Dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2009, à Cognin, près de Chambéry, une explosion survient dans une usine désaffectée, coûtant la vie à une personne et en blessant une autre grièvement. La police, considérant ces deux personnes comme proches de la "mouvance anarcho-autonome", engage une procédure anti-terroriste.
Bernard Squarcini (directeur de la DCRI) y fait allusion dans l'entretien offert au quotidien du sénateur UMP et marchand de rafales Serge Dassault.
Le Dauphiné Libéré (!) dans son édition du 2 juillet 2010 annonce que le juge d'instruction du pôle antiterroriste de Paris vient, avec un avis favorable du parquet, de renvoyer l'affaire à Chambéry, en se déclarant ..."incompétent".
Le rédacteur du Dauphiné Libéré n'ayant évidemment pas pris la peine de respecter l'anonymat des personnes, l'article qui suit n'a conservé que les initiales des prénoms...
[Sur cette affaire dite "de Chambéry" : recension des articles là, blog du collectif de soutien aux inculpés là ...]
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L'explosion mortelle de Cognin n'était pas une affaire de terrorisme
Chambéry
L'explosion mortelle de Cognin n'est pas le résultat d'une erreur de manipulation d'apprentis terroristes.
Ce sont des experts qui le disent. Quatorze mois après avoir été saisi de l'enquête, le juge d'instruction du pôle antiterroriste de Paris vient, avec un avis favorable du parquet, de renvoyer l'affaire à Chambéry, en se déclarant "incompétent" par ordonnance, il y a quelques jours.
Il appartient maintenant au procureur général, ici, de désigner un nouveau juge d'instruction. Pour rechercher dans le registre du droit commun, entre la manipulation de produits explosifs et les causes de l'accident, si des infractions peuvent être reprochées aux jeunes mis en cause.
Dès le lendemain de l'explosion, la piste terroriste est ouverte
La piste terroriste est ouverte dès le lendemain de l'explosion dans l'usine désaffectée de Cognin. La jeune femme décédée, Z., 23 ans, et son copain, gravement blessé, M., 25 ans à l'époque, gravitent alors dans le monde parallèle des squatters, des "alternatifs", beaucoup fréquenté par des militants de l'ultra-gauche et des anarchistes.
L'enquête sur le drame prend rapidement une tournure très spectaculaire. C'est avec un déploiement considérable de gendarmes mobiles et de policiers locaux, dont les Chambériens se souviennent encore, que les hommes de la sous-direction nationale antiterroriste de la police judiciaire investissent le squat de l'ancienne usine Pilotaz puis les différents "points de chute" similaires du couple. Dans les jours et les semaines qui suivent, R., J., M. sont mis en examen pour participation à une entreprise terroriste, destruction de preuves. Ils sont détenus puis progressivement libérés avec un contrôle judiciaire qui s'est allégé avec le temps. M. a récupéré de ses blessures. Une perte partielle de sa vue est la principale séquelle à laquelle il est encore confronté. Tous les trois ont repris leurs études ou ils travaillent.
Le dernier à avoir été arrêté est T. qui vivait ici sous une autre identité, longtemps recherché, retrouvé en Europe centrale et extradé de Hongrie où il s'était réfugié il y a quelques mois. Lui aussi est sous contrôle judiciaire.
« C'est une montagne qui accouche d'une souris » résume Me Laurent Pascal, avocat de trois des jeunes gens. « On savait depuis le départ que cette enquête ne mènerait à rien, pas besoin de sortir de Saint-Cyr ! L'entreprise terroriste n'existe pas ». L'avocat de Michael Dupanloup, Me Bernard Ripert, poursuit. « C'est un regrettable accident que l'on a voulu monter en épingle, à Chambéry. C'est dans la ligne de ce qui se passe en France où l'on voit des terroristes partout. J'espère que le juge d'instruction à Chambéry saura tenir compte des conclusions de la justice à Paris pour prononcer un non-lieu ».
Car, comme il ne s'agissait pas d'une affaire de terrorisme, la justice va devoir définir ce que c'était sur le plan juridique. Au-delà d'un drame, terrible, de l'inconscience.
