Un premier texte d'appel a été diffusé sur Indymedia Paris le 9 février.
Un autre texte [reproduit ci-dessous] est paru sur Indymedia Nantes le 11 février.
Un tract avec les lieux mis à jour de cette semaine de solidarité et de luttes est disponible ici.
Semaine de solidarité et de luttes : un autre texte
12,13 et du 20 au 27 février 2011 à Paris... comme partout.
On a souvent l’impression de vivre dans un monde où rien ne change. D’un côté les riches continuent de s’engraisser effrontément sur notre peau, et d’un autre l’Etat renforce toujours plus son contrôle sur nos vies : occupation policière des quartiers, vidéosurveillance, fichage, réquisition préfectorale de grévistes, multiplication de lois sécuritaires, déportation des sans-papiers et des Rroms, chasse aux vendeurs à la sauvette, incarcération et psychiatrisation croissante de franges entières de la population...
Cependant, dans cette vaste prison sociale où l’on tente de survivre ente boulots de merde, allocations grattées aux pompiers sociaux et illégalismes de la misère, il arrive que le couvercle saute. Ce fut par exemple le cas lors des émeutes enflammées parties des banlieues en novembre 2005, ou lors des manifestations sauvages au printemps 2006 contre le CPE. Et cela a pu se produire parfois à partir des blocages sur tout le territoire pendant le dernier mouvement contre les retraites.
Le pouvoir a beau tenter de serrer toujours plus les vis et les ceintures, la révolte est toujours prête à exploser, inattendue et souvent hors contrôle.
En juin 2008, la prison pour étrangers de Vincennes crame après plusieurs mois d’affrontements. En se rendant justement à une manifestation de solidarité, Bruno et Ivan sont arrêtés en janvier 2008, puis incarcérés pour des fumigènes et des clous tordus. Ils font plus de quatre mois de prison avant de se soustraire au contrôle judiciaire, et de se faire la malle. En décembre dernier, Bruno est repris par les chiens en uniforme. En février, c’est au tour d’Ivan. Ces deux camarades sont désormais incarcérés, avec en plus une accusation d’ "association de malfaiteurs à finalité terroriste" !
Le procès des 10 sans-papiers inculpés de l’incendie du centre de Vincennes se profilant pour janvier 2010, de nombreuses initiatives de solidarité se multiplient contre la machine à expulser dans plusieurs villes (tags, débats, banderoles, manifestations, sabotages, occupations...). L’Etat souhaite maintenant présenter une nouvelle fois l’addition à une partie de ceux qui ont participé à cette lutte : après une quinzaine de perquisitions l’an dernier et une dizaine de mises en examen, Olivier et Dan sont en taule depuis janvier. Pourtant, on sait bien qu’aucune répression ne saurait arrêter la lutte. S’il en était encore besoin, les mutineries dans les centres de rétention de Bobigny et de Vincennes à l’automne 2010, ou encore l’opposition d’une trentaine de passagers d’un vol Air France à l’expulsion de sans-papiers mi-janvier 2011 en témoignent.
Nous continuerons à nous solidariser avec les révoltes des indésirables chassés du paradis marchand occidental, tout comme nous continuerons à nous battre pour un monde sans patrie ni frontières.
A deux pas d’ici aussi, la révolte explose contre des conditions de vie insupportables : qu’il s’agisse des émeutes incessantes en Algérie, ou du soulèvement en cours en Egypte, après bien sûr celui en Tunisie. Certains en parlent même déjà comme d’une révolution, alors que rien, ou si peu n’a vraiment encore changé. Les patrons continuent d’exploiter à vil prix dans leurs bagnes industriels, touristiques ou portuaires, l’Etat reste en place en présentant une façade un peu moins autoritaire, l’opposition tente de récupérer la mise pour se partager le gâteau. « Alors, tout changer pour que rien ne change » ? Même soumis à un « régime démocratique », on constate chaque jour ici que l’Etat n’en reste pas moins assassin, l’exploitation féroce et la misère la règle.
Pour peu qu’on sache s’en saisir collectivement, une possibilité reste néanmoins toujours ouverte : s’organiser sans chefs ni médiations (sans partis ni syndicats, sans religieux ni militaires), pour enfin tout bouleverser... pour une liberté démesurée.
Car au fond, c’est toujours et partout le même chantage. Il faudrait se tuer au travail ou crever au chômage pour des miettes. Dans le vaste flux de marchandises en circulation, dont nous faisons tous partie, rares sont alors ceux qui parviennent à s’en sortir. Face à la CAF ou à Pôle Emploi, à un patron ou une agence d’intérim, on est pris dans un même mouvement qui combine massification de la galère et atomisation de chacun, nous condamnant à une survie dont on ne voit jamais la fin. Si on sent bien que notre situation ne peut que s’aggraver, beaucoup se débrouillent déjà au quotidien pour saboter ou bloquer les cadences, détourner ou perruquer le sacro-saint outil de production, multiplier l’absentéisme ou les malfaçons.
Alors, comme il n’y a vraiment plus beaucoup à perdre, reprenons enfin nos vies en main, loin de l’esclavage salarié et de la mendicité servile !
Nous appelons donc à une semaine de luttes et de solidarité qui, au lieu de partir de la répression et de ses spécificités, continue à diffuser les luttes et à défendre les idées que l’Etat cherche à briser : par exemple celles contre les centres de rétention et la machine à expulser, mais également la solidarité avec les révoltés des deux côtés de la Méditerranée. Si nous proposons un cadre collectif au cours de cette semaine-là, il ne s’agit pas pour autant d’aplanir les différences des uns et des autres derrière un énième « front commun contre ». Nous souhaiterions plutôt que chacun s’en saisisse pour échanger et se confronter, et lance différentes initiatives qui se répondront les unes aux autres dans une perspective anti-autoritaire : pour un monde sans frontières ni enfermements, sans Etats ni exploitation, refusant toute médiation, afin de se débarrasser de toute domination, qu’elle soit « démocratique » ou pas.
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