Tribune de Mathieu Rigouste
parue dans Pays Basque Info le 10 mai 2010
L’expression «guerre sale» est trompeuse parce qu’elle laisse entendre qu’il existerait des guerres propres. Or, ce qu’on désigne généralement par ce terme, ce sont des techniques de guerre dans la population, de guerre contre le peuple, de guerre intérieure. L’armée française est mondialement connue pour son excellence dans ce domaine depuis qu’elle a expérimenté la doctrine de la guerre contre-révolutionnaire en Indochine, au Maroc et en Algérie dans les années 1950.
Il s’agit d’un système de techniques cherchant (en vain, l’histoire l’a montré à plusieurs reprises) à contrôler totalement la population en la soumettant par la peur, en lui désignant massivement des ennemis intérieurs à isoler et purger, en employant la manipulation, la provocation, le fichage et la surveillance, le quadrillage et l’internement, la criminalisation et la coercition. Il s’ exprime généralement par une militarisation du contrôle et la prolifération industrielle contre la population colonisée d’ agressions, de tortures, d’ assassinats et de disparitions.
Ce système est aussi appelé contre-insurrection, la police française se l’ est approprié dès les années 1950, en tentant de l’ appliquer au contrôle des communistes et des colonisés. À partir de 1968, l’ État français comme nombre des États ayant adopté ces techniques dans leurs armées a commencé à transformer ce répertoire pour tenter de l’ employer pour le contrôle social de la population en général et des classes populaires en particulier. C’ est l’ un des actes de naissance du système sécuritaire.
Depuis, ces pratiques se développent et se transforment là où l’ État perçoit qu’ il ne dispose plus du monopole de la violence légitime. Dans les quartiers populaires, contre les mouvements révolutionnaires et les résistances sociales, contre les peuples en lutte pour leur autodétermination, ces méthodes s’ appliquent de manières différentes mais un schéma persiste : immuniser la population contre la subversion, faire participer la population à son propre contrôle, écraser toute forme d’ insoumission.
On retrouve nombre de ces éléments dans les dernières opérations politico-policières contre des militants basques depuis un an : la disparition de Jon Anza, les rafles du 27 et 29 juin 2009 puis celles de la fin mars 2010 contre des militants de SEGI et de la gauche abertzale, des tortures et des menaces de torture à l’ encontre de personnes interpellées au cours de ces rafles, des interrogatoires violents (avec menaces, mensonges et pressions), des incarcérations sous mandat anti-terroriste pour empêcher toute défense, des mises sous contrôle judiciaire pour briser la vie sociale, un matraquage médiatique de figures du «terroriste nationaliste».
Dans le cas des «Irlandais de Vincennes» en 1983, des «islamistes de Folembray» en 1994, des «anarcho-autonomes de Tarnac» en 2008 ou des «terroristes basques» cette année, on assiste à un même type de montage médiatico-policier : la construction médiatique et politique d’une «menace terroriste cachée dans la population» puis un «coup», en l’occurrence une rafle médiatisée où le pouvoir se présente comme un sauveur.
Dans de nombreux quartiers populaires encore, la police pratique une forme de «guerre larvée» [Entretien réalisé par l’auteur avec l’amiral Bernard Norlain, directeur de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale en 2007.] qui se manifeste par une surveillance et une répression permanente, des pressions, intimidations et provocations quotidiennes et des assassinats (dix en moyenne chaque année). Cette année, de Villiers-le-Bel à Tremblay en France, des stratégies d’occupation du territoire et de quadrillage militaro-policier ont fait face à des révoltes populaires. Là aussi, les médias dominants jouent un rôle fondamental pour présenter les principales victimes de la domination capitaliste comme les responsables du racisme, de la violence policière et de la misère.
Ce système de contention est couplé à une industrie de l’incarcération. L’arsenal juridique de la sécurité intérieure brise les vies de familles entières et remplit les prisons de pauvres issus de la colonisation. Les quartiers populaires comme les territoires colonisés servent en quelque sorte de réserves de chasse, de vitrines et de laboratoires. Dans la ZUP de Bayonne comme à l’encontre des jeunes de SEGI, le pouvoir se dévoile sur le mode de la guerre dans le peuple.
Le renouveau de la répression au Pays Basque rappelle la campagne d’extermination menée au début des années 1980 par les GAL (groupes para-policiers espagnols) et la complicité de l’État français parce qu’il en dérive. Ce sont les techniques de contre-insurrection employées contre ETA qui alimentent désormais le modèle d’encadrement politique du peuple basque.