Chambéry
L'explosion mortelle de Cognin n'est pas le résultat d'une erreur de manipulation d'apprentis terroristes.
Ce sont des experts qui le disent. Quatorze mois après avoir été saisi de l'enquête, le juge d'instruction du pôle antiterroriste de Paris vient, avec un avis favorable du parquet, de renvoyer l'affaire à Chambéry, en se déclarant "incompétent" par ordonnance, il y a quelques jours.
Il appartient maintenant au procureur général, ici, de désigner un nouveau juge d'instruction. Pour rechercher dans le registre du droit commun, entre la manipulation de produits explosifs et les causes de l'accident, si des infractions peuvent être reprochées aux jeunes mis en cause.
Dès le lendemain de l'explosion, la piste terroriste est ouverte
La piste terroriste est ouverte dès le lendemain de l'explosion dans l'usine désaffectée de Cognin. La jeune femme décédée, Z., 23 ans, et son copain, gravement blessé, M., 25 ans à l'époque, gravitent alors dans le monde parallèle des squatters, des "alternatifs", beaucoup fréquenté par des militants de l'ultra-gauche et des anarchistes.
L'enquête sur le drame prend rapidement une tournure très spectaculaire. C'est avec un déploiement considérable de gendarmes mobiles et de policiers locaux, dont les Chambériens se souviennent encore, que les hommes de la sous-direction nationale antiterroriste de la police judiciaire investissent le squat de l'ancienne usine Pilotaz puis les différents "points de chute" similaires du couple. Dans les jours et les semaines qui suivent, R., J., M. sont mis en examen pour participation à une entreprise terroriste, destruction de preuves. Ils sont détenus puis progressivement libérés avec un contrôle judiciaire qui s'est allégé avec le temps. M. a récupéré de ses blessures. Une perte partielle de sa vue est la principale séquelle à laquelle il est encore confronté. Tous les trois ont repris leurs études ou ils travaillent.
Le dernier à avoir été arrêté est T. qui vivait ici sous une autre identité, longtemps recherché, retrouvé en Europe centrale et extradé de Hongrie où il s'était réfugié il y a quelques mois. Lui aussi est sous contrôle judiciaire.
« C'est une montagne qui accouche d'une souris » résume Me Laurent Pascal, avocat de trois des jeunes gens. « On savait depuis le départ que cette enquête ne mènerait à rien, pas besoin de sortir de Saint-Cyr ! L'entreprise terroriste n'existe pas ». L'avocat de Michael Dupanloup, Me Bernard Ripert, poursuit. « C'est un regrettable accident que l'on a voulu monter en épingle, à Chambéry. C'est dans la ligne de ce qui se passe en France où l'on voit des terroristes partout. J'espère que le juge d'instruction à Chambéry saura tenir compte des conclusions de la justice à Paris pour prononcer un non-lieu ».
Car, comme il ne s'agissait pas d'une affaire de terrorisme, la justice va devoir définir ce que c'était sur le plan juridique. Au-delà d'un drame, terrible, de l'inconscience.
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REPÈRES
Les faits
Dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2009, une explosion ébranle une usine désaffectée située entre l'Hyères et la RD 1006 à Cognin. Z., une jeune Ardéchoise de 23 ans, est tuée par les débris de la bombe artisanale qu'elle confectionnait avec son compagnon, M., 25 ans. Plus en retrait, le garçon, originaire de Genève, est sérieusement brûlé et sa vue est gravement atteinte. Ils manipulaient du chlorate de soude et du sucre et un petit extincteur pour servir de récipient aux produits. D'autres jeunes gens qui les ont fréquentés sont ensuite inquiétés. Trois sont plus particulièrement visés. Ils subiront des gardes à vue double durée, des interrogatoires à Paris, réservés aux personnes soupçonnées d'activités terroristes. Deux seront incarcérés ainsi que M. .Puis, tous libérés.
Le Dauphiné Libéré le 02 juillet 2010 à 05h22
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