jeudi 19 novembre 2009

Tarnac et affaires louches







Article envoyé par Asokka, merci ;)

Paru sur RUMINANCES et posté par lediazec le 17 novembre 2009


Coupat est une affaire comme l'État en produit de manière ponctuelle. Une affaire comme il les aime et avec laquelle il alimente l'âtre des combustions de son histoire. Utilisant la peur comme carburant, son moteur fonctionne à plein régime.


D'une république à l'autre ; d'un service de police au suivant ; d'un magistrat assis à un fonctionnaire soumis ; d'une affaire à sa prochaine, un objectif : faire mousser mettant à mal le respect de la démocratie et de la justice. Aidant le gouvernement en place afin de faire oublier au pays l'étendue de sa médiocrité. Accessoirement, le plaisir sadique que tout pouvoir éprouve à l'idée de sa puissance devant celui qui n'a rien d'autre à espérer que l'intervention divine (très improbable) ou celle d'une opinion révoltée par le scandale et l'iniquité. Ce fut le cas dans cette malheureuse affaire Tarnac dont plus personne aujourd'hui n'ignore les détails.



La manipulation est un plat mitonné. Une recette ancestrale. Chez les initiés on nomme cela la « cuisine familiale ». Plusieurs éléments sont nécessaires pour sa réussite, les ingrédients étant toujours les mêmes : une bonne dose de crise économique, extra et intramuros, un gouvernement discrédité cherchant un peu de lustre, un ministre de l'intérieur à la botte et sans scrupules (homme ou femme, c'est indifférent), une opinion traumatisée par la menace terroriste et un président velléitaire. Ajoutez à cela la bonne dose de mensonge et vous avez un bon plat de résistance. Mélangez le tout, faites cuire à petit feu, remuant de temps en temps, et vous obtenez l'affaire Coupat. Temps de cuisson : au pif. L'odeur vous indiquera la marche à suivre. Pour que la chose atteigne son degré de saveur optimum n'oubliez pas d'ajouter une pincée de « association de malfaiteurs » et « dégradation de bien public ». Les citoyens sont très sourcilleux sur ce point, le « bien public ». Cela les ramène à tous ces sommes d'argent versées sous forme d'impôts pour ce bien public.


Pour le reste, rien à signaler, sinon le refrain habituel : « anarcho-autonome » ; « terrorisme » ; « procédure d'urgence »… Comme souvent dans ces affaires à caractère « sécuritaire », même devant le vide sidéral du dossier, l'état s'enfonce dans l'injustice avec la certitude que rien ne peut lui arriver en sa qualité de machine à broyer. Une grande partie de l'opinion, par le biais des médias (pas les moindres) et de quelques hommes politiques de gauche (pas les moindres non plus), lui est acquise. L'état est comme une voiture : tout est affaire de conduite. Gare aux chauffards !



Coupable d'avoir violé les règles démocratiques, mettant à mal la sécurité psychique des prévenus, j'aimerais connaître la peine encourue par le ou les conducteurs de cette affaire, je désigne l'état ?


La lecture de «Tous Coupat, tous coupables» m'a revigoré. L'opinion publique ne se porte pas si mal que ça. Non seulement j'approuve l'auteur, Alain Brossat, mais j'adhère à sa « force de démonstration ». Hormis peut-être le passage (heureusement pas long) de la page 69, sur « la difficulté, pour les philosophes, à prononcer un « nous » politique », que je ne juge pas indispensable, tant la présentation des faits est par ailleurs convaincante.


Pour le reste, rien à retrancher au récit d'une affaire qui ressemble à une fiction et se lit comme un polar, entre deux gares, sauf que cela n'est pas une fiction, mais la vie vraie, avec des gens comme vous et moi. Cela résulte d'une manipulation et d'un abus de pouvoir, rondement menés par des services pressés de présenter au pays des dangereux criminels mettant à mal la sécurité du territoire. Tous des « anarcho-autonomes » (?). Outre le mensonge, je conteste toutes ces appellations barbares du genre anarcho-droitiste, anarcho-gauchiste, anarcho-libertaire et autres habitudes langagières que les gens de pouvoir utilisent à dessein pour ajouter de la confusion au désordre. Je pointe un doigt particulier en direction de la presse (y compris bien pensante) qui n'a pas « été longue(aux premières heures) à suivre sa pente ordinaire, en emboîtant le pas sans barguigner au ministère de l'Intérieur. » Depuis, elle a corrigé le tir, la ficelle étant au moins aussi grosse qu'un boute d'amarrage ! Même l'opinion ne s'y est pas trompée. Comme le proclame Maître Thierry Lévy, l'avocat de Julien Coupat et d'Yldune Lévy : « un dossier plein de vide ». Joyeux bordel que ce dossier ! Tout y est, y compris les « pressions exercées sur les magistrats ». Une boutique des horreurs qui ferait rire aux éclats, tant le ridicule insiste pour occuper le premier plan.



Lire sur cette affaire Tarnac, « un an déjà », l'excellente page de Serge Quadruppani (à qui j'ai consacré ici une note de lecture) dans le n° 61 de « Siné-Hebdo », mercredi 4 novembre, où nous lisons des belles sur Michèle Alliot-Marie et ses bons amis du MIL, parmi lesquels des transfuges de la droite extrême et radicale, entre autres ex-SAC pour ne pas le nommer. Il n'y a pas que Pasqua pour savoir de quoi on parle.


Un dossier vide, beaucoup de mensonges, de bourrage de crâne et pas de circonstances atténuantes pour les auteurs de ce montage politico-médiatique !







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