotage?

Sur la foi du procès-verbal de filature dressé ce jour-là, désormais connu sous le nom de “PV 104”, Julien Coupat et Yildune Lévy sont arrêtés, mis en examen et écroués pour direction d’une association de malfaiteurs à vocation terroriste. Ils risquent la cour d’assises spéciales, même s’il n’y a eu ni morts ni blessés, le trafic SNCF ayant simplement été perturbé. Ni photos sur les lieux, ni traces ADN, ni aveux ne viennent prouver leur culpabilité.

Le rapport des policiers renforce les doutes

Plus de deux ans après l’ouverture de l’enquête, dans laquelle dix personnes sont mises en examen, le récit de cette nuit de filature varie selon les policiers interrogés et les contradictions apportées par la défense. Impossibilités temporelles, divergences entre les observations : le déroulement de ces quelques heures reste si flou que le juge d’instruction a exigé des policiers, un an après les faits, qu’ils s’expliquent sur le compte-rendu. Ils ont rendu leur rapport en juin.

Les nouvelles pièces d’exécution, qui devaient “préciser” certains points incohérents de l’enquête de police, n’ont ajouté que de nouvelles invraisemblances”, estiment les avocats des mis en examen, maîtres William Bourdon, Jérémie Assous et Thierry Lévy.

Montage policier ou travail de cochon? En tout cas, le résultat décrédibilise largement le professionnalisme de la police antiterroriste. Les incohérences de l’enquête et les questions sans réponses ont décidé Julien Coupat et Yildune Levy à porter plainte pour faux et usages de faux en écriture publique. Ce crime, s’il est commis par des personnes dépositaires de l’autorité publique, est puni de 15 ans de prison et 225000 euros d’amende.

Ils porteront plainte également pour subornation de témoin : une connaissance de Julien Coupat avait témoigné contre eux anonymement, avant de se rétracter, parlant de pressions policières visant à orienter son témoignage dans le sens de l’accusation.

Une plainte pour des écoutes illégales de l’épicerie de Tarnac, effectuées avant le début de l’enquête préliminaire et découverte par hasard par un agent de France Télécom, vient compléter le tableau.

Deux perches tendues au bon moment

Ce vendredi, le Nouvel Obs se fait l'écho d'une nouvelle piste, opportunément communiquée par les enquêteurs quelques jours avant le dépôt des plaintes dont nous avons eu connaissance.

En février 2010, la brigade fluviale avait fouillé la Marne, qui passe à 20 km des voies TGV. Elle y trouve deux tubes en PVC longs de deux mètres, qui emboîtées l’une dans l’autre à l’aide d’un manchon recouvert de scotch auraient pu servir à hisser le crochet sur la caténaire. Pas d’ADN, des “preuves matérielles” recueillis un an et demi après les faits, peu importe : selon la police ce sont probablement les perches dont se serait débarrassées Julien Coupat dans la rivière lors d’un arrêt sur la route du retour.

Reste quelques questions : Pourquoi fouiller la Marne plus d’un an et demi après les faits? Comment attribuer à Julien Coupat, qu’aucun policier n’a vu sortir les perches et les jeter à l’eau, l’achat en liquide de ces objets lors d’un instant où il aurait échappé à la surveillance policière? Pourquoi la police ne mentionne-t-elle que maintenant l’existence d’une balise GPS sur la Mercedes, dispositif illégal s’il n’est autorisé par un juge des libertés et de la détention?

Lire l'intégralité de l'article dans Les Inrockuptibles n°795 du 20 février 2011.






+ La réaction de Me Assous sur Europe1 le 22/02/11 :


"Ils étaient sur la lune les policiers !"




2 commentaires:

  1. Salut UHD

    récapitulatif mathématique:

    - Il y a un an, les plongeurs de la Brigade fluviale retrouvaient des tuyaux en plastique dans la Marne, sur la commune de Trilport (77), à l'endroit même où le militant d'ultragauche Julien Coupat et sa compagne Yldune Lévy avaient fait une halte la nuit du sabotage. En tout, cinq barres en PVC avaient été récupérées dans l'eau. Deux d'entre elles, de deux mètres de long chacune, avaient été emboitées l'une dans l'autre à l'aide d'un manchon recouvert de scotch noir.

    - Le ticket de caisse Bricorama est émis à 14h20. Il comporte cinq éléments : deux tubes en plastique, servant en plomberie à l'évacuation des eaux, un manchon pour les relier et deux autres articles soldés à 2,50 euros, non-identifiés par des codes-barres.

    5 barres repêchées et deux barres achetées...
    Y'a comme qui dirait un problème !

    - Julien Coupat disparaît donc des radars de la police de 12h à 14h50, heure où son véhicule refait surface, toujours Porte de Châtillon, et met le cap vers la Seine-et-Marne.

    2h50, c'est le temps qu'on pris les gros pour aller manger (certainement une fiche de frais à cette même date).

    amitiés

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  2. salut UHD

    Comme tu as vu, ils viennent même convoquer l'alter/espion Mark Stone alias Mark Kennedy pour jouer le plombier de service...

    Je ne pensais sincèrement pas autant rire de toute cette affaire !

    Vivement le prochain rebondissement avant les cantonales...

    amitiés

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