Là comme ailleurs, lorsque le système sécuritaire fait face à des oppositions, des pratiques d’entraide et d’autonomie, il redéploie le répertoire de la contre-insurrection. Les différentes formes de la férocité policière dérivent bien d’un même système de domination. Celui-ci tient en divisant les forces qui lui résistent.
La violence policière dans les quartiers assure l’encadrement et la séparation des surexploités et des sur-opprimés issus de la colonisation, celle que la police applique contre «l’ultra-gauche» et les «terroristes nationalistes» permet de tenir en joug les classes populaires et petites-bourgeoises «blanches». Mais comprenons bien qu’un même système d’exploitation et d’oppression produit et entretient ce régime de violence, car aujourd’hui comme hier, la solidarité entre les oppriméEs détermine leurs libérations respectives.
Il s’agit d’un système de techniques cherchant (en vain, l’histoire l’a montré à plusieurs reprises) à contrôler totalement la population en la soumettant par la peur, en lui désignant massivement des ennemis intérieurs à isoler et purger, en employant la manipulation, la provocation, le fichage et la surveillance, le quadrillage et l’internement, la criminalisation et la coercition. Il s’ exprime généralement par une militarisation du contrôle et la prolifération industrielle contre la population colonisée d’ agressions, de tortures, d’ assassinats et de disparitions.
Ce système est aussi appelé contre-insurrection, la police française se l’ est approprié dès les années 1950, en tentant de l’ appliquer au contrôle des communistes et des colonisés. À partir de 1968, l’ État français comme nombre des États ayant adopté ces techniques dans leurs armées a commencé à transformer ce répertoire pour tenter de l’ employer pour le contrôle social de la population en général et des classes populaires en particulier. C’ est l’ un des actes de naissance du système sécuritaire.
Depuis, ces pratiques se développent et se transforment là où l’ État perçoit qu’ il ne dispose plus du monopole de la violence légitime. Dans les quartiers populaires, contre les mouvements révolutionnaires et les résistances sociales, contre les peuples en lutte pour leur autodétermination, ces méthodes s’ appliquent de manières différentes mais un schéma persiste : immuniser la population contre la subversion, faire participer la population à son propre contrôle, écraser toute forme d’ insoumission.
On retrouve nombre de ces éléments dans les dernières opérations politico-policières contre des militants basques depuis un an : la disparition de Jon Anza, les rafles du 27 et 29 juin 2009 puis celles de la fin mars 2010 contre des militants de SEGI et de la gauche abertzale, des tortures et des menaces de torture à l’ encontre de personnes interpellées au cours de ces rafles, des interrogatoires violents (avec menaces, mensonges et pressions), des incarcérations sous mandat anti-terroriste pour empêcher toute défense, des mises sous contrôle judiciaire pour briser la vie sociale, un matraquage médiatique de figures du «terroriste nationaliste».
Dans le cas des «Irlandais de Vincennes» en 1983, des «islamistes de Folembray» en 1994, des «anarcho-autonomes de Tarnac» en 2008 ou des «terroristes basques» cette année, on assiste à un même type de montage médiatico-policier : la construction médiatique et politique d’une «menace terroriste cachée dans la population» puis un «coup», en l’occurrence une rafle médiatisée où le pouvoir se présente comme un sauveur.
Dans de nombreux quartiers populaires encore, la police pratique une forme de «guerre larvée» [Entretien réalisé par l’auteur avec l’amiral Bernard Norlain, directeur de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale en 2007.] qui se manifeste par une surveillance et une répression permanente, des pressions, intimidations et provocations quotidiennes et des assassinats (dix en moyenne chaque année). Cette année, de Villiers-le-Bel à Tremblay en France, des stratégies d’occupation du territoire et de quadrillage militaro-policier ont fait face à des révoltes populaires. Là aussi, les médias dominants jouent un rôle fondamental pour présenter les principales victimes de la domination capitaliste comme les responsables du racisme, de la violence policière et de la misère.
Ce système de contention est couplé à une industrie de l’incarcération. L’arsenal juridique de la sécurité intérieure brise les vies de familles entières et remplit les prisons de pauvres issus de la colonisation. Les quartiers populaires comme les territoires colonisés servent en quelque sorte de réserves de chasse, de vitrines et de laboratoires. Dans la ZUP de Bayonne comme à l’encontre des jeunes de SEGI, le pouvoir se dévoile sur le mode de la guerre dans le peuple.
