... et la presse locale s'agite.
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Le Mensuel de Rennes du 4 décembre 2010.
[par K.T. avec C.S. et X.T.]
Le 23 novembre, une explosion a retenti à Chartres. Des gendarmes ont laissé filer quatre personnes. Leur véhicule était pourtant surveillé par les services de renseignement, dans le cadre de la lutte anti-terroriste.
Mardi 23 novembre, vers 1 h du matin, à Chartres-de-Bretagne. Un témoin appelle le 17. Il vient d’entendre une déflagration et constate un début d’incendie. Les faits se déroulent non loin d’une grande ferme abandonnée, à 300 mètres environ des premières habitations, sur un terrain coincé entre la route de Nantes, un bassin de décantation, la nouvelle piscine et un transformateur ERDF. On y accède par un petit chemin à sens unique.
Surveillé par le Renseignement intérieur
Quelques minutes après l’appel, une patrouille de gendarmerie se présente sur place. Elle tombe nez à nez avec un véhicule utilitaire. A l’intérieur, quatre personnes : deux hommes et deux femmes, tous âgés d'une trentaine d'années. L’un des hommes présente des traces de brûlure. Notamment aux cheveux. Selon le récit fait au Mensuel, le contrôle "ne se déroule pas très bien". Les gendarmes n'arrivent à récolter que des identités orales. L'un des hommes dit qu'il vient de Paris, un autre du Canada. Sur ces déclarations, les gendarmes laissent repartir le quator, après avoir relevé l’immatriculation de l’utilitaire.
Surprise, quelques heures plus tard. Selon nos informations, il apparaît que le propriétaire du fourgon fait l'objet d'une surveillance de la Direction centrale du renseignement-intérieur (DCRI), le contre-terrorisme français. L’individu est soupçonné d'appartenir à la mouvance, dite « autonome violente », dénommée aussi « ultra-gauche » dans les milieux judiciaires. Il serait susceptible "d'être dangereux".
Tentative d'attentat ? Entraînement ? Accident ?
A l’heure où nous écrivons ces lignes, ces informations n’ont pas été confirmées de source officielle. L’histoire semble cependant faire les choux gras du monde judiciaire depuis la semaine dernière. Elle a également été racontée dans un article du Télégramme publié ce samedi.
Que s’est-il passé ? Une tentative d’attentat ? Un entraînement au maniement d’explosif qui aurait dérapé ? Un simple accident ? Difficile d’y voir clair pour l’instant. Lundi dernier en tout cas, selon les constations faites par Le Mensuel, il ne restait aucune trace d’explosion sur le site, éloigné de toute cible potentielle. Juste quelques preuves d'un squat (bière, feu, allumettes, tags). Et encore, impossible de savoir si elles sont récentes.
Voiture piégée devant les Douanes en 2007
« L’ultra-gauche » a été pointée du doigt par le ministère de l’Intérieur lors de l’affaire de Tarnac en 2008 (sabotage de voies ferrées). Depuis, l’affaire très médiatisée a tourné au fiasco judiciaire. Il n’empêche. Les services de sécurité français semblent garder un œil sur ce milieu diffus. En particulier à Rennes, où la direction régionale des Douanes a fait l’objet d’une tentative d’attentat, attribuée à cette mouvance, le 8 novembre 2007.
Deux hommes de 20 et 23 ans et une femme de 21 ans, fréquentant les milieux d'extrême gauche, à Rennes, et jouant les agitateurs à la fac de Toulouse-Mirail durant les grèves contre le LRU, ont, depuis, été interpellés à Toulouse et mis en examen pour « fabrication et détention d'engins explosifs » par un juge rennais.
Chartres-de-Bretagne (35). Mystérieuse explosion
[par Hervé Chambonnière]Appelée pour une explosion proche d'un chantier à Chartres-de- Bretagne (35), une patrouille de gendarmerie alaissé filer quatre mystérieux individus dans une camionnette... fichée par les services de renseignement.
Il est près d'une heure du matin, dans la nuit du mardi 23 au mercredi 24 novembre derniers, quand l'explosion retentit. La scène se déroule près d'un chantier de construction de bureaux, proche de la quatre voies reliant Rennes à Nantes, sur la commune de Chartres-de-Bretagne. Alerté par un témoin, le Centre opérationnel de la gendarmerie dépêche une patrouille sur place. Celle-ci, dans un chemin de terre menant à une ferme abandonnée jouxtant le chantier, tombe nez à nez avec quatre individus, deux jeunes hommes et deux jeunes femmes, qui montent à bord d'un fourgon Mercedes. Deux d'entre eux portent des traces de brûlures. L'un semble même assez sérieusement touché à la tête. Mais le groupe refuse de se rendre à l'hôpital.
Fausses identités
Les militaires veulent alors contrôler l'identité des quatre personnes. Aucune ne dispose de papiers. Le ton monte. Le groupe finit par décliner ses identités. Contre touteattente, peut-être pressés par d'autres urgences, les gendarmes s'en contentent et laissent le groupe partir. Sans procéder à d'immédiates vérifications. Résultat : les identités sont fausses. Et la plaque d'immatriculation du véhicule révèle que la camionnette est fichée par la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur, ex-DST-RG) comme étant utilisée par des membres de la «mouvance anarcho-autonome». Cette fameuse «ultra-gauche» pointée du doigt par le ministère de l'Intérieur, il y a deux ans, à l'occasion de la retentissante affaire de Tarnac (sabotage de voies ferrées)... qui tourne depuis au fiasco judiciaire.
Sabotage?
Qu'est venu faire ce groupe de quatre personnes à Chartres-de-Bretagne?L'explosion,qui n'aurait provoqué aucun dégât matériel, semble avoir été provoquée par le sectionnement d'un gros câble électrique. Acte de sabotage? Répétition en vue d'une action ultérieure? Tentative de neutralisation d'un système d'alarme ou de l'éclairage public ? Quelle était la cible? Seule une poignée de bâtiments figure dans le proche périmètre de l'accident:une piscine-centre fitness et deux chantiers de construction de bureaux. L'une des sociétés implantées sur le site a-t-elle plus particulièrement retenu l'attention du groupe ? La plupart ont leur activité dans les secteurs des télécommunications, de l'électricité et de l'informatique. «A priori, rien de sensible ou rien qui puisse susciter l'intérêt de cambrioleurs», s'étonne un élu de Chartres-de-Bretagne, qui ignorait l'existence de cet incident.
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