vendredi 27 novembre 2009

Affaire SNCF: 1 an d'enquête, 0 preuves




Posté par Ceri sur DONDE VAMOS ?
le 26/11/09





Retour sur l'affaire de Tarnac, cette sombre histoire dans laquelle on voit MAM et les RG s'acharner contre quelques jeunes gauchistes qu'ils accusent d'avoir "saboté" une ligne de chemin de fer en novembre 2008.

Aujourd’hui, les « preuves » accablantes qu’on est censés avoir contre eux depuis le début s’écroulent les unes après les autres sans que MAM ne change d’orientation : on n'a pas traîné pour les mettre en prison, mais on a beaucoup de mal à admettre les soupçons d’innocence qui pèsent sur les gens arrêtés dans le cadre de cette affaire SNCF Tarnac.


Il y a quelques jours, les avocats de Coupat, le principal accusé (d' "association de malfaiteurs à visée terroriste"), ont souligné publiquement quelques incohérences dans l'accusation. Par exemple, pour réaliser le trajet qu'on les accuse d'avoir fait jusqu'à la voie ferrée, ils auraient du rouler à 160km dans une vieille voiture. Ou, le flic qui est censé les avoir filés pendant plusieurs jours ne les a pas vus partir. ou encore, les marques de pneus ne correspondent pas avec les empreintes de la voiture de Coupat.

A l'époque, les Rg avaient qualifié dans un rapport de 41 pages sorti en juin, la librairie de Coupat à Tarnac de lieu "d’archives, d’études et de conspiration", on avait pointé le "milieu radical" etc.

Bref, aujourd'hui, trois des avocats de la défense, qui réclament un "non lieu rapide", ont déclaré lors d'une conférence de presse tenue juste après l'arrestation d'un autre gauchiste de Tarnac, que les flics avaient manqué de "loyauté", et les accusent d'avoir "falsifié" au moins un procès verbal."Nous avons la nette impression que policiers et magistrats ont reçu l’injonction de rechercher des faits susceptibles de revêtir la qualification d’entreprise terroriste", explique l'un des avocats.



Ah bon, des PV bidons?

Le PV incriminé (D 104, rédigé par la SDAT, la sous-direction anti-antiterroriste), en principe rédigé par un flic, raconte par le menu le sabotage soi-disant réalisé par Coupat et Lévy, entre 4 et 6 heures du matin le 7 novembre 2008.



 Une des incohérences est que le couple de "terroristes" aurait réussi à franchir les grilles de la voie ferrée avec deux pinces en béton et au moins une échelle, serait parvenu à poser les pinces en béton sur les lignes à haute tension (15.000V) situées à au moins 5 mètres du sol, le tout sans s'électrocuter et en moins de 20 minutes. Encore mieux qu'Intervilles.
Du coup, les avocats pensent que les flics n'étaient pas sur les lieux et qu'ils ont simplement imaginé le déroulement des faits.


Le mieux, c'est que jamais le juge Fragoli (chargé de l'enquête) ne s'est rendu sur les lieux pour vérifier si ces avérations sont ne serait-ce que réalistes, alors que Coupat a fait six mois de prison et qu'ils sont encore quelques un à être soumis à un contrôle judiciaire extrêmement contraignant (par exemple ils ont l'interdiction de rentrer chez eux).

Et puis, il y a cet agriculteur qui a d'abord déposé sous X puis sous son vrai nom, et qui considère avoir été manipulé ainsi que ses propos, et qu'en outre sa déposition est antidatée (le 14 alors que l'audition était le 13). Du coup, les avocats demandent une nouvelle audition. En fait, les flics lui auraient « demandé » sous la pression de signer un PV en blanc, et ont ajouté différents éléments à sa déposition, comme le contenu de mails interceptés.


Comme l'ombre d'un doute...



Du PS à la LCR, toute la gauche monte au créneau. Certains plus récemment que d'autres, mais hier des parlementaires PS, PC, Verts et Parti de gauche ont dit qu'il s'agit d'un "scandale d'Etat", d'un "montage" même.