Le renouveau de la répression au Pays Basque rappelle la campagne d’extermination menée au début des années 1980 par les GAL (groupes para-policiers espagnols) et la complicité de l’État français parce qu’il en dérive. Ce sont les techniques de contre-insurrection employées contre ETA qui alimentent désormais le modèle d’encadrement politique du peuple basque.
Là comme ailleurs, lorsque le système sécuritaire fait face à des oppositions, des pratiques d’entraide et d’autonomie, il redéploie le répertoire de la contre-insurrection. Les différentes formes de la férocité policière dérivent bien d’un même système de domination. Celui-ci tient en divisant les forces qui lui résistent.
La violence policière dans les quartiers assure l’encadrement et la séparation des surexploités et des sur-opprimés issus de la colonisation, celle que la police applique contre «l’ultra-gauche» et les «terroristes nationalistes» permet de tenir en joug les classes populaires et petites-bourgeoises «blanches». Mais comprenons bien qu’un même système d’exploitation et d’oppression produit et entretient ce régime de violence, car aujourd’hui comme hier, la solidarité entre les oppriméEs détermine leurs libérations respectives.
Mathieu Rigouste est Docteur en socio-histoire, chercheur à l’université Paris 8 Saint-Denis, il est également l’auteur de L’ennemi intérieur. La généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France contemporaine, La Découverte, 2009.
Bonjour,
RépondreSupprimerVoilà ce que j'avais trouvé sur Internet(je ne me rappel plus sur quel site)
-- un journaliste allemand, Udi Ulfkotte, confirme la présence des agents provocateurs dans les banlieues françaises
-- L’information du Wayne Madsen Report établissant une connexion entre Nicolas Sarkozy et un réseau de barbouzes opérant dans les banlieues
Il est inutile de rappeler que de tous les temps les dirigeants incompétents veules et despotes ont toujours trouvé assez de volontaires sans scrupules, sans foi ni loi pour former des escadrons de provocateurs, des escadrons la mort en plus de préfets pour accomplir les basses œuvres.
Que dire d'un pays (la France) qui se dit dans sa constitution : Article 1er La France est une République démocratique et sociale, qui a dans son arsenal judiciaire un article de loi qui fait de la notoriété publique… plus connue sous ragots, bigoteries, rumeurs, une preuve irréfutable. Pour tromper le peuple sur son but réel les pouvoirs publics l'ont dissimulé dans le code de la santé publique, sous l'article L3213-2 hospitalisation d’office pour troubles à l’ordre public
Pour vous convaincre des exactions criminelles qui se cachent sous le couvert de trouble à l'ordre publique, quelques exemples concrets :
-- dans les années 50 le navigateur Marcel BARDIAUX qui a du fuir la France
livres de Marcel BARDIAUX: Entre deux tours du monde, pages 248-249 et Aux 4 vents de mes amours, page 250
-- Le livre d’Éric BRUNET la Bêtise Administrative, pages 177 à181.
comment un vieux paysan a été dépouillé de ses biens, par un maire pourri appliquant l'article L-3213
-- Roland Veuillet - Arrêté préfectoral internements abusifs--(hospitalisation d'office)
http://groupeinfoasiles.org.
-- Michel Prévidi , histoire d’un internement forcé-- (hospitalisation d'office)
www.psycho- mania.com, http://www.multimania.com/filterman
-- ROUSSELLE… www.assvictimescreditmutuel.net et mis en hospitalisation d'office
La lecture de l'étude ci-dessous, surtout le paragraphe concernant l'administration préfectorale (police politique) est édifiante.
LE DUALISME JURIDICTIONNEL EN MATIÈRE D'HOSPITALISATION D'OFFICE ...
Format de fichier: PDF/Adobe Acrobat - Version HTML
Vincent TOUCHARD. Sous la direction de. Monsieur Le Professeur Bernard PACTEAU ...... Le dualisme juridictionnel en matière d'hospitalisation d'office n'est ...
www.groupeinfoasiles.org/.../061000EtudeTouchardcomplete.pdf -
Réquisitoire envers les abus de l’administration Préfectorale
http://www.google.fr/search?hl=fr&q=LE+DUALISME+JURIDICTIONNEL+EN+MATI%C3%88RE+D%27HOSPITALISATION+D%27OFFICE+...&sourceid=navclient-ff&rlz=1B3GGGL_frFR238FR239&ie=UTF-8
Lundi le 17 mai 2010
Jean-Luc LUMEN
Victime de l'état policier