lundi 30 novembre 2009

Tarnac: La nouvelle contre-attaque des avocats












Paru sur le jdd
Le 28 novembre 2009

Exclusif. Les défenseurs de Julien Coupat et d'Yldune Lévy vont demander de nouvelles auditions.

Week-end studieux pour les avocats du "groupe de Tarnac". Lundi, Jérémie Assous, William Bourdon et Thierry Lévy doivent déposer auprès du juge d’instruction Thierry Fragnoli une nouvelle note détaillée : ils demanderont au magistrat d’interroger plusieurs témoins, et d’exploiter les relevés d’appels de téléphones portables passés pendant la nuit du 7 au 8 novembre 2008, dans les environs de Dhuisy (Seine-et-Marne), où une ligne du TGV-Est avait été sabotée par la pose d’un fer à béton sur une caténaire. "Nous invitons le juge à enfin instruire à décharge, conformément à ses obligations légales", explique Me Assous au JDD. Les avocats du "groupe de Tarnac" ont en effet acquis la conviction que les policiers n’étaient pas sur place quand la ligne TGV a été endommagée, contrairement à ce que ces derniers ont indiqué, et que, par conséquent, tout le dossier d’association de malfaiteurs à visée terroriste est bâti sur une reconstruction des faits.

Les auditions demandées par la défense de Julien Coupat et Yldune Lévy concernent une demi-douzaine de policiers et de cheminots. Les avocats s’étonnent des zones d’ombre et des contradictions des premières heures de l’enquête. Ainsi, le 8 novembre 2008 au matin, la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) prévient qu’une équipe de la PJ en mission de surveillance à Dhuisy a signalé, cette nuit-là, qu’un "piéton se trouvait sur la ligne à grande vitesse, à l’intérieur des emprises SNCF protégées par du grillage", et serait resté sur place quinze minutes, selon la déposition d’un brigadier du poste de commandement du service national de la police ferroviaire (TNPF), recueillie à chaud par les gendarmes.


Présence d'une personne sur le pont

Or ce témoignage contredit le procès-verbal de filature des policiers qui suivaient Julien Coupat la nuit où le sabotage a eu lieu : les policiers expliquent n’avoir vu que la voiture du jeune homme tous feux éteints, près des voies, mais personne en sortir. Alors que les lieux sont parfaitement dégagés et que la voie est en hauteur. Curieusement, un cheminot du poste de commandement de surveillance générale (Suge) de la SNCF a, pour sa part, déclaré aux gendarmes avoir été avisé par le TNPF de la présence, cette nuit-là, d’une "personne sur le pont qui enjambe la voie ferrée". Difficile, en outre, de vérifier la chronologie des appels de cette nuit-là: la Suge enregistre toutes les communications téléphoniques, mais bizarrement trois sont manquantes.

Les avocats demandent enfin au juge d’exploiter les relevés des appels de portables passés sur les lieux. Si Julien Coupat et Yldune Lévy n’utilisent pas de téléphone portable, les policiers, eux, sont censés avoir beaucoup communiqué cette fameuse nuit. En fait, les avocats sont persuadés qu’ils ont quitté les lieux peu avant minuit et que ce n’est que le lendemain, quand les dégradations ont été découvertes, qu’ils ont inventé une chronologie des faits. Les relevés d’appels pourraient prouver la présence des policiers sur place, car une antenne-relais est implantée précisément à l’endroit où la ligne TGV a été endommagée. Un seul opérateur, SFR, a répondu aux réquisitions des gendarmes, mais le CD recensant les appels n’a pas encore été exploité. Quant à Orange et Bouygues, ils n’auraient pas répondu...


Michel Deléan - Le Journal du Dimanche






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