 

De fait, après un an de ce que certains qualifient d' "enquête", force est de constater qu'aucune preuve 'na été apporté à l'accusation.
nous sommes aussi obligés de constater que l'enquête se fait exclusivement à charge, puisqu'il aurait été très facile pour le juge de démonter une bonne partie des éléments de l'accusation.

L'avocat de coupat, Jérémie Assous, considère que certains desdits éléments, tant ils sont incohérents,  ont été complètement fabriqués par les flics, et explique qu'il y a de " fortes présomptions de falsification, voire de fabrication de preuves".
Un autre avocat, Thierry Lévy, déclare carrément que "Le gouvernement a pris la responsabilité d'ordonner des enquêtes en incitant les policiers et les juges à se montrer peu scrupuleux afin de donner consistance à quelque chose qui n'existe pas".

Et comme par hasard, juste avant cette conférence de presse, on arrête un autre de Tarnac et on prolonge sa garde à vue dans les locaux de la DCRI. Accusé de terrorisme, il peut faire jusqu'à 96 heures, dont 72 sans avocat.

Le 5 novembre, à 6h 30, des flics parisiens ont perquistionné un appartement à Rouen: ils étaient à la recherche d'organisateurs d'une manif de soutien aux inculpés de Tarnac, le 21 juin à Paris, où les flics ont fiché -et arrêté- autant qu'ils pouvaient et au cours de laquelle des vitres d'une prison ont été cassées, notamment par des types masqués. Ils venaient à Rouen parce que la boîte mail du comité de soutien local avait été créée dans cet appart', d'après les informations fournies aux flics par Gmail. Accessoirement, des personnes sont recherchées pour "dégradations" et "violences à agent" mais attention: "en bande organisée" ce qui alourdit toujours les peines.

Mais les arrestations ont été nombreuses depuis un an (y compris en Allemagne), 


et avec l'accusation de "terrorisme" ou de "soutien à un groupe terroriste", à chaque fois c'est 72 heures sans avocat, soit trois jours, en garde à vue dans une autre ville que celle où ils a été arrêtés. Le temps de faire avouer n'importe quoi.
Histoire de faire comme s'il y avait vraiment des soupçons sérieux, malgré tout. Pourtant, s’il y avait ne serait-ce qu’une once de début de preuve utilisable, ça fait un moment qu’ils seraient déjà tous retournés en prison.




 Dans un cas "normal", l'instruction aurait déjà pris fin. Mais là, non. Après que MAM ait étalé ses "preuves" accablantes dans les médias pour justifier les emprisonnements des types de Tarnac, il est hors de question de perdre la face. Même si, depuis, le départ, cette affaire "sent le souffre", il faut continuer le tapage médiatique anti "ultra gauche", anti "anarcho autonomes", histoire de justifier le flicage et la répression de tous ces gauchistes bientôt assimilés à des "terroristes".

A ce propos on se souvient que MAM avait osé le parallèle entre les inculpés de Tarnac et "les Brigades rouges en Italie et de la bande à Baader en Allemagne"[1]. Eh oui, la preuve: " Ils ont adopté la méthode de la clandestinité. Ils n'utilisent jamais de téléphones portables et résident dans des endroits où il est très difficile à la police de mener des inquisitions sans se faire repérer", déclarait-elle.






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[1] Elle a déclaré sur Europe 1 le 23 novembre 2008 que « Nous assistons à des phénomènes qui sont exactement ceux qui ont précédé les attentats des Brigades rouges en Italie et de la bande à Baader en Allemagne », suite au rapport des RG intitulé 'Du conflit anti-CPE à la constitution d’un réseau préterroriste international : regards sur l’ultragauche française et européenne', dans lequel les flics précisaient –toutes proportions gardées, bien entendu !- que « Les faits et comportements observés sur notre territoire sont similaires à ceux recensés à la fin des années 70 qui avaient été précurseurs de la constitution du groupe Action directe ». Rien que ça... Et il y avait aussi une sorte de liste rouge de gauchistes...





 